Festival CCI : les cyclistes inventent une nouvelle civilisation

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Du drône à la radio, le voyage à vélo et le vélo de ville se rapprochent en une nouvelle culture. Echos de la 35ème édition du Festival international du voyage à vélo. MàJ 31 janvier

Des 500 personnes qui assistaient à la dernière séance de dimanche, plus des deux tiers possèdent plusieurs vélos et plus de la moitié va aussi au boulot à vélo, comme l’a révélé le petit exercice animé par Johanne, notre talentueuse animatrice. Sans les retraités le pourcentage frôlait-il les 100% ? Quand on vous dit qu’être cycliste est un mode de vie on ne vous ment pas.
De la 35ème édition du Festival international du voyage à vélo je retiens aussi que le public est de plus en plus jeune. C’est un mouvement de fond qui se dessine. Parfois les jeunes voyageurs s’avèrent plus prétentieux que ne le sont les plus vieux. Ils découvrent la sagesse, vous le disent sans pudeur et se voient déjà grands voyageurs. Ils disposent de drônes, de caméras miniatures et de GPS qui facilitent le récit de leurs exploits mais heureusement ne rendent pas les routes moins cahotiques. Finalement cependant les récits les plus classiques ne sont pas les moins intéressants.

Ainsi le voyage de Trudie Marchal et François Coponet, centenaires à eux deux, en Asie centrale puis en Corée du sud et au Japon, fut à la fois un témoignage très fort de sortie de la période « cancer du sein » mais aussi un reportage sur la piste longue de 650 km qui relie le nord au sud de la Corée du sud, quasiment sans interruption, et est équipée d’abris, toilettes, points d’eau… luxueux. 

La dernière projection fut celle de Sarah, en vélo couché (et qui nous explique comment elle y est venue), pour un voyage qu’elle arrêta au moment où elle comprit qu’elle avait trouvé la décision qu’elle devait prendre. Le voyage n’est pas un but… Il devrait juste être remboursé par la sécurité sociale, nous a dit Trudie dans un sourire rayonnant.

Tout le programme est sur le site.

Des stands

Parmi les exposants on aura revu avec plaisir France vélo Tourisme, qui nous a promis une remise à jour de sa carte des trains qui prennent les vélos en France, le vendeur de cartes et guides Carto-vélo et les magazines 200 et Cycle!. La liste des exposants auteurs, éditeurs et associations est sur le site.

Au rayon des vélos sur mesure, les constructeurs Pierre-Perrin (en Ile-de-France), Manivelle (en Alsace) et Itinérances (en Lorraine) ont été rejoints par les cycles Cadence, à Troyes.

Vélofasto, spécialiste des vélos couchés, a présenté de fort beaux vélos qui pourront être adaptés selon vos besoins et entretenus tout au long de leur vie. La chaîne Cyclable se met aussi au vélo de voyage, et en a présenté un joli choix, mais n’offre évidemment pas le même service. C’est bien d’un renouveau que nous parlons, après des décennies de désert où Rando-cycles seul maintenait le flambeau. (Notons par ailleurs que Decathlon devait  montrer à Toulouse, à la fin du mois, des vélos de voyage1Roman Ville @rvilleglas vient de me signaler un premier essai des prototypes des vélos de voyage D4., lui aussi, mais qu’il a annulé 3 jours avant pour cause d’organisation… MàJ 31 janvier

J’animais une présentation de cette loi par Agnès Laszczyk, vice-présidente de la Fub, fédération nationale des usagers de la bicyclette, et Alexis Fremeaux, président de MDB, Mieux se déplacer à bicyclette, et co-fondateur du collectif Vélo en Ile-de-France.
La question était de s’y retrouver un peu dans ses 189 articles, entre le facultatif (forfait mobilité, les modalités devaient être définies dès février), le non-financé (l’apprentissage du vélo à l’école), ce qui devra attendre la rédaction de décrets (le transport des vélos dans les trains), ce dont on verra le résultat plus tard (le marquage des cadres neufs, pour lequel on attend des précisions, l’obligation de penser continuités lors de travaux routiers), et les regrets (un pauvre autocollant, pas encore défini, pour prévenir les accidents mortels liés aux angles morts des poids-lourds).
Mes deux invités soulignent qu’on n’avait pas parlé autant de vélo depuis longtemps et que cette loi avait au moins le mérite d’établir que le vélo était un mode de déplacement. Ils ont donc invité les citoyens à s’en emparer et à suivre de près les décisions. Quant aux financements, que d’aucuns considèrent comme insuffisants, ils grossiront, assurent-ils, s’ils sont sollicités. Nous avons beaucoup parlé de cette loi dans ce blog, au point que je n’y voyais plus rien de très clair. Ce n’est pas vraiment mieux aujourd’hui, mais ce qui est sûr aussi, c’est que la mobilisation et l’investissement ont définitivement rendus incontournables les cyclistes.
Au moins une cinquantaine de personnes assistaient à cette présentation pourtant sérieuse, ce qui montre bien là aussi que les deux pratiques se rapprochent. 

Dans la grande salle où tout le monde passe se trouvait aussi, et c’est bien la première fois, un studio mobile de radiophonie.

Allô la Planète, spécialisée dans le voyage, a donné la parole à des voyageurs au programme du Festival :

La famille Durand pour A donde van
Armel Vrac pour Sibérie – fleuve Amour
Stéphanie Couvreur et Claude Perdigou pour Pamir.

Pause-vélo compètera chaque mercredi cette programmation par des podcasts :

  • Sylvie Dargnies, coordonnatrice du Festival
  • Maya, qui, à l’âge de 9 ans, est partie en voyage à vélo pendant 1 an en Amérique Latine avec sa famille
  • Charlie, qui, avec son pote Benjamin, a rallié la Savoie au Pérou à vélo et bateau-stop.

Pause-vélo diffusera aussi des chroniques de Séraphin, administrateur de la Fub. Erick de CycloTransEurope, Sophie de l’AF3V et Florent de France Vélo Tourisme parleront vélo-routes et voies vertes la semaine prochaine. 

Les 2 émissions de Pause-vélo sont diffusées par Allô la Planète, mais aussi Radio Cyclo (qui sera au congrès de la Fub), et a elle-même des rapports avec d’autres web radio (parmi ses animateurs on trouve Arnaud Manzanini ) et une dizaine d’autres supports. 

Le concours des Machines, désormais organisé chaque année dans sa région par un constructeur adhérent à l’association des artisans du cycle, en partenariat avec le magazine 200, s’était jusqu’ici plutôt intéressé à des vélos devant effectuer des parcours difficiles, comme l’an dernier pour le Paris-Brest-Paris. En 2022 il sera organisé par la maison Tamboite à Paris et le thème sera le vélo de ville… 

Quand je vous disais que les cyclistes sont en train de créer une nouvelle civilisation … 

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Vince
4 années

Je ne suis pas d’accord sur le fait que les cyclistes seraient « en train de créer une nouvelle civilisation » . On n’a pas besoin de ça! Le vélo est un moyen de déplacement. Il a été totalement oublié pendant les années de la voiture reine mais les circonstances actuelles le remettent en selle, si je peux dire. Je m’en réjouis comme vous.
Il devrait être normal que toutes les composantes de notre société roulent à vélo. C’est un problème qu’on soit catalogué « cycliste ».
Le fait même de se déclarer « en train de créer une nouvelle civilisation » démontre bien que certains cyclistes se pensent supérieurs aux autres. Ils ont vu la lumière avant les masses.
Non, non et non. Le Pays-Bas et le Danemark n’ont nullement « créé une nouvelle civilisation ». Ils sont juste pragmatiques.
Il faut arrêter de se la raconter; rester plus modestes. Coopérer pour trouver des réponses aux problèmes concrets et pratiques, sans idéologie, alors 3 fois oui. »Créer une nouvelle civilisation », mille fois non.

Régis Réguigne
4 années
En réponse à  Vince

Merci Vince, d’accord l’usage de la bicyclette n’est pas signe d’une nouvelle civilisation. I n’en reste pas moins que nous, cyclistes, sommes considérés comme des inférieurs, des prolos tant de la rue que de la route, des obstacles-ralentisseurs pour les autres usagers de la chaussée. Dès lors nous sommes quelque peu revendicatifs, cela afin d’être reconnus et respectés, au moins autant que les autres usagers de l’espace public.

Vince
4 années
En réponse à  Régis Réguigne

Merci pour votre commentaire. Je n’ai pas l’impression d’être considéré inférieur ou » prolo » parce que je suis cycliste; plutôt le stakhanoviste maso (je réponds toujours que je choisis de rouler à vélo pour mon bénéfice personnel).
Bien sûr, une minorité dangereuse et agressive anti-vélos nous trouve gêneurs. Ils n’ont pas besoin d’être très nombreux pour instituer un climat d’agressivité sur les routes et dans les rues. Ils dissuadent les aspirants cyclistes à se lancer, ils font du lobbying auprès des municipalités en attisant les craintes des commerçants qui pensent (au contraire de tout bon sens) que les aménagements cyclables au centres-ville sont mauvais pour les affaires, etc. Mais ils ne sont pas plus majoritaires que les militants vélo.
Malheureusement, ces derniers tombent souvent dans le panneau en croisant le fer avec eux. Cette surenchère profite aux radicaux des 2 bords en les faisant apparaître plus nombreux et importants qu’ils ne sont:
– ceux qui présentent tout cycliste comme un écolo bobo (ce qui n’est pas un modèle attirant pour la majorité);
– ceux qui utilisent le vélo comme cheval de Troie avec l’agenda d’un changement radical de société et de modèle économique (ce qui n’est pas non plus attirant);
Ca ne fait pas progresser vers l’objectif : que les masses silencieuses changent leurs habitudes de transport. J’ai l’impression qu’Olivier Schneider, de la FUB, a bien compris cet enjeu et focalise les argumentaires sur les bénéfices pragmatiques et concrets. C’est astucieux. Je pense qu’il faut apprendre à revendiquer d’une manière habile, non clivante et modeste. Se présenter comme étant « créateurs d’une nouvelle civilisation » est à mon avis contre-productif (en plus d’être exagéré).

Passionnant, merci Isabelle.

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