Cette 4ème édition avait pour thème une randonneuse pour le Paris-Brest-Paris, les bicyclettes du concours devant être testées pendant la célèbre épreuve.
A première vue les « élucubrations » de la première édition ont fait place à la sagesse. Les tubes horizontaux sont souvent horizontaux, les pédaliers sont ronds, les fantaisies n’apparaissent plus guère sauf parfois dans la décoration. A presque tous j’enverrai des clients en toute confiance.
Compactable
Dans les détails on remarque que plusieurs machines sont « compactables », répondant ainsi au point 10 du réglement : « que son vélo soit pliable ou repliable, et tienne dans un coffre de Blablacar «, remplaçant celui de l’an dernier qui parlait d’embarquer le vélo dans un train. Cela nous donne des « coupables » chez Thompson ou Isen, et des pliables très élaborés chez Taillefer ou PechTregon.
Rappelant l’esthétique ancienne
Le point 1 invitait à rappeler l’ « esthétique ou technique se rapportant à l’histoire de Paris-Brest-Paris, entamée, pour mémoire, en 1891 ». Certains ont pour cela adopté des garde-boues en bois, d’ailleurs plus légers que ceux en inox. Les sacoches sont aussi souvent en toile, et les selles en beau cuir. Les fabricants-selliers, notamment Berthoud, ont fait de leur mieux pour que leurs produits soient présents, les offrant souvent en échange de la visibilité. Saluons à ce propos la selle Ideale, adoptée par Singer et par Grand Bois, soit les deux plus luxueux ! Et pour la selle, on ne lésine pas, le pilote doit rouler plus de 1200 km dessus quasi d’une seule traite.
Confortable
Rappel ne signifiant pas régression, nombre de ces vélos sont équipés de prolongateurs (art. 2 : « Que ce vélo épargne ses doigts et ses mains, qui seront en appui sur les cocottes ou le guidon pendant 80 heures de rang. »). Presque aucun triple plateau, plutôt 2, voire un seul. Un très beau vélo en bambou (Ernest, de la région nantaise), matériaux auquel on se doit de souhaiter un bel avenir. Son poids est équivalent à celui de l’acier, mais sa souplesse fait qu’il se déforme et reforme en quelques micro-secondes et que cela lui confère un rendement hors-normes. Le constructeur nous assure en avoir un en voyage (le lien vers le site du voyageur ne fonctionne pas), et qu’à mi tour du monde rien n’a bougé.
Pratique
Parmi les innovations on remarquera que deux constructeurs ont créé des accessoires permettant de poser le vélo les roues en l’air sans abîmer cables ou selle. En outre Taillefer utilise une manette libre pour orienter le phare avant. Avec lui quelques uns ont pensé à installer à l’avant boîte ou poche pour la nourriture (art. 5 : que la nourriture qu’il embarque soit accessible, et qu’il lui soit permis de manger sur le vélo, sans risque). D’autres parmi les plus sérieux ont pensé exclusivement à l’usage banal qui sera fait de leur machine pendant les 1215 km de l’aventure.
Innovant et artisanal
Pour les constructeurs la participation à cet évènement est une occasion très importante de se faire voir et connaître. Le résultat au Paris-Brest-Paris n’est pas le seul critère d’appéciation.
Certains artisans auront profité de l’exposition des concurrents sans pour autant se plier à toutes les règles du concours (vélo très beau mais sans innovation technique, notamment). On les comprend, mais un label devrait bientôt clarifier les choses, tout en maintenant cette offre de visibilité, essentielle et unique, du savoir-faire français et étranger auprès de la clientèle de connaisseurs exigeants ou haut-de-gamme.
En conclusion
Si les « beaux vélos » vous plaisent, n’hésitez pas. Si vous aimez les machines performantes et dotées des progrès du 21 ème siècle, si vous appréciez l’écoute, le conseil et la satisfaction de vos souhaits, si la collaboration artisan-client est pour vous une valeur… Si vous voulez un vélo pour la vie, alors allez chez un artisan reconnu et honnête. Votre vélo sera votre vélo, unique car co-créé par vous. Les beaux vélos sont de retour !
L’association des artisans du cycle
L’association des Artisans du cycle s’est donné pour objectif la promotion de l’artisanat du cycle et de l’excellence de leurs réalisations. Là dessus ils ont mille fois raison et leur action commence déjà à porter des fruits. N’empêche que le règlement du concours va sans doute devoir évoluer car les tricheries (les faiblesses, si vous voulez), et même si ce n’est pas réellement malhonnête, peuvent casser l’ambiance. Le public, lui, n’aura souvent vu que les stands, sans trop se poser de questions. Peut-être certains points non traités pourraient-ils devenir éliminatoires? Après tout il y avait aussi un espace d’exposition.
On a peut-être le temps d’y réfléchir, car s’il s’avère exact que le concours de l’an prochain portera sur les VTT, je ne vois pas bien ce qu’y feront les artisans du cycle. Leur clientèle n’est-elle pas, selon leur dossier, les pratiquants de la course de longue distance et celle du voyage à vélo ? En tous cas moi je ne m’y intéresserai pas (Ce qui ne dérangera pas grand’monde !).
- Association des artisans du cycle
- Règlement du concours des machines
- Les concurrents et les résultats seront présentés dans le détail dans le prochain numéro du magazine 200, co-organisateur du concours. Le Cycle en rendra compte également.
Liste des constructeurs engagés en 2019 dans le concours
Sans tri ni jugement.
FRANCE
- Brevet cycles (Sébastien Klein, Pont de Vaux, Bourgogne)
- Martignac
- Gilles Berthoud (Pont de Vaux, entre Mâcon et Tournus)
- Victoire (à proximité de Clermont-Ferrand)
- Cattin (banlieue de Grenoble. Fabien Bonnet)
- Guilbaud
- Cyfac (40 km à l’ouest de Tours)
- Aloueta (Savoie)
- Cycles Victor (banlieue parisienne)
- Vagabonde (proximité de Valence).
- Atelier des vélos
- Cycles Pierre-Perrin (Ile-de-France)
- Cycles Andouard (proche d’Albi)
- Cycles Singer (Olivier Csuka, région parisienne)
- Grade9
- Cycles Itinérances (François Coponet, près de Pont-à-Mousson)
- Rman cycles (région parisienne)
- Taillefer (Pierre Glottin, à Moudouleau près de Vendôme)
- Petit-Breton
- Cycles Savarino (La bicyclette, Paris)
- PechTergon cycles (entre Montauban et Carmaux)
- Cycles Manivelle (Strasbourg)
- Ernest Cycles (Nantes)
ETRANGER
- Rossman cycles, USA
- Purple dog custom cycles, Bulgarie
- Seren Bicycles, Allemagne
- Thompson Custom Bicycles, USA
- Isen Workshop, Angleterre
- Grand Bois, Japon
Paris-Brest-Paris
26 concurrents sur les 6674 inscrits (dont 189 qui n’ont pas pris le départ) venus de 66 pays (plus de 300 Indiens, plus de 300 Japonais, etc) auront donc roulé sur un prototype. Parmi les autres on a vu plusieurs vélos pliants, dont un bike-friday et un dahon, pas mal de tandems, dont au moins deux avec un non-voyant, 1 fatbike, un vélo ancien… Les départs sont échelonnés tous les quart d’heure par groupes de plusieurs centaines. De certains participants on se dit à leur position, à leur air déjà fatigué, ou à leur machine, qu’ils ne termineront pas, ou du moins pas dans les temps. Participer ne veut pas forcément vouloir réussir. Tout cela et plus nous le saurons en lisant le prochain numéro de 200 ou du Cycle. Leurs photographes étaient là !
Merci pour ce super reportage.
Je ne comprends pas bien toutefois l’articulation logique entre les deux première phrases de la section « En conclusion » (ce « Mais » de la deuxième phrase).
Merci Jeanne ! Ici par « beaux vélos » j’entendais « au premier coup d’oeil »: des vélos sur lesquels moi-même je tombe en arrêt pour leur classe et pour leur pouvoir évocateur d’une époque. Par opposition nous avons des vélos dont l’élégance est plus discrète mais l’utilisation des composants modernes affirmée : boîte de vitesse, moyeux-dynamo et plug de recharge électrique, très bons freins, lumières à leds, transmission par courroie, douille de direction moderne, et j’en passe sûrement…
Il manque grand bois Japon dans la section internationale! (Le vélo le plus léger à la pesée)
29 participants au concours cette année
Tiens, oui. Merci. Je corrige dès que possible. J’ajouterai aussi un lien vers le bel article historique publié par Bikecafé : https://bike-cafe.fr/2019/08/concours-de-machines-2019-retour-aux-sources/
Sauf erreur, il me semble que le nantais Ernest était présent au dernier (et modeste) salon du cycle au Pavillon floral de Vincennes ? Très belle ouvrage en effet. On commence à voir de ces vélos en bambou. Par exemple lors du dernier Toboggan Meudonnais auquel j’ai participé.
« je ne vois pas bien ce qu’y feront les artisans du cycle. Leur clientèle n’est-elle pas, selon leur dossier, les pratiquants de la course de longue distance et celle du voyage à vélo ? » Je n’ai absolument pas compris cette phrase.
La longue distance (ou l’ultra-distance, si cela me permet de mieux me faire comprendre), le voyage à vélo (d’une semaine à plusieurs années) et le tout-terrain ne requièrent pas le même genre de machines, il me semble. D’ailleurs si ce n’était pas le cas il n’y aurait pas non plus de distinction dans le concours de machines. La suite me donnera peut-être tort, nous verrons bien.
Le concours 2018 avait déjà choisi le thème VTT. Dans l’ultra-distance, il y a aussi une part d’épreuves orientées vers le VTT (type Great Divide, French Divide…). Ce sont parfois les mêmes pratiquants qui choisissent deux ambiances différentes et deux vélos différents. Ce qui serait intéressant, ce serait un concours de machines sur le thème urbain/vélotaf.
Ah Ah ! ce sera le cas en 2022 ! Voir à la fin de mon article sur le Festival du voyage à vélo de janvier 2020.
Bonjour Isabelle, bel article ! Merci de bien vouloir corriger l’orthographe de PechTregon et non Pechtergon…
Plutôt 3 fois qu’une ! Désolée, au moins maintenant je m’en souviendrai. Pour les lecteurs : l’accès au site peut ne pas être commode mais vaut la peine, si vous aimez voir la naissance des beaux vélos.
Bonjour Isabelle, merci pour la mention des selles Idéale! Nous étions très fiers d’équiper les vélos Singer et Grand Bois, deux très belles machines, mais je ne suis pas sûre qu’en terme de tarif c’était les plus luxueuses 🙂 A bientôt !