J’étais au 1er concours de machines du 21ème siècle !

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chapô MachinesDu 1er au 3 juillet s’est tenu à Ambert (Massif Central) le premier concours de machines de notre époque. Un grand moment de ferveur qui a révélé plus d’un talent. Fabriquer un vélo ce n’est pas que de la mécanique, c’est aussi de l’art. Liens vers articles, complétés le 8 août.


Réactiver le concours de Machines, c’est hésiter entre perfection et innovation, perfection d’une tradition poursuivie avec les outils d’aujourd’hui, innovation au risque de l’inutilité et de la fragilité. C’est mettre en compétition les anciens constructeurs (Perrin, Berthout) perfectionnistes qui tirent leur art au plus haut, et les nouveaux (Victoire, Vagabonde) qui ont déjà bonne réputation et sérieuse clientèle, mais aussi des inconnus (Milc, Pechtregon), fonceurs venus d’une autre culture, et des débutants encore sans références (Fée du vélo, Julie racing design) mais non sans talent, ainsi que des amateurs (Sébastien Klein). Le sujet de ce concours était la randonneuse légère de longue distance, celle que l’on roule pour les brevets, les Paris-Brest-Paris, les diagonales… Pour le public cela veut dire « vélo sur mesures ».

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1ère inspectionLa compétition à 19 se déroulait sur 3 jours à Ambert, dans le Massif Central, avec des épreuves bien réelles sur 3 parcours difficiles. Le public, les spécialistes, le jury, ont quant à eux été invités à juger les machines. Si le concours a bénéficié d’une partie de la logistique de la cyclo-sportive très connue des Copains Cyfac, les publics ne se sont pas beaucoup mélangé pour autant. Le nôtre est venu de loin, Pays-Bas, Belgique, Suède, Etats-Unis … et France.

Plusieurs contrôles ont eu lieu sur chaque machine, la veille de la première épreuve, et lors des 3 arrivées. Outre le poids et la présence des composants obligatoires, ils concernaient tous les points techniques et veillaient à s’assurer que rien n’avait cassé ni n’avait été modifié.
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Victoire

  • C’est la randonneuse des cycles Victoire qui a eu le premier prix, pas par passion, plutôt aux points. Pas de défauts, bien noté par tous les jurés, un pilote qui a bien géré sa course. La récompense de la régularité.
    S. Klein
  • Le deuxième prix est allé à Milc et honore celui qui a tout osé. Sa suspension, son système de recharge électrique pour téléphone et GPS dans la dynamo, ses haubans articulés (au risque de casser par le bas)… C’est l’audace qui a été saluée. Presque seul dans ce cas, sa sacoche n’était pas une Berthout, reflet du grand classicisme ultra respecté dans ces parages, mais était faite de tissus pour parachute.
  • Le 3° prix est allé à Pechtregon, un très classique plein d’innovations .
  • Un prix spécial a par ailleurs été décerné au tandem de Julie racing design, même si Julie n’est que le prénom de la copine du constructeur.
  • Dans la catégorie débutants c’est Sébastien Klein qui a été distingué. D’une grande élégance, il avait la sacoche de rigueur.

après..Regrets

Le coeur du public, comme de certains membres du jury, penchait plutôt pour Berthout et Perrin, dont la bicyclette a été qualifiée de « petit bijou ». Mais il est vrai que le vélo de Sébastien Klein, son premier (il n’est même pas professionnel), a aussi été très admiré, ainsi que le tandem de la fausse Julie.

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Innovations / régressions / progrès du 21ème siècle
François Coponet, cadreur normand, craint que certaines innovations ne soient pas utiles, surtout si elles sont fragiles. Il rappelle que Routens, autrefois, criblait ses machines de trous pour gagner des grammes.
Julie racing Design - dessinIl a même noté que certaines de ces « innovations » étaient carrément régressives : plusieurs n’ont mis qu’un seul plateau, mais un dérailleur à roues libres démesurées. C’est l’usure prématurée de la chaîne assurée, alors que l’invention du double puis du triple plateau y a justement remédié.
En revanche Perrin avait monté un moyeu Rollhoff sur sa randonneuse, et ça c’est un vrai progrès du siècle, malgré son kilo en plus.
François se plaît aussi à souligner que notre siècle a connu de vraies, fortes et utiles innovations : les leds, la dynamo dans le moyeu, la nouvelle dynamo Velogical1 La nouvelle dynamo Velogical, fabriquée en Allemagne, est disponible sur le marché français, par exemple chez Liberté Cycles., toute petite qui touche à peine la jante (présente à Ambert), les freins hydrauliques, le changement de vitesse dans le pédalier (nous en avons vu un)…
Pechtregon avait mis une pompe dans le tube de direction, là où Philippe Andouard a mis son dérive chaine (et sa clé allen dans une toute petite boîte fixée au cadre). Pechtregon avait des attaches traversantes pour ses porte-bidons, et une double fourche fort élégante qui, paraît-il et l’air de rien, rigidifie le tout.

Pechtregon - dessin

650
Autre innovation, dans un autre registre, deux pilotes et une cadreuse étaient des femmes, et, fait remarquable dont on ne sait s’il tient de la régression ou de la sagesse, beaucoup de machines étaient montées en 650 alors qu’on croyait cette section abandonnée. Mais on croyait à tort puisqu’elle semble avoir été re-créée aux USA à l’initiative de la société Compass Bicycles, qui produit des bicyclettes sous le nom de … René Herse !

Renaissance? Naissances ?
Est-ce dire que c’est le renouveau de l’excellence française en matière de randonneuses (qui avait donné les Singer, les Herse, les Routens … )? C’est peut-être, en tous cas, le signe d’une renaissance du vélo haut de gamme, donc du vélo de qualité. Un effet indirect de cette compétition pourrait être la naissance de vocations, et donc de repreneurs pour les maisons dont le fondateur prend sa retraite. Mais à la différence des années d’entre les deux guerres, nul n’imagine plus que les artisans pourraient satisfaire à toutes les demandes du marché. Leur clientèle est forcément fortunée, ou passionnée, ou snob. Ou a des besoins spécifiques. C’est elle qui tire le marché vers le haut.

*

Il est probable qu’on remettra ça. Dans deux ans, peut-être ? Et puisque la compétition n’implique pas de gagner mais de faire progresser les machines, espérons seulement que les machines seront mieux mises en valeur, pour que tous les constructeurs soient récompensés de leur investissement.

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C’est la première fois au 21 ème siècle que ce concours est organisé2 C’est par pur chauvinisme que nous prétendons avoir participé au premier concours de Machines de ce siècle. La revue du 650B signale dans son numéro d’août 2015 la tenue, en Grande-Bretagne, de Bespoked 2015, the UK Handmade Bicycle Show. Ce salon a également eu lieu en 2016, et le prochain est prévu du 7 au 9 avril 2017 à Bristol. La première édition date de 2011 et avait 40 exposants.
La revue Bicycle Quaterly nous met également sur une piste, celle de la North American Handmade Bicycle Show, créée en 2005.
D’accord, ce sont des salons, pas des concours, mais il était grand temps quand même que la France, pays de l’excellence française en matière de luxe comme de randonneuses, relève le défit !
. La dernière fois c’était en 1949, mais l’essentiel avait eu lieu entre les deux guerres. L’initiative revient au jeune magazine 200, associé aux cycles Victoire. La FFCT, propriétaire moral du concept (c’est elle qui l’organisait au 20ème siècle), a eu l’élégance de proposer ses services (relations presse, membres du jury…) tout en restant discrète.

Sylvain + Elisabeth

Les concurrents :

• Cycles Andouard
• Belleville Machine
• Caminade
• Cycles Cattin
• Cyfac Bicycles
• Edelbikes
• Fée du Vélo
• Gilles Berthoud SAS
• Grade9 Titanium Bikes
• histoire.bike (Hors Catégorie)
• Julie Racing Design
• La Fraise Cycles
• PechTregon cycles
• Cycles Pierre Perrin
• Cycles Mannheim
• MILC industry (milc : made in le coin. Une alliance vieille de 20 ans de trois structures pyrénéennes, Goblin (marque de petites séries), Milc (atelier) et une entreprise d’ingénierie.)
• Sébastien Klein
• Vagabonde Cycles
• Victoire Cycles

Philippe Andouard 5310 sacoche-parachute MILC

Le jury :

  • Raymond Henry, historien officiel de la Fédération Française de Cyclotourisme (FFCT), collectionneur
  • Bernard Chaussinand, historien
  • Gabriel Guenassia, éminent mécanicien et autres compétences à la FFCT
  • Jan Heine, auteur d’ouvrages de référence et rédacteur en chef de la revue Bicycle Quaterly
  • Christophe Courbou, graphiste, grand connaisseur du vélo ancien, a conçu plusieurs des meilleurs livres sur la question.
  • Michel Roux, grossiste fournisseur des cadreurs, en pièces à l’unité s’il le faut.
  • Caren Hartley, cadreuse
  • Mike Hall, organisateur de la Transcontinental Race.

Plus de détails :

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Vergnes, confrérie du 650
1 année

Bonjour, je réagis avec un peu de retard…. Vous parlez de recréation du 650b par les Américains (Jan Heine – Compass – René Herse), mais connaissez -vous la confrérie des 650? Nous étions là bien avant eux!

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