La FFCT retape sa stratégie financière

Article

Accueil » Actualités » Economie et associations » La FFCT retape sa stratégie financière

La FFCT (Fédération Française de CycloTourisme) s’inquiète. Baisse des effectifs, finances en berne, elle envisage de vendre ce qui fut son Gite des 4 vents, et poursuit sa quête de notoriété, source d’adhésions. Elle fera tout pour ne pas être confondue avec sa soeur la FFC, y compris en jouant des méthodes d’aujourd’hui.

C’était une petite maison familiale achetée un franc symbolique où les cyclos pouvaient passer, faire la cuisine, laver leur vaisselle et dormir. A disposition, des casseroles et un réchaud, des dortoirs, une douche commune et un père aubergiste, Jean Mouchel, qui aimait la nature, me raconte un vieux cyclo. Mais déjà à l’époque le succès était tout relatif, le souvenir de la guerre n’incitant pas à la sobriété, et les préceptes de Velocio commençant à s’oublier.

Au fil des présidents successifs visant la rentabilité et la modernité, et des directeurs qui s’y sont succédés, plus ou moins bons, le centre-nature des Quatre-vents est devenu quasiment un hôtel, avec bâtiments modernes, salle de réunion, jacouzis, chalets en bois et camping, dans l’espoir de faire venir une population extérieure au cyclotourisme officiel, qui n’est d’ailleurs pas beaucoup venue. S’ajoute à cela aujourd’hui de nouveaux travaux obligatoires à faire, porte coupe-feux, escalier d’évacuation, extincteur, alarme etc.  Le coup de grâce est enfin tombé en avril 2024. Le diagnostic thermique a attribué le niveau G au bâtiment, c’est à dire qu’il est tout bonnement une passoire thermique. La décision de fermeture était inéluctable, elle fut prise le premier WE d’octobre 2025 à l’unanimité du comité directeur. La mise en vente ne pourra se faire qu’après approbation de l’Assemblée générale, en décembre prochain. 

Le Gite Nature des 4-Vents. Photo FFCT

Depuis que je connais la fédé je n’ai jamais entendu que des difficultés avec cet établissement ! Je vous passe les sommes qu’il faudrait sortir maintenant.

Dans les rangs on se lamente : Cette stratégie d’ouverture à des clients extérieurs1via booking ! c’est tout un programme ! a éloigné le Centre de sa mission première qui était de promouvoir la pratique du vélo et fédérer les licenciés (adhérents). Le résultat, paraît-il, c’est que ces derniers temps la fréquentation par des non-licenciés dépassait celle des licenciés, tout en étant insuffisante. 

Très haut perché, dans un coin assez reculé, il fallait être très motivé pour y monter, à 4 km de Courpière, et 6 d’Aubusson-d’Auvergne, ce qui n’arrangeait rien, conclue-t-on cette triste présentation d’une histoire qui n’a jamais trouvé son sens.

Etant donné en plus de ça que les effectifs baissent sensiblement, comme le reconnaît la direction, et que les subventions ne vont pas aller en augmentant, la FFCT va tout droit vers une fusion, me confirme le même informateur. Ce serait probablement avec la FFC comme on le suppose depuis longtemps dans les milieux bien informés2On en parlait au moins depuis mes années 2010 puisque cela a été discuté à l’Assemblée nationale en décembre 2019 lors d’une question à la ministre., car les deux fédérations ont bien des points en commun, hormis la compétition, et, surtout, une histoire commune puisque chacune est le résultat de leur séparation et que les directeurs, financés par l’Etat, passent de l’une à l’autre. Le gouvernement n’est pas fou : « plusieurs associations qui font du vélo, on ne voit cela qu’en France », sans doute, mais ont-elles une histoire aussi noble ? Si David Sayagh, dans son livre Sociologie du vélo nous fait voir une grande proximité entre les diverses pratiques du vélo il ne demande pas qu’on les confonde !

Lydie Chenot, la présidente, le dit bien, le prioritaire c’est la survie, qu’elle appelle pudiquement la « pérénisation ».  Pour cela la FFvélo (« petit nom » de la FFCT) tente d’être plus connue, et en effet le même livre cite la FFC (Fédération Française de Cyclisme) abondamment, et pas une seule fois la FFCT. Elle fait du « naming » avec le Festival Tous en Selle! dont je vous parle souvent. Naming cela veut dire qu’elle paye pour que le festival soit nommé, le temps du contrat, « Tous en Selle!, présenté par FFvélo », version moins chère de financement par le nom que Stade Matmut-Atlantique à Bordeaux, Groupama Stadium à Lyon, Kindarena à Rouen, AccorHotels Arena à Paris-Bercy, ou Tour de France Femmes avec Zwift.

A la Fédération on me précise que ce n’est que la suite d’un partenariat entamé il y a 4 ans, comme l’ont fait d’autres organisations (du Tourisme pyrénéen par exemple), consistant surtout à avoir un stand payant et à voir son logo dans les documents diffusés. Le «naming» de cette année va seulement un peu plus loin, il y a plus d’argent en jeu (j’ignore dans quelle proportion), c’est à avantages réciproques, mais pas seulement, insiste-t-on, la Fédé continue à proposer des films à la projection. J’ajoute qu’elle avait même eu en 2019 une piste d’agilité dans la rue à côté du Grand Rex, l’adresse parisienne prestigieuse du Festival.

Souhaitons à la FFCT de se relever de cette mauvaise passe !


Ajout du 14 octobre 2025 :


La FFvelo a envoyé un droit de réponse le 16 octobre à 14 h 18.

Madame,
Je prends connaissance de l’article que vous avez signé le 13 octobre 2025 sur votre blog.
Vous vous permettez de m’y prêter des propos que je n’ai jamais tenus et de porter un jugement négatif sur l’action fédérale sans aucune connaissance du projet global engagé pour la nouvelle mandature.
C’est inacceptable et démontre un manque de professionnalisme.

Sur la “pérennité” et le sens des décisions
Parler de la “pérennité” de la Fédération en détournant une phrase sortie de son contexte est une manipulation. Le sujet n’a jamais été la survie de la Fédération française de cyclotourisme, mais son adaptation et sa modernisation dans un environnement sportif et social en pleine mutation.
Le projet fédéral que nous portons repose sur une vision claire : renforcer les clubs, développer la pratique féminine et intergénérationnelle, faire du vélo un vecteur de santé, de mobilité et de lien social. Ce n’est pas une inquiétude, c’est une ambition.

Sur les finances et la gestion
Écrire que la Fédération est “en difficulté” relève de la pure spéculation. Nos comptes sont équilibrés, contrôlés et validés par nos instances. La décision de cesser l’activité du centre des 4 Vents est une décision de gestion responsable, pas une conséquence d’une crise mais un choix de stratégie de développement. Nous choisissons de réinvestir dans l’avenir, pas d’entretenir l’illusion.

Une Fédération qui se transforme
La Fédération change, c’est une réalité. Une nouvelle équipe, une nouvelle mandature, une nouvelle énergie, une nouvelle olympiade. Nous faisons évoluer nos outils, notre communication, nos modes d’action, pour toucher de nouveaux publics et soutenir nos clubs différemment. Ce n’est pas renier l’histoire : c’est lui donner un avenir.

Trop facile de juger sans comprendre
Il est toujours plus simple de commenter de l’extérieur que de construire de l’intérieur. Avant de publier des jugements hâtifs, encore faudrait-il analyser les faits, lire les projets, rencontrer les acteurs.

Le cyclotourisme mérite mieux que des raccourcis. La Fédération, elle, continue d’avancer, avec lucidité, cohérence et détermination.
Recevez, Madame, mes salutations distinguées.
Lydie CHENOT (présidente)

Partager sur :

S’abonner
Notification pour

5 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
27 jours

La FFCT a perdu sa voie au fil du temps. Écartelée entre sa base pratiquante de cyclo-sportifs et ses principes fondateurs du vélo-loisirs. Son modèle s’est peu à peu enrayé avec l’essor du VTT dont elle a raté la marche, puis la lente érosion de « l’esprit-club » qui a vu fondre ses effectifs. C’est triste d’en arriver là et de se voir absorbé à terme par l’ogre FFC.

Charles DP
26 jours

Je tiens à apporter quelques informations supplémentaires. 
A l’issue de la si décriée Semaine Fédérale (SF) de Valence à la fin des années 70, la ligue Dauphiné Savoie (organisatrice) avait décidé d’ouvrir…. un gîte pour les cyclos. La gendarmerie de Goncelin (38, dans la vallée), rachetée pour le franc symbolique fit l’affaire.
Sans que la fédé soit consultée ! Comme les dirigeants fédéraux avaient déjà l’ambiance « moderne » de la SF en travers de la gorge, là c’était trop.
Il fut donc décidé que la fédé aurait aussi son gîte. Ce serait les 4 vents (on prend ce qu’on trouve, où on trouve). Au niveau comptable, il était évident dès le départ que la fréquentation serait bien moindre (faut y monter, plus le climat, plus le désert autour, etc etc…) mais fallait pas le dire. Tant que Goncelin vivait, il fallait que le gîte fédéral fasse de même.
Et si le père Mouchel compensait le côté spartiate par sa chaleur et sa compétence, le suivant était nul. Vers 1990-92, j’avais été y faire un tour :
Le cyclo que j’étais avait dû attendre qu’on daigne venir lui ouvrir (malgré mon arrivée à l’heure dite), le chauffage n’étant allumé qu’à ce moment là. Le soir, au repas, ce fut carottes râpées, cuisse de poulet (bouillie) haricots verts, camembert et flanc … que du reconstituant pour un cyclo !
Puis il y eut la course à l’armement pour faire mieux que l’Autre et tenter d’attirer le cyclo voyageur non-autonome. Et quand Goncelin a fini par fermer (mise aux normes trop coûteuses), la fédé les a faites, pour montrer qu’elle y tenait. 
Comme c’est une passoire, que les bâtiments ne sont pas reliés, c’est quasi invendable, sauf à une association amoureuse de la solitude (secte, écolos, etc ).

Raout
24 jours
En réponse à  Charles DP

Le passé et l’avenir il faut y penser et prendre de nouvelles décisions : les temps changent, le monde change, à nous d’aller de l’avant et arrêtons de vivre avec le passé. Rappelez-vous les années 60, on a commencé déjà le changement. Les femmes doivent aussi avoir leur place pour ce sport qu’est le cyclotourisme.

Jeanne-Marie
26 jours

La disparition du gîte des quatre vents n’est pas une bonne nouvelle mais elle était attendue du fait de sa non rentabilité. Avec Jean en père aubergiste d’un gîte sans grand confort c’était une autre époque et pourtant certainement une des meilleures. Le tort de la FFCT c’est de n’avoir pas fermé le gîte plus tôt quand il était déficitaire plutôt que de l’ouvrir aux « quatre vents », c’est-à-dire à une clientèle qui soit cyclo ou non.
Aujourd’hui le manque d’adhérents ne lui permet pas de renflouer les caisses pour envisager de lourds travaux de mise aux normes. C’est triste.
J’ai eu la chance de vivre avec la FFCT la grande époque du cyclotourisme héritière du Touring club de France, mais cette époque est révolue hélas.

Gabriel Guenassia
26 jours

Si les élus avaient bien lu l’histoire de notre mouvement ils sauraient que nous n’étions que 6 500 membres en 1970 avec comme identité le cyclotourisme.
Est-ce donc surprenant que l’effet de boomerang se fasse sentir ? A faire entrer à partir des années 80, avec « la politique sport santé », une horde d’anciens compétiteurs, puis plus tard des V.T.T., puis plus tard des « vélos de ville » et poursuivre avec la motorisation des deux roues … sans à aucun moment « imprimer» notre identité de découverte du milieu, il ne fallait pas s’attendre à autre chose que des consommateurs cherchant l’assurance la moins onéreuse et non une éthique.

Agenda

Évènements à venir

En Bref

Lectures & Documents

Sociologie du vélo, un livre de David Sayagh

Le vélo est un objet de socialisation et de définition de soi. En ce moment il est un emblème des catégories supérieures, masculines et blanches. Mais l’expérience cycliste contribue aussi au renforcement des capacités d’adaptation aux aléas de la vie. Un livre plein de richesses qui laisse en suspend une partie de ses questions.

lire plus

Actualités & Récits