Invitée à l’évènement Caen ça bouge j’ai pu constater que Caen roulait de mieux en mieux.
Certes Caen n’en est pas encore à décourager les autos de boucher son port, de bloquer les accès à la gare ou de masquer les façades des églises, mais ses anciennes pistes autour de la Prairie ou le long du canal se retrouvent soudain débordées par des marquages jaune orange partant dans tous les sens. L’ère des coronapistes a pris à Caen comme ailleurs. Alors commençons par un petit tour sur ce qui existait déjà.
Un héritage non négligeable
Double-piste à la place des piétons. Jalonnement et compteur ne font pas la qualité Passage à Caen de la véloroute Vélofrancette. A la place d’un trottoir de moins de 3 mètres de large…
Les coronapistes
Qui dit coronapiste dit vite fait, d’accord. Qui dit coronapiste n’obligeait pas à virer les piétons de certains trottoirs, sous prétexte qu’ils pouvaient passer en contre-bas, ni de faire de la bi-dir le modèle vedette… surtout s’il prend de la place aux piétons. Caen en est à ses débuts.
Caen bouge. Avec sa première étape elle espère qu’il y aura assez de cyclistes pour pouvoir aller plus loin sans que se déclenchent les foudres de l’incompréhension des collègues élus et des électeurs non-cyclistes. Certains projets devraient d’ailleurs parler pour eux-mêmes.
Piste salvatrice en pleine côte sur un axe très routier Simple et minimal; beaucoup de communes en France n’en sont même pas encore là.
La rocade cycliste
Ça c’était pour le centre-ville. La rocade cycliste est presque terminée. Elle est structurante et récréative, longe une des deux rocades routières et s’en éloigne par l’ancienne voie de chemin de fer lorsqu’elle est disponible. Elle passe à travers un espace vert et jouera un très grand rôle.
Location et stationnement
Sous la gestion de Keolis, l’opérateur des transports, vous trouverez à Caen plusieurs garages à vélos fermés, de 10 à 18 places, accessibles sur abonnement (de gratuit pour les abonnés aux transports publics à 10 euros par an) et réservés aux arrêts ponctuels, notamment à la gare. Les 1000 abonnés actuels l’utilisent chacun 1 à 2 fois par semaine. Un vélo qui serait là depuis 7 jours se retrouverait éjecté car il s’agit bien, et uniquement, de rabattement sur les transports en commun. A méditer !
Il y a aussi 23 stations de « Véloloc » pour 230 vélos, auxquels il est possible d’ajouter une assistance électrique pour une autonomie de 8 km environ. On peut s’abonner à la demi-journée avec une carte bancaire, mais personne ne me l’avait dit. Des VAE sont enfin loués pour 6 mois renouvelables une fois, et sont utilisés à 70% pour se rendre au travail.
Quant aux parkings souterrains, ils sont tous pourvus d’espaces gratuits pour quelques vélos, avec de simples arceaux très bien ( mais pas nombreux) et des pompes. Il y a peu d’information dessus, donc il y a encore de la place.
La Maison du vélo a fait la célébrité cycliste de la ville, et elle m’a épatée. Son atelier est vaste et sa vélo-école dispose d’un terrain d’entraînement fermé ! Idéalement située près de la gare, elle devrait cependant voir bientôt son implantation remise en cause. Le bail était précaire depuis le début.
La fête des mobilités durables
Et enfin j’ai participé à la première édition de la fête Caen ça bouge. Ce fut une fête à la fois modeste dans son ton, et mémorable par ses activités. Peu de stands, et tant mieux, beaucoup de raids et autres trails, à vélo ou en courant, y compris de belles éditions nocturnes. Il faisait beau et tiède !
Certains participants ont aussi écouté des conférences, sur la santé par le vélo et sur le voyage à vélo. Le film Why we cycle a été projeté, et le débat d’après film a failli dépasser les 60 minutes allouées, avec des participants au fort désir d’expression. Nicolas Escach, adjoint au maire de Caen, délégué à l’urbanisme, au renouvellement urbain et à l’habitat, y assistait discrètement, ce qui a permis de lui donner la parole.
Enfin j’ai eu la chance de rencontrer Christine Corbin, la présidente de l’association Dérailleurs de Caen. Elle m’a offert un exemplaire de leur extraordinaire travail d’évaluation des aménagements cyclables qui a couvert toutes les communes de l’agglomération de Caen-la-Mer. Il permet de mettre le doigt sur les réussites et les faiblesses. Reste à convaincre chaque maire, un par un, d’au moins se raccorder à ses voisins et de faciliter l’accès à ses équipements. Leur conclusion pour la ville de Caen tient en quelques mots, résumés ici :
Un bilan pas si mauvais que ça, qui cache de gros défauts :
– absence de continuité
– absence d’accompagnement pour le partage de l’espace sur les pistes et sur les voies.
Moi j’ai surtout vu qu’il allait falloir revenir dans deux ou trois ans, et que je suggèrerais bien à la communauté de Caen-la-Mer de publier la carte des aménagements, histoire qu’ils soient encore plus utilisés, et de faire connaître hors-les-murs les possibilités de louer un vélo et de le garer…
Excellente description au plus près du réel. Ha si tous les journalistes, chacun dans son domaine, atteignait ce niveau nous serions beaucoup mieux informés.