8 semaines en France – 05 – Pourquoi les chantiers étaient-ils arrêtés et comment ont-ils pu reprendre ?

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par | Mai 13, 2020 | Actualités | 0 commentaires

Presque fin de ce panorama incomplet des  thèmes qui nous agitent depuis le 17 mars. Encore un exemple de la cacophonie :  05La gestion des chantiers, l’attitude de la ministre, l’intérêt des patrons … Pourquoi tous les chantiers n’ont-ils pas encore redémarré ? 

Le 9 mars Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, annonce que le coronavirus va mettre la croissance presque à l’arrêt. Batinfo.
Dès le 18 mars le Moniteur informe de l’arrêt général des chantiers routiers et de 50% des autres chantiers, provoquant le chômage partiel de 90% des effectifs et 50% des chantiers gelés. 
Le chantier du Grand Paris express est suspendu, celui de Notre-Dame est fermé et on lui vole des pierres … Le Parisien, 21 mars

  • Une vive discussion démarre entre la profession et la ministre du travail. Les entreprises veulent arrêter les chantiers pour raisons sanitaires, disant que « dans les faits quasiment tous leurs chantiers sont contraints d’arrêter » et qu’en plus ils ont des  problèmes d’approvisionnement et se heurtent à des refus de la part des clients chez qu’ils travaillent (en particulier lorsque c’est chez eux).
  • La direction du travail considère que c’est abusif, et la ministre, Muriel Pénicaud, se dit scandalisée (LCI, 19 mars) et les traite de profiteurs.
  • Le 19 mars le président de la fédération des travaux publics rétorque que les propos de Pénicaud sont scandaleux, méprisants et déloyaux. 
  • Un accord se dessine rapidement par des négociations ouvertes le 19.
  • Dès le 20 c’est cessez-le-feu. Un certain nombre de grossistes en matériaux vont rouvrir, un livret de recommandations de comportement sera publié : Le Moniteur, 21 mars.

Daniel Schneidermann raconte l’affaire des BTP dans sa chronique La matinaute, du 20 mars : La ministre du travail Pénicaud traitant de « défaitistes » les entreprises du BTP qui ont mis leurs ouvriers en chômage technique.

  • Le 23 mars, une pétition pour arrêter les chantiers est déjà déjà signée par 30 000 personnes. Son initiateur, Yann Danion, déclare (Batinfo) : « En effet, la réalité du terrain rend les mesures de prévention contre le Coronavirus difficilement respectables. Le partage d’outils entre les salariés, la promiscuité dans les bases-vie ou encore les nombreux déplacements des travailleurs mettent en dangers la sécurité des personnes sur les chantiers. Yann Danion demande alors une poursuite exceptionnelle de travaux d’urgences et de dépannages, autrement dit « assurer le strict minimum ». »
  • Le même jour les architectes se plaignaient des instructions contradictoires, fermer les agences pour confinement et travailler à distance / se rendre sur les chantiers, eux-même souvent arrêtés ! L’annonce de l’accord les a plongé dans la perplexité. A tout le moins, c’est tout ou rien, corps de métiers, fournisseurs et architectes. Le Moniteur.

La question des approvisionnements se posera dans de nombreuses industries ou entreprises artisanales. Aucun objet n’est fabriqué qu’avec des fournitures émanant d’un seul grossiste. Il suffit qu’il en manque un pour que tout soit arrêté.

  • Le 25 mars le Gouvernement publie une ordonnance qui enlève tout délai de réponse pour les autorisations d’urbanisme, permis de construire, recours des tiers… Ce qui revient à décider, remarque Batinfo, que cela reporte, au mieux, après recours éventuels, la délivrance définitive des permis de construire à fin octobre. C’est « un coup d’arrêt brutal et inacceptable de la filière bâtiment pour les six prochains mois » conclue le magazine. Le président de la fédération du bâtiment demande que tout soit fait pour concilier exigences sanitaires et activité.
  • Le 31 mars Le Moniteur diffuse l’alerte donnée par une entreprise de « blocs baie béton » en redressement bien engagé, interrompu par la crise sanitaire : ces entreprises sont exclues des aides, or « La procédure de sauvegarde est le moment où l’on peut encore sauver l’entreprise… » dit l’administrateur. 
  • La profession déclare alors (Batinfo) que « l’État, sans aucune concertation, vient donc porter un coup fatal à un secteur économique qu’il considère paradoxalement indispensable et stratégique pour limiter les effets économiques de l’épidémie qui frappe le pays ! »

Et maintenant ?

Le bâtiment c’est aussi les travaux publics, donc les travaux de voirie. Les aménagements cyclables auront eux aussi été ralentis ou arrêtés pendant cette période, puisque beaucoup de travaux sont faits par des entreprises. Dans certains cas ce sont les maires qui ont freiné, par crainte d’infliger des nuisances aux citoyens confinés, ou par souci de la sécurité des ouvriers. Maintenant les entreprises ne peuvent reprendre qu’une fois signé leur protocole de sortie de confinement. La question de l’hébergement demeure puisque les hôtels sont fermés, comme celle de l’évacuation des déchets. De plus rien n’a été décidé pendant un mois et demi, et se profilent des conflits au sujet des coûts engendrés par la pandémie… 

L’autre frein aura été que dans la plupart des cas nous sommes entre deux tours des élections municipales. On ne sait pour combien de temps, et les anciennes équipes n’ont pas envie de compromettre leurs chances d’être les prochaines. Certains adjoints ne s’étaient pas représentés, d’autres étaient partis dans une liste concurrente … Tous, vaille que vaille, sont censés reprendre le collier, même ceux qui étaient passés à autre chose. 

Ces jours-ci les travaux commencent à redémarrer, avec des organisations spécifiques pour que le virus ne se propage plus que de raison. Dans de nombreux domaines (hors chantiers) les facebook live et les webinaires se multiplient, y compris dans notre domaine (regardez l’agenda !). Gros avantage, leur public est plus large qu’en salle, inconvénient, s’il y a bien un peu moins de transport il y a beaucoup plus d’usage des ordinateurs … ce qui consomme énormément d’électricité et de métaux rares. Ce n’est probablement pas la bonne voie.

Dans la même série
Crise sanitaire : Les pompes à essence et les bécaniciens restent ouverts
01 La semaine d’avant on ne parle que d’environnement Confinement et couvres-feu
02 Marchands de vélos / rouler à vélo
02bis- Attention le vélo n’est plus autorisé pour «faire de l’exercice»
03 Guerre ? Crise environnementale
04 Crise sanitaire
06 Ça repart ???

Pour les mécaniciens-cycles, mode d’emploi du dispositif Coup de Pouce et questionnaire ici. Le questionnaire, proposé par un patron de magasin de vélos, a pour objet de recueillir votre avis sur le fonctionnement du dispositif. Il est facile à remplir.

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