Climat : comment vous faire comprendre, enfin ?

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par | Mar 16, 2022 | Réflexions | 4 commentaires

Une loi pour que le rapport du GIEC soit central chez tous les élus locaux attend sur le bureau du Sénat. Elle a été déposée le 6 décembre 2021 et présentée à la presse ce matin.

Ils ne savent plus comment vous faire comprendre. Les 3 intervenants de ce matin rappellent qu’en 2028, soit dans 6 ans, 4 ans après les Jeux Olympiques, on aura dépassé la hausse de température du 1,5°. Là commence le nouveau monde, là commence l’irréversible. Là le Groenland commence à fondre. 

2 degrés ce sera en 2041. Quel âge auront vos enfants s’il vous plaît ? L’Antarctique commencera à son tour à disparaître.

Autant le dire, les incendies, inondations, tempêtes de ces trois dernières années (dont ma revue de presse s’est fait l’écho) sont de la gnognote, ou, disons, les dernières années vivables, et encore. Les sécheresses apparaissent ici, des zones entières, comme autour de l’équateur, deviennent invivables, le prix du blé flambe en Afrique du nord… On laisse empirer ? 

Le Suisse Guillermo Sanchez a fait 38 jours de grève de la faim en place fédérale de Berne pour obtenir qu’une loi du même genre soit déposée. C’est le dernier recours des citoyens, et un tel geste a lieu ou a eu lieu ailleurs, à Londres, Madrid, Milan … Au-delà de cette votation une formation d’une journée sera dispensée auprès de tous les élus des deux chambres suisses le 2 mai prochain. 

A gauche Olivier Henno, à droite Guillermo Sanchez

Retour du tragique

Pour le Sénat français, représentant les communes, il faut frapper fort, il faut revenir au tragique, faire dans la gravité et le solennel. La Loi que M. Henno, sénateur centriste du Nord, a déposé stipule que le résumé du rapport du GIEC sera déposé sur le bureau de tous les élus des communes de France. C’est une démarche qui veut faire choc. Le texte pourra être discuté et amendé dès la reprise des travaux parlementaires en juillet prochain. Il pourrait être enrichi de formations obligatoires, pour que le discours soit donné en face à face. 36 sénateurs ont signé cette proposition de loi. Le fait qu’elle émane d’une assemblée « conservatrice » pourrait aider à son adoption par l’Assemblée Nationale, espère-t-on. 

Il s’agit de toucher les 520 000 élus des communes, car c’est à eux d’entraîner leurs concitoyens. Ils disent souvent qu’ils ne peuvent aller au-delà de leur opinion publiques, mais cela n’est pas vrai1 Les élus sous-estiment l’avis de leur population, comme on sait depuis fort longtemps. et l’attitude du président ukrainien, qui a galvanisé sa population, le montre. Pour Jean-Marc Jancovici, cité par M. Fernandez, le manque de leadership est criminel

Retour de la politique

Aujourd’hui notre monde est bouleversé, nos équilibres s’écroulent, on la rejoue empire contre empire, la souveraineté devient le mot-clé; c’est le retour du tragique, le retour de la suprématie de la politique sur l’économie.

La complexité de la situation en revanche ne doit pas être sous-estimée, et elle s’aggrave, explique le climatologue Hervé Le Treut, membre du GIEC. On ne peut plus empêcher les effets de l’accumulation des gaz (ils ont été multipliés par 4 depuis 1960), on doit donc se protéger. Il y a une vraie compétition aujourd’hui entre la nature et nous. Pourtant le député Matthieu Orphelin, en ligne, souligne qu’à peine 15% de la population française a pris connaissance du rapport. 

Hervé Le Treut s’étonne : on a « obéit » aveuglément aux injonctions de la science, jusqu’à l’enfermement, pour la crise du covid. Il faut en faire autant pour le climat ! La question du climat doit être centrale dans toute action. 

De gauche à droite : Hervé Le Treut, Olivier Henno, Aurélien Sebton (initiateur de la démarche), Guillermo Fernandez

Alors évidemment, si le gouvernement voulait bien ne plus envoyer des signaux contradictoires, du genre subventionner les gens pour qu’ils achètent de l’essence, ce serait mieux. Si le président de l’Assemblée Nationale voulait bien être un peu plus à la hauteur, ce ne serait pas mal non plus. Le député Matthieu Orphelin raconte que l’Assemblée nationale a reçu Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe scientifique du GIEC, mais que le président Ferrand avait refusé toute solennité. Au lieu qu’elle intervienne dans l’Hémicycle elle n’a pu le faire que devant la commission du développement durable, une commission secondaire, selon Orphelin, remplie de convaincus. Idem avec Greta Thumberg, Orphelin rapporte que, à la question de la jeune fille sur le budget carbone restant, le président de l’Assemblée Nationale, faute de connaître la réponse, n’avait eu d’autre solution que de détourner les yeux…

 

Rapport 2022 du Giec : une nouvelle alerte face au réchauffement climatique

Proposition de loi tendant à sensibiliser les élus locaux aux enjeux du réchauffement climatique (Sénat)

Deux livres en rapport  : 
Le jour de l’effondrement, que ferez-vous ? 
Ombres et Lumières, par Hervé Krief : retour à la bougie?

Un article :
Le Shift project pousse à sortir l’économie de la dépendance aux fossiles, et montre comment faire

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promeneur
2 années

C’est triste à dire mais la guerre russo-ukrainienne va accélérer l’abandon du pétrole et du gaz. C’est bon pour le climat.

Lomig
2 années
En réponse à  promeneur

Ce n’est pas du tout bon pour le climat, car l’Allemagne par exemple risque fort de replonger dans le charbon, et plus précisément le lignite qui est encore plus mauvais.

Dambrine Michèle
2 années

Cet abandon n’est même pas certain… 🙁

Adrien
2 années

Mouais… Je suis élu local, dans un tout petit village. Je n’ai pas vraiment besoin de lire le rapport du GIEC. Je suis déjà convaincu du désastre qui nous attend.
Mais quand les seules préoccupations de la population sont le prix de l’essence et les dangers de l’immigration (enfoncé dans la tête par les media comme danger numéro 1 depuis 20 ans), il est difficile de leur faire ouvrir les yeux face aux vrais problèmes. Au mieux, ils ont commencé à comprendre que c’était la merde (parce qu’on le voit plus clairement qu’en ville quand nos prairies sont complètement désséchées l’été), mais ils ne comprennent pas ce qu’on peut faire contre.
Quant aux élus des villes, s’ils ont compris qu’il fallait faire des pistes cyclables, ils n’ont pas le courage de virer pour de bon les bagnoles. Au contraire, ils pensent être écolos en prenant des mesures qui incitent les gens à consommer des bagnoles neuves et à rouler en ville avec. On marche sur la tête.
Et puis la bagnole n’est pas le seul problème. On parle encore peu de remettre les marchandises sur des trains (et de consommer moins, aussi) et on ne fait pas encore de miracles concernant l’isolation des logements même si on en parle beaucoup… Sans parler de l’aviation… civile ou militaire…
Donc moi, je veux bien avoir ma part de responsabilité en tant qu’élu local pour influencer les comportements (d’ailleurs, on agit déjà concrètement dans mon village en créant des cheminements piétons). Mais il faudrait que ceux qui ont davantage de moyens d’agir commencent à agir dans le bon sens, ou au moins cessent d’agir dans le mauvais sens.

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