Le roman très bien ficelé des magouilles du Tour de France, des origines à la guerre de 40
Ce bouquin génial bénéficie d’une astuce de rédaction qui fait alterner le récit par un membre de l’organisation et celui d’un coureur à une époque. C’est habile et très efficace car nous vivons de l’intérieur la création du Tour et ses 33 éditions jusqu’à la mort de son fondateur, en 1940. Un récit très vivant qui vous fera enfin vous souvenir du rôle de chacun, bien mieux que tous les excellents livres d’histoire.
Le bouquin révèle les arrangements avec le règlement, son adaptation permanente pour faire gagner les Français, ses combines, ses compromissions avec les annonceurs, le rôle joué par les fonds extérieurs … et les tirages exponentiels qu’il apporte au journal qui l’a créé. On comprend pourquoi le Tour a été (et est toujours) le bon dernier à accepter les progrès sur les machines (sous le prétexte de ne pas défavoriser les concurrents les moins riches), et pourquoi le journal L’Auto fut contraint de changer de nom à la Libération pour devenir … L’Equipe. Une fin peu glorieuse pour une histoire racontée comme une épopée.
J’ai donc plongé dans ce livre le soir-même de son arrivée, et l’ai avalé quasiment d’une traite… non sans m’agacer du travail défaillant de l’éditeur. Qu’il confonde plateau et couronne, à la rigueur. Qu’il oublie un s de pluriel dans la page de titre, cela se voit. Confondre Relayer et Reléguer (à la xeme place), réserver un accueil triomphant alors qu’il est triomphal, rompre le silence pour pouvoir parler, au lieu de l’imposer, et se mélanger les pinceaux dans le dispositif narratif au début … ne sont fautes ni de frappe ni d’orthographe mais bel et bien d’édition.
Eh bien, malgré vos avis courroucés je vous invite vraiment à le lire, il figurera dans ma liste de livres sur le Tour de France vu de l’intérieur, dans ses turpitudes et ses arrangements. Les coureurs traitent les organisateurs d’assassins, et on les comprend. Ce livre se lit comme un roman d’action. Je dirais même plus, merci à son auteur !
Benoît Leclercq
Le journaliste et le coureur
Les coulisses de la folle histoire du Tour de France (1903 – 1940) sous Henri Desgrange, son créateur
Editions Jets d’encre, juin 2023
20 €
Distribué par Hachette Livres.
Emporté par les commentaires élogieux d’Isabelle, j’ai commandé et lu ce livre.
Avec un réel intérêt pour la partie « journaliste », la personnalité hors normes d’Henri Desgranges, les « petites et grandes péripéties » de la genèse et de l’histoire de cette légende de notre sport.
Mais je n’ai pas aimé du tout les inserts « coureur » sans intérêts autres que les chicaneries entre couples, la belle fille Hortense débile mentale (qu’est-ce que cela apporte au récit d’un participant effectif… dont je doute de l’existence !
Et j’ai vraiment regretté mon achat quand j’ai lu en page 88 que les coureurs – qui franchissaient pour la première fois le Tourmalet – ont parcouru l’étape LUCHON-BAYONNE en franchissant d’abord le col d’Aubisque, puis le Tourmalet avec la descente jusqu’à Ste-Marie-de-Campan… avant de revenir aux Eaux-Bonnes…
Soit je ne sais pas lire, soit j’ai perdu la mémoire, soit le monde a la tête à l’envers… mais l’enchaînement des cols pyrénéens de Luchon à Bayonne lors de mon TDF randonneur de 1997 éttait Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Soulor/Aubique, Marie-Blanque…
Bien davantage que les fautes d’écriture déjà signalées, que les jeux de mots plus que douteux (souvent aux dépens de cette pauvre Hortense), cette erreur « géographique » laisse beaucoup d’interrogations sur la véracité des faits rapportés et le réelle valeur de ce livre.