Le rapport annuel de la Cour des Comptes a été rendu public aujourd’hui et porte sur l’action publique face au changement climatique. La deuxième partie porte sur le cadre de vie et les infrastructures, dont le quatrième chapitre s’intitule L’adaptation des villes au changement climatique. C’est le seul qui m’a paru pouvoir répondre à la question : que disent-ils du vélo ? En fait on parle de tout autre chose.
Pour la Cour les diagnostics de départ sur la situation des villes sont souvent incomplets et périmés. Par exemple dans le Grans-Est le plan de gestion des risques d’inondation ne tient pas compte du changement climatique. Les ilôts de chaleur ne sont pas toujours recensés, alors qu’ils aggravent fortement les conséquences du changement climatique. Les données utilisées sont souvent insuffisantes, comme on l’a vu récemment lors des inondations dans le Nord.
De nombreuses stratégies d’adaptation sont superficielles et insuffisantes, sans programmation. Les « plans » sont déconnectés de ceux de leurs voisins, de ceux de leur agglomération et du plan national.
Contrairement à d’autres États, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, qui privilégient l’initiative locale, la France a opté pour un cadre contraignant à l’endroit des collectivités territoriales en matière d’adaptation. En contradiction avec ce choix, les services de l’État et de ses opérateurs ont donné la priorité à des mesures d’incitation.
Ces nombreux « contrats » labels et « conventions » compliquent la vie et la coordination, et se concurrencent les uns les autres ou avec les autres documents de planification. Il faudrait aussi, selon la Cour, revoir les organigrammes et mieux (…) former les élus et les agents. En revanche l’association des citoyens est assez largement présente, sans que la Cour ne porte de jugement sur leur qualité.
Enfin les aspects financiers sont insuffisamment pris en compte, et le « prix de l’inaction » totalement passé à la trappe. Les montants mobilisés sont souvent trop faibles et les ressources insuffisamment sollicitées.
Des arbres et des forêts
C’est la végétalisation qui est la stratégie privilégiée dans les villes pour s’adapter aux vagues de chaleur. Elle est donc traitée largement.
Les solutions relatives aux infrastructures (désimperméabilisation des sols, forêts urbaines), ou aux modes de vie (horaires de travail, ouverture des fenêtres la nuit…) sont soulignées brièvement.
En matière de végétalisation des villes, je dois dire que Londres et Madrid, à la lecture du rapport, semblent nettement plus ambitieuses que n’importe quelle grande ville française. Madrid par exemple a entrepris de permettre une connexion des banlieues entre elles en créant une zone piétonne de 75 km de long et en facilitant l’accès au centre-ville à vélo.
Le rapport souligne cependant que l’effet de ces forêts ne sera complètement effective que dans une vingtaine d’années, le temps que les arbres poussent.
Les recommandations
En conclusion, la Cour des Comptes recommande de
- Rationaliser les documents de planification
- Mieux jouer la carte des stratégies locales conjointes
- Faire des programmations financières
- Etablir des plans de protection du patrimoine naturel.
Curieusement aucune mention des modes de déplacement … non polluants. Le rapport est divisé en chapitres dont les titres aident à piocher. Dans la seconde partie intitulée Le cadre de vie et les infrastructures, seule la 3eme partie traite de mobilité, sous le titre L’adaptation du réseau ferroviaire national au changement climatique. Il s’agit surtout de l’infrastructure, du matériel et de la gestion des problèmes.
—Rapport public annuel 2024 de la Cour des Comptes—
Le Monde publie une présentation évidemment plus large sous le titre de La situation des finances publiques en France est « préoccupante », juge la Cour des comptes. On n’est plus dans le « préoccupant » mais dans le « très sérieux ». Les prévisions de Bercy sont « très optimistes ».
Matignon a d’ailleurs commandé à la Cour trois rapports pour alimenter la revue de dépenses publiques engagée par le gouvernement : sur la participation des collectivités territoriales au redressement des comptes, sur la sortie des dispositifs de crise Covid-19 et énergie – ces derniers ont coûté près de 260 milliards d’euros d’argent public depuis 2020, a calculé la Cour – et sur la régulation des dépenses de l’Assurance-maladie.
Le Monde, 12 mars 2024, en ligne