La FFCT sans fard à Epinal

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La Semaine fédérale est le rendez-vous annuel de la Fédération française de cyclotourisme, la plus ancienne fédération de cyclotourisme de France. C’est visible, l’ouverture souhaitée « à toutes les pratiques du vélo » n’est pas encore pour cette année.
En prime une visite du salon réservé aux inscrits et quelques articles sur la ville d’Epinal.

C’est la grande fête du vélo, me dit Jacqueline, dont c’est la seconde participation et qui affiche son appartenance aux Cyclovoyageurs de la Loire, d’Orléans. C’est comme une armée qui installe son camp, dit Yves avec fierté, lui qui connaît bien l’histoire militaire d’Epinal. Chapeau aux organisateurs, ai-je encore entendu, mais aussi mécontentement de Patrick, de Maison-Alfort, pour l’absence de bus après 20 h 30 pour rentrer aux dortoirs, le manque de fléchage, ou encore le fait que personne ne parlait anglais à l’accueil, malgré les quelques 800 inscrits non-francophones. 

Je n’ai pas osé demander combien il y avait d’hommes parmi les participants, tellement le sujet est sensible, ni la pyramide des âges.

La plupart de ces cyclotouristes-là viennent en automobile et n’ont sur leur vélo ni garde-boue ni porte-bagages, souvent même pas de sacoche de guidon !!! Ils étaient entre 10 000 et 11 000, dont au moins 10% en vélo à assistance !!! Il y a encore peu la fédé s’interrogeait sur le fait de les accepter ou non. Aujourd’hui elle va même plus loin puisque de nombreux départs avaient lieu en autocar. Rendez-vous, repas et exposition se trouvaient sur le plateau un peu en dehors de la ville dense, au centre de congrès près du centre commercial. Le camping était sur l’aérodrome, à 4 km de la ville. Tout cela ne fait pas une ambiance très cycliste, au sens où nous l’entendons habituellement..

L’office de tourisme d’Epinal s’était mis en 4, les commerçants avaient déroulé le tapis rouge devant leur entrée, des sculptures assez laides faites de vieux biclous étaient réparties en ville… mais je n’ai pas trouvé la moindre annonce en gare, pas la moindre banderole en ville, rien …  L’Office de tourisme peut toujours avoir noté que l’organisation cafouillait un peu, l’essentiel c’est que les commerçants semblent avoir été contents. Je fus quand même refusée (très mal placée… ce qui revient au même) dans une brasserie du centre-ville car j’étais seule. Pour mon hôtel par contre cette semaine était une aubaine. 

Les Vosges ne figurent pas parmi les destinations prioritaires pour les touristes, me dit l’employé en souriant. Cela pourrait changer, car la véloroute de la Moselle se fait déjà sentir et a été correctement fléchée dans sa traversée de la ville. Le guide d’itinéraire, paru cette année, y participera. 

Les parcours proposés chaque jour étaient variés, en longueur comme en difficulté, de 43 à 178 km, et beaucoup de relief qui devait permettre « d’ajouter d’autres cols à votre palmarès », comme disait la brochure. Les très belles propositions pour les non-cyclistes du jour ou de la vie (musées, visites…) et le salon auront cependant évité à plus d’un de s’épuiser.

La FFCT veut peut-être s’ouvrir à toutes les pratiques du vélo mais son centre aéré pour ados n’a pas eu de succès, son salon était strictement réservé aux inscrits, et les Spinaliens n’ont vu que des octogénaires ou presque, si l’on doit croire la page Facebook de Vosges matin, citée par VéloMaxou le 10 août. « Comment des octogénaires osent-ils venir faire du vélo en pleine canicule? » avait-il déjà cité l’avant-veille. En réalité la moyenne d’âge est quand même de 62 ans.

Sur ce point voir l’étude Fédération française de cyclotourisme : Etudes de consommation, d’image et de retombées économiques préalables à la création de l’observatoire du tourisme à vélo. Paris, 21 avril 2018. Par exemple page 22 : 11% de femmes parmi les « pratiquants » de la FFCT, âge moyen 62 ans, 48% vit à la campagne… ce qui n’a rien à voir avec la réalité française d’aujourd’hui. Beaucoup d’autres données, sur la pratique en ville ou pas, en famille ou non, sur grand route ou non, etc. par comparaison entre ceux de la FFCT et le grand public. …

J’ai malgré tout aperçu un vélo couché et un tandem, ainsi qu’un participant en short et chemisette… dans une vidéo visible depuis la page Facebook, et vu une démonstration de vélo Pino (tandem couché-droit) sur le parking.

La FFCT voulait changer de nom
pour « 
dynamiser en rassemblant toutes les pratiques et tous les pratiquants, faire du vélo un véritable mode de vie en France ».

J’ai vu aussi, le vendredi au sortir de la gare (à mon arrivée), des spectres blancs rouler sans joie. Cela fait un drôle d’effet, même si ensuite ce fut moins cadavérique. Il faisait très chaud tout de même,  je reconnais que cela n’aide pas. 

Pour conclure sur cette semaine fédérale, la canicule des premiers jours, la tempête du jeudi midi, celle de la nuit du mardi… auraient pu provoquer plus de défections parmi les campeurs. Ainsi qu’on me l’a raconté celle de mardi fut si violente qu’elle renversa la rangée de WC et éparpilla pas mal d’affaires, faisant courir les camping-caristes en tous sens à 3 h du matin ! Tout cela pose la question de la date. Le changement climatique est bien là, et l’abus de l’automobile n’y est pas pour rien. Il faudrait changer de mode de vie, en effet.

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Le lendemain nous étions une dizaine à prendre le train. Tous changeaient à Paris. Tous nous avons donc eu au moins 3 TER successifs et 6 heures de voyage (dont deux fois une heure d’attente) pour environ 350 km. Seuls les cyclistes en train ont des sacoches et du barda. Alors un « grand merci » pour les escaliers de la gare d’Epernay… Sur le sujet Train et vélo, on peut lire Voyager en train avec son vélo : possible mais pas simple, sur le site du journal l’Union.

——–— Le salon————————–

Chers lecteurs, j’ai pu y pénétrer pour vous, et y passer du temps, malgré chaleur étouffante et vacarme effroyable. J’y ai vu deux choses principalement, que je m’empresse de vous révéler. 

Les « constructeurs » de belles machines, de randonneuses avec porte-bagages et éclairage … étaient regroupés, au milieu, à l’initiative de leur syndicat vieux d’un an (créé grâce à la résurrection du concours de Machines, qu’organisait autrefois la FFCT). Excellente chose, chaque région ou presque en a au moins un, ce sont les constructeurs des vélos sur mesure, aux petits soins pour toutes les marottes du client. En voici une liste que j’espère pas trop incomplète.

Les vélos à assistance. Ici l’assistance s’applique à un vélo de type course, elle est donc la plupart du temps presque aussi discrète qu’au Tour de France. La batterie se cache dans le tube diagonal, l’enclenchement se fait par un bouton épousant la forme du cadre, et l’assistance n’est en principe sollicitée qu’en cas de coup de pouce. On en voit même dans un cadre en carbone !!! 

  • Montana, vendu par Veryvelo
  • Merida
  • de Villiers
  • Les cycles Moustache, qui ne font que du vélo à assistance, à Epinal, et sont les meilleurs de France, présentaient 4 vélos de randonnée, des normaux et des rapides, tous dans la série « Dimanche ». Là la batterie reste très visible, et c’est le confort qui a été recherché.
  • Duret-Gelliano montrait également une roue arrière électrique adaptable à tous vélos, surtout de ville, qui va avec une batterie en forme de joli bidon. 

 

Les dames ne sont plus que 20% des effectifs de la FFCT, et encore une bonne partie d’entre elles accompagnent-elles leur bonhomme sans vraiment rouler.

Le « rassemblement de toutes les pratiques » du vélo, souhaité par la FFCT, n’est pas pour demain !

FFCT
Page Facebook spéciale, avec photos et vidéos.

L’an prochain ils seront à Cognac, au bord de la Flow vélo. Un nom aussi précis que CycloMerveilleuse, Vélodulcinée ou Échappée bleue, mais sonnant plus frangliche, au moins, à la mode d’aujourd’hui. Même le journal ne sait pas ce que ça veut dire.

Vélo&Territoire veut aussi « fédérer autour de la vision partagée de la France à vélo 2030« . Voir l’article Les territoires du vélo virent à la confusion qui montre que la tentation d’élargir son territoire est chose bien … partagée.

Sur l’histoire de la FFCT on peut lire :

Sur Epinal j’ai publié deux articles :

J’y décris des aménagements subtils. Trop subtils pour être facilement perçus, sans doute. Velomaxou a vu tout autre chose, en tous cas :

♥ Merci à JJ92, D. R. et Fr. C. pour leur lecture attentive…

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5 années

Merci pour le reportage. J’ai évoqué la Flow Vélo dans une « carte postale » en juillet.
C’est du work in progress ! 🙂

5 années
En réponse à  Isabelle Lesens

Exactly ! 😀

5 années

Intéressant ton retour sur la semaine fédérale, j’ai vu beaucoup de posts sur facebook, mais écrits que par des hommes. Il n’y avait pas beaucoup de femmes, mais des familles de cyclotouristes, tu en as croisées ?
Quand je « m’entraîne » je suis souvent accompagnée par mon fils de 2,5 ans. Je voulais m’inscrire dans un club de cyclotourisme, pour partager ma passion du cyclotourisme et du voyage à vélo, découvrir d’autres parcours, et pour ne plus pratiquer seule dans mon coin. Mais la moyenne d’âge, et le fait que je ne pourrais pas rouler avec mon fils, me décourage. En attendant on fait des rencontres sur la route…

5 années

« …Par exemple page 22 : 11% de femmes parmi les « pratiquants » de la FFCT, âge moyen 62 ans, 48% vit à la campagne… »
J’ai regardé cette étude: il s’agit d’un échantillon de personnes interrogées.
En 2011, la FFCT a publié dans son bulletin fédéral n°120 sa pyramide des âges.
Le pic de la pyramide était représenté par les adhérents de 56 à 66 ans. Huit ans après, on serait donc plus près de 62/70 ans faute d’adhésions massives par de jeunes bataillons.

Jean-Jacques
5 années

Je confirme qu’Epinal peut être un point de passage, de départ ou d’arrivée de belles balades cyclotouristiques pour toutes et tous, la preuve : http://meisseljj.unblog.fr/search/epinal (pour aller dans l’Est, la liaison ferroviaire Paris – Belfort ne pose aucun pb, hormis celui du classique nombre de places vélo lorsqu’il fait grand beau temps)
Enfin, concernant le cyclisme, en tant qu’actif et cycliste urbain au quotidien de bientôt 62 ans, je me sens plus concerné par les actions de la Fub que par celles de la FFCT, n’ayant pas besoin de cette structure pour randonner (même si je participe régulièrement à des raids ou brevets).

Luc
5 années

Et le casque ? 100% ?

5 années

Je suis un dinosaure de la FFCT. J’y ai adhéré en 1970 à 24 ans. Le vélo fait partie de ma vie : Pour aller à l’école et ensuite à l’usine. Deux voyages en cyclo-camping en France et pays frontaliers. J’ai laissé tomber la FFCT dans les années 95 et à mon retour en 2005 : Grande surprise de voir autant de vélos de course, des maillots de toutes les couleurs… des pelotons de coursiers… j’ai quand même intégré un club mais je roule principalement seul… ou en tandem avec une collègue non-voyante. Nous avons trois non-voyants au club (Cergy). J’étais avec le groupe « Sport pour Tous » de la FFCT qui comptait une dizaine de tandems : Mal et non-voyants et d’autres ne pouvant faire du vélo solo du fait de leur handicap. Sur la route, il y avait d’autres tandems dont celui de mon président de Codep.
Concernant le nombre de féminines, sur les onze participants de mon club il y en avait quatre. Avec le groupe « Sport pour Tous » sept féminines toutes non voyantes, malheureusement pas de pilotes.
Le VAE… Il permet à des personnes atteintes de certaines maladies ou vieillissantes de pouvoir encore rouler.
Pour terminer : Je porte un casque. J’ai déjà testé le sol, heureusement… avec le casque, il est vrai pas trop prisé des adhérents de CCI. (Je vais au festival du voyage à vélo et j’y ai entendu des sifflets).

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