Le fonds vert financera un peu le vélo, une réserve civile pourrait être créée, et pour le reste on piétine

Article

Accueil » Politique cyclable » Réglementation » Le fonds vert financera un peu le vélo, une réserve civile pourrait être créée, et pour le reste on piétine

Les aménagements cyclables, les logements neufs et le littoral avec la mer ont été ajoutés aux bénéficiaires du fonds vert. Ce fonds a pour objet de participer au financement de la transition écologique en apportant une réponse à trois défis qui ne relèvent déjà plus de la transition mais de l’adaptation : 

  • Adaptation au changement climatique, c’est-à-dire d’abord travaux après inondations, cyclones et incendies, ensuite ilots de chaleur, transformation des cours d’écoles …
  • Recyclage des friches, vers habitat, commerce et nature en ville …
  • Rénovation énergétique des bâtiments communaux, avec désormais la prise en compte de la canicule.
Plutôt pour l’accélération de l’adaptation

Pour le vélo cela remplace le fonds Mobilités actives, avec à peu près les même modalités mais beaucoup moins d’argent. M. du Crest, coordinateur interministériel pour le vélo et la marche, précise que les fameux dossiers qui attendent toujours peuvent être à nouveau présentés avec le même contenu si celui-ci n’a pas évolué (oh le joli piège ! ceux qui ont amélioré leur dossier vont-ils passer à la trappe? ). Mais attention, il y a encore plus de monde sur la file d’attente. 50 millions sont réservés au vélo, c’est très loin des 500 millions qu’il faudrait, avons-nous appris lors du congrès de la Fub, et 5 fois moins qu’en 2023. Et quand le fonds est vide y’a plus rien.

Le dispositif Fonds vert ne nécessite pas d’appel à projet. Les élus locaux peuvent directement saisir une demande d’aide sur la plateforme Aides-territoires. Renseignements exactement ici.

Rappelons que les projets Avelo peuvent aider les zones peu denses et que les dossier doivent être déposés avant le 10 mai.
Alveole+ (locaux de stationnement) se termine le 15 mai, comme le signale la société Altinnova, qui en vend. Elle donne aussi des compléments et liens sur les autres financements restants.


Depuis 2024 les dossiers déposés au titre du Fonds vert peuvent être examinés au titre des autres dotations de l’Etat, dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR), notamment, et inversement. C’est censé simplifier le travail des porteurs de projets.

A partir de 2025, et comme je l’avais annoncé, le Fonds vert est mobilisé de façon inédite pour l’adaptation au changement climatique des territoires. Une étape importante est franchie pour aider les collectivités locales à anticiper les risques et mieux les connaître, investir dans nos infrastructures et préparer et protéger nos concitoyens face aux aléas climatiques futurs.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche

Il s’agit bien d’adaptation, et le 10 mars dernier la même ministre avait présenté le Plan national d’adaptation au changement climatique, en parlant des inondations, de la baisse de rendement de l’agriculture et de leurs impacts sanitaires, le tout calculé en euros et sans panique puisque notre économie continue à croître, dit-elle …

Elle n’a pas cité, sauf erreur, les métiers du bâtiment, qui déclarent que plus des deux tiers de leurs entreprises sont touchées par des retards dus à la météo, avec pénalités financières pour 20% d’entre elles. Une météo imprévisible engendre aussi des pannes d’équipement selon 41% des répondants. Source : Batinfo citant une étude dans 11 pays européens. Là on pourrait assez vite tomber dans la compensation, oubliant l’adaptation suite à l’absence de prévention, et comme si les BTP ne figurait pas parmi les gros responsables1Le secteur du bâtiment représente 38% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, et son impact carbone a des origines multiples. Cercle Promodul du désastre actuel. Attention aux fausses pistes !

Il y a peu d’action, on en est encore aux parlottes. La stratégie bas-carbonne sera en consultation cette année, la trajectoire de référence sera définie bientôt. On devrait modifier le code du travail pour permettre de ne pas travailler aux heures les plus chaudes…  Cela est bien de l’adaptation et du futur. Et du dérisoire.

Disant cela je rejoins l’avis mitigé du Haut Conseil pour le Climat. Avec grande prudence celui-ci « souligne un décalage entre les mesures prises pour faire face aux impacts du changement climatique et les besoins d’adaptation.  » Il recommande par exemple de renforcer la valeur juridique du Plan ou de « de compléter les mesures d’adaptations incrémentales2ajout par palier, afin d’être certain que chaque amélioration ne provoque pas de dysfonctionnement par la planification d’adaptations transformationnelles « … Tout ceci étant résumé par La Tribune ainsi : Climat : pour le HCC, la politique d’adaptation n’est pas à la hauteur des enjeux.


La seule chose sérieuse à mes yeux c’est l’évocation de la création d’une « réserve civile » pour aider à la gestion des catastrophes, et à l’adaptation à l’après, avec aussi la nomination d’un référent « Adaptation » dans chaque préfecture. Est-ce vraiment à la hauteur ? Ou doit-on penser que cette réserve civile pourrait être la préfiguration d’engagements pour une autre sorte de catastrophe ? 


France aux abris, plutôt.

▶️ Sur l’écologie, un grand renoncement à l’œuvre en France et dans le monde. Le Monde, 15 mars 2025.
Déjà marginalisée en France et en Europe depuis l’irruption de la guerre en Ukraine, la défense du climat et de l’environnement se retrouve piétinée dans le chaos géopolitique créé par l’administration Trump.

▶️ Impacts du réchauffement : « La France n’est pas prête », met en garde le Haut Conseil pour le climat. Le Monde, 14 mars 2025.
Jean-François Soussana, le président de l’instance consultative indépendante, estime, dans un entretien au « Monde », que le plan, présenté lundi 10 mars par le gouvernement, ne propose pas assez d’adaptations de grande ampleur et que les financements restent très insuffisants. « Le Pnacc constitue une première étape importante, qui va dans le bon sens, mais la France n’est pas encore prête à faire face aux conséquences du changement climatique. Ce plan propose des adaptations incrémentales, c’est-à-dire des ajustements de pratiques, qui se heurtent à des limites. Or, nous avons besoin de transformations des systèmes. » 

▶️ Plan national d’adaptation au changement climatique : place à la territorialisation. Localtis, 10 mars 2025 (et lu par moi le 16 mars, soit bien après ma rédaction). Un article très complet sur le Plan national d’adaptation au changement climatique.

Partager sur :

S’abonner
Notification pour

1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Noel
7 mois

Une fois de plus la médiocrité des gouvernants éclate au grand jour.

Agenda

Évènements à venir

En Bref

Lectures & Documents

Cet hiver vous lirez sur l’eau

Deux ouvrages sur l’eau, l’un scientifique, l’autre plus « poétique », en lien avec notre intérêt pour les véloroutes le long des fleuves, et en appel sur les deux prochains articles.

lire plus

Actualités & Récits