Congrès Fub 2025, l’enthousiasme l’emporte sur les difficultés

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Un record de participation avec 1000 congressistes, un salon très important au milieu et à l’allure désordonnée et joyeuse, en plein dans tous les trajets … l’idée de faire cet évènement des 27 et 28 février 2025 au Cent-Quatre, une lieu municipal parisien, fut une très riche idée. Ce fut un congrès où les personnalités n’ont pas rechigné à venir, sauf le ministre des Transports, qui accompagnait le Président de la République au Portugal.

Le déjà ancien président Olivier Schneider a d’abord reconnu avoir eu beaucoup de chance en arrivant au moment où les vents allaient être favorables. Il cite les anciens, Pierrre Serne, président du Club des villes cyclables, Mathieu Orphelin, ardent député, Elisabeth Borne, ministre des Transports, Edouard Philippe, Premier ministre. Et de rappeler la Loi d’Orientation des Mobilités.

Olivier n’a pas parlé de « Pouvoir du vélo », pourtant titre banal du congrès, mais plutôt du pouvoir à prendre. N’ayant pas pu faire la transition avec ses successeurs, alors que c’était prévu pour 2024, il a donné l’essentiel de ses recommandations dès l’ouverture du jeudi. La principale c’est d’être aux aguets, de saisir les opportunités, même si elles ne sont que partielles, c’est d’être prêt à bondir, tout en sachant attendre le bon moment. Avoir les bonnes intuitions est aussi bien utile.

Pour le vélo, la première exigence c’est d’y croire, dit-il enfin.

Clément Dusong (historien), Annie-Claude Thiolat, Olivier Schneider, Séraphin Elie (Fub)

Malheureusement le départ d’Olivier coïncide avec une période d’austérité et de perte d’appétence pour le vélo chez les ministres succédant à Elisabeth Borne. A ceci s’ajoutent les difficultés financières, les programmes payés par les Certificats d’Economie d’Energie (CEE) qui vont fondre, et Bercy qui risque d’être un féroce gardien du peu qui restera. Olivier se dit qu’il a bien fait de saisir la perche de ces CEE en faisant rentrer la filière vélo parmi les bénéficiaires, instituant ainsi une proximité vertueuse, et une première mondiale. Il l’appelle tout de même à faire du durable, et non du chiffre, car le vélo est par nature éternel. D’ailleurs tant qu’on ne pensera pas globalement on fera fausse route.

Olivier ne se montre pas inquiet pour l’avenir de la Fub, mais constate comme tout le monde qu’elle sera au creux de la vague, car aucun progrès n’est linéaire, constate-t-il. Indéniable progrès en tous cas, désormais les journalistes sont souvent cyclistes eux-même, le vélo n’est plus regardé avec condescendance. Il est admis que le vélo est un vrai moyen de déplacement. 

Jacques Baudrier, élu parisien qui s’arrange toujours pour être là où il va pouvoir agir, et faire rire, est un champion des montages financiers acrobatiques. Il était au congrès en tant que vice-président de la Métropole du Grand-Paris « délégué aux Pistes cyclables ». Il propose d’assoir les financements pour le vélo sur la taxe sur les bureaux, sur une portion de la TVA dans certains secteurs géographiques, en faisant une péréquation entre centre-villes et périphéries… alors que la manne des redevances autoroutières tire à sa fin, ces joyaux revenant dans le domaine public. 

Thierry du Crest (coordonnateur interministériel), Céline Scornavacca (co-présidente Fub), Grégoire de Lasteyrie (vp Région IdFrance), Jacques Baudrier (Métropole du Grand-Paris), Morgan Boëdec (journaliste)

Pour les intervenants venus à la tribune il est indispensable que l’Etat s’implique, ne serait-ce que pour donner un cadre, afficher le vélo comme moyen de déplacement, faire sentir à chaque maire qu’il fait partie d’un vaste mouvement, et assurer l’égalité de tous les citoyens. En effet les communes riches peuvent parfaitement continuer à agir sans solliciter l’argent de l’Etat, alors que c’est elles qui savent le mieux le faire. Il faut aussi revenir à des plans pluri-annuels, faute de quoi les petites communes ne peuvent rien commencer. 

Attention aussi, plaident-ils, il ne faudrait pas penser seulement en économie du tourisme à l’échelle nationale. Le quotidien de chaque citoyen est autrement décisif, souligne Frank Dhersin, sénateur des Hauts-de-France. L’Etat a pour rôle d’assurer la cohérence nationale, souligne Guillaume Gouffier-Valente, député du Val-de-Marne. lI le fait pour les routes, comme si l’automobile était son domaine, et pas pour le vélo. 

Après une année 2024 catastrophique, où c’est recevant les délégués suite à la mort de Paul Varry que le ministre Durovray avait dit tout de go qu’il n’y aurait pas de plan vélo. Ce qui voulait dire que les 400 dossiers en attente étaient oubliés et que l’on ne pouvait pas avoir confiance en la parole de l’Etat. Le risque de découragement était fort. 

Guillaume Gouffier-Valente (député), Frank Dhersin (sénateur), Françoise Rossignol (co présidente Réseau Vélo&Marche), Jacques Fernique (sénateur), Céline Scornavacca (co-prés. Fub), Guilhem Dedoyard (journaliste)

Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin, espère que le comité interministériel du vélo se réunira enfin pour sa troisième séance (voir Le comité interministériel pour le vélo aura lieu courant mai, avril 23). 

En attendant il a mis fin à une incertitude. Il a fini par comprendre qu’il y aura bien 200 millions pour le fond Vert, sur lesquels on prendra 50 millions pour le vélo. C’est très loin des 500 millions qu’il faudrait selon Céline Scornavacca, autre co-présidente, et ce n’est encore qu’oral, s’alarme le sénateur, qui précise que c’est aussi 5 fois moins qu’en 2023. Françoise Rossignol alerte sur l’urgence, car en mars prochain auront lieu les élections municipales avec le risque de devoir repartir de zéro. 

Au moins la conférence des financements devrait-elle se tenir avant l’été, et contrairement aux annonces elle ne se limitera pas aux SERM, Services Express Régionaux Métropolitains, ou RER métropolitains. Elle concernerait « toutes les mobilités » et la Fub, la FFCT et le Réseau Vélo & Marche jurent qu’ils y seront. 

Le rapport établi par la Fub à partir des questionnaires est impressionnant. 34 % des violences ont eu lieu sur des aménagements réservés aux cyclistes, 9/10 au moins sont dues à des hommes, et 1/10 est commise alors-même que des enfants sont présents. 1 accident de cycliste sur 100 connaît des suites judiciaires… 

Hélas, cela va à contre-courant si l’on comprend que le vélo relie les gens, évite l’isolement, relève du soin, en quelque sorte, selon Séraphin Elie, membre de la collégiale. Le vélo requiert des interventions très diverses, sans oublier qu’en milieu rural il n’y a souvent aucune solution autre que l’automobile, laquelle est une impasse ruineuse. 

La Fub a émis une quarantaine de propositions, parmi lesquelles l’adoption de l’objectif « vision zéro » (Zéro accidents), la rapidité des sanctions, la formation (certains ne se rendent même pas compte de ce qu’ils font) … Les esprits balancent entre cause infrastructure et cause sociologique, pour conclure que aménagements et comportements n’étaient qu’un tout. Par exemple les Voies lyonnaises, présentées par Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole de Lyon, sont rétrécies à l’approche d’une intersection pour obliger les cyclistes à ralentir. Retirer les feux est également très efficace dans certains cas.  

Certains penchent plus sur la réglementation, d’autres sur des actes forts, on s’est même dit qu’il faudrait punir les concepteurs des mauvais aménagements. Tous tombent d’accord sur le fait que les carrefours sont prioritaires dans les urgences car c’est là que se produisent les accidents. Jacques Baudrier voudrait que les communes puissent interdire les SUV chez elles, comme elles peuvent le faire pour les trottinettes, qu’il ne mentionne pas. 

En revanche, la répression, surtout telle qu’elle est pratiquée, est sujette à discussion. Il faudrait expliquer, il faudrait que les montants soient revus, ai-je entendu sur un sujet qui mérite bien plus. 

▶️ Il faut changer les bases du code de la route, nous dit l’Université. Un congrès universitaire tenu au Havre en octobre 2013

Le rapport de M. Barbe, chargé de la « Mission contre les violences routières, pour protéger tous les usagers de la route« , sera remis au ministre courant avril. 

Ceci n’est qu’un aperçu de ce congrès prolifique où les ateliers, visites d’exposition (l’histoire du vélo à Paris, guidée 4 fois par Clément Dusong, son commissaire), visites de terrain, conférences, visite du salon et rencontres nombreuses, se superposaient dans tous les sens. C’est fait exprès, m’explique Vincent Dulong, délégué général de la Fub, qui a coordonné le tout, cela plaît beaucoup, chacun peut « grapiller ».

Tout le programme est sur le site de la Fédération des Usagères et Usagers de la Bicyclette, Fub.

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Noel
9 jours

Le code de la route mérite un sacré toilettage, comme vous le dites, ainsi que la formation au permis de conduire vu le nombre d’infractions et de mauvais comportements. La preuve de ce diagnostic c’est l’absence de réduction du nombre d’accidents et de leur gravité depuis des années.
Le développement de l’usage du vélo est compromis par l’absence d’un soutien actif de la part du Gouvernement, comme cela a été dit sur ce blog, et d’un accompagnement, ne serait ce qu’au niveau de la communication et de la santé. Dommage une fois de plus qu’il n’œuvre pas davantage pour le bien commun.

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