Le fondateur et ancien président de CycloTransEurope était un intellectuel et haut fonctionnaire français. Agé de 101 ans Philippe Bernard a vécu pleinement quasiment jusqu’à ces derniers jours. Il est décédé ce 12 mars 2024 à 18 h.
Fondateur de CycloTransEurope en 1996 il fut aussi professeur d’économie à Polytechnique, haut fonctionnaire international, auteur de nombreux ouvrages d’économie, et résistant.
C’est en rencontrant l’Américain Franck Davidson que cela prit forme. Franck était parachutiste, ils se sont connus lors du Débarquement et la sympathie est toujours demeurée entre eux. Marié à une Schlumberger, Frank fourmillait d’idées humanitaires, comme construire un port pour Gaza. Il rêvait aussi d’une véloroute du nord au sud de l’Europe. Comme il ne mettait pas ses idées en oeuvre lui-même, il les finançait si quelqu’un s’en emparait. Voilà comment les choses ont commencé pour l’eurovéloroute n° 3, à la retraite de Philippe. Il n’était pas dans le monde du vélo et alla trouver des soutiens auprès de MDB et du Réseau vert. Son sens du contact lui ouvrit de nombreuses portes alors que le projet d’eurovéloroute était, à cette époque, une nouveauté, un objet non identifié par les élus et techniciens. Lui, savait y faire, et a su trouver les financements après le décès de son ami.
Philippe Bernard avait aussi le don de savoir s’intéresser à tout et tous, ce qu’il fit jusqu’au bout. Lors de ses 100 ans l’association avait organisé un petit évènement et sa présence, son intérêt pour chacun, son petit discours prononcé debout, tout révélait l’homme qu’il était, quelqu’un de profondément présent à son époque.
1ère rando de CTE Creil-Paris-Orléans – Séverin Swiatkowski porte le poteau du point kilométrique zéro
inauguration du premier tronçon de la Loire à vélo (EV3 aussi) Chaussée st Victor,
avec Jacqueline Gourault, maire (future sénatrice et ministre)
Haut fonctionnaire
Il fut économiste à l’OCDE et à la Banque mondiale. Il travailla aussi au Sénat, s’y ennuya, mais garda toujours un souvenir fort de mon oncle Jean-Louis, qui y fit toute sa carrière. Il eut des missions en Algérie ou en URSS et fut toujours un intellectuel. Un de ses bouquins étant assez critique sur les Grandes écoles il fut embauché par l’X comme directeur des Humanités, poste qu’il garda jusqu’à sa retraite.
avec Michel Sapin président du Conseil régional du Centre
avec Charlotte Nenner adjointe à Paris : arrivée de la rando CTE-Dynamobile Bruxelles/Maastricht
Résistant⫿
Pendant la guerre il montait chaque semaine la rue du Télégraphe (Paris 20eme), très pentue, en poussant son vélo chargé des plombs pour l’impression d’un journal clandestin … Sa vie fut sauvée plus tard par une habitude qu’il garda toute sa vie, celle d’être en retard. Cela permit à des riverains de l’alerter de ne pas se rendre à son rendez-vous clandestin. Il avait alors 20 ans. Philippe tenait beaucoup à ce qu’on se souvienne de cette période de sa vie.
Lors du Débarquement il s’engage dans la première armée avec le général Delattre de Tassigny pour finir la guerre aux côtés des Américains. Il est blessé à Colmar et en garde un bras raccourci, ce qui lui valut d’être reconnu Grand Invalide de guerre et de pouvoir garer son auto n’importe où, ce qui l’amusait beaucoup.
Axe vert de la Thièrache
après une réunion ou avant une sortie de terrain
Gare de St-Ouen de la Petite-C einture, Paris.
Suite à la rencontre avec Léa Balage sur la bataille train + vélo dans la LOM
Présentation à Bordeaux du topoguide sur l’EV3 : Tours – Côte basque
Utopiste pratique
Philippe Bernard, doté d’une immense culture, a prononcé nombre de conférences sur les utopies. Il avait une vision politique du monde, et était pleinement conscient que le monde changeait, que nous étions à la veille de grandes transformations et que donc le vélo allait s’imposer. Lui-même resté cycliste, il eut le malheur de faire une chute lors d’un repérage sur la piste du canal de l’Ourcq, à l’entrée de Paris, et de perdre quelques instants connaissance. Il avait 80 ans et il dû arrêter le vélo. Cela lui a beaucoup manqué.
Je garderai de lui le souvenir d’un homme présent. Présent à l’action, présent aux uns et aux autres, raisonnablement sérieux et souriant le reste du temps. J’aimais beaucoup aussi avoir en commun avec lui le souvenir de mon oncle et parrain.
Photo de tête : 15 mai 2017 – Draveil, repérage rive droite de la Seine pour valider la demande commune CTE – FCDE que l’EV3 soit sur cette rive.
Toutes les photos de cet article m’ont été fournies par CycloTransEurope.
Lire aussi :
- MÉDAILLÉ DE LA RÉSISTANCE PAR DÉCRET DU 24/10/1945, PHILIPPE BERNARD NOUS A QUITTÉ LE 12/03/2024 Ordre de la Libération
- Philippe Bernard est parti. Sur le site de CycloTransEurope
Quel personnage hors du commun ! Respect !