C’est finalement un article assez court que je vous livre sur le proche avenir de la Fub.
Certes la Fub s’est sentie très mal l’an dernier, comme tout l’écosystème « plaidoyer pour le vélo ». L’année fut chaotique avec ses élections à répétition puis la succession de ministres. En septembre la Cour des comptes en rajoutait, elle appelait à réformer de fond en comble le dispositif des CEE, et en janvier 2025 le ministre Durouvray annonçait qu’il n’y aurait pas de plan vélo.
Déjà au début de l’été 2024 la Fub aurait pu se retrouver en cessation de paiement, avec 90 salariés, dont une bonne partie à licencier. Un appel aux dons a été envisagé, et voilà que les représentants de la Fub franchissent les murs de Bercy et obtiennent leur maintien dans le dispositif des CEE, autrement dit, explique Séraphin Elie, ils sont intervenus auprès des cabinets ministériels et ont obtenu une prolongation à budget constant des programmes jusqu’à la fin de l’année 2025. Leur argument était l’intérêt majeur de leur action. La Fub en effet est à certains égards le bras droit du Gouvernement pour mettre en oeuvre ses programmes et rendre visible et concret l’engagement de l’Etat.
▶️ Les programmes « CEE » de la Fub sont prolongés d’un an, juillet 2024
▶️ Les « CEE » sur la sellette, la Fub en danger ? Octobre 2024
▶️ Plan vélo, le Réseau Vélo & Marche entre stupeur et colère Janvier 2025
Au bout du compte rien d’étonnant à ce que la collégiale ait eu du mal à fonctionner en 2024 et début 25, selon les dires des uns et des autres, et que le fameux « tuilage » n’ait pas pu être fait, comme l’a dit Olivier lors du congrès. Tous ces évènements imprévus ont rendu tout difficile, ne serait-ce que pour caler des dates de rencontres.
▶️ Souvenir : Olivier Schneider est le nouveau président de la FUB, 18 avril 2015. Qui est-il, quels sont ses projets ?
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En 2024 :
▶️ 1️⃣ Grosses réformes à la Fub, mi-mars 24 – Création d’une « collégiale »
▶️ 2️⃣ 6 co-présidents pour la Fub, avril 2024
Alors où en sommes-nous ?
Le conseil d’administration élu le 1er mars 2025 à Paris est composé de 12 personnes, dont 5 nouvelles. Pour l’instant, un bureau transitoire pilote la Fub au jour le jour, composé des administrateurs renouvelés Etienne Demur (réseau et communication), Séraphin Elie (Vie fédérale, ressources internes, formation) et Céline Scornavacca (société civile, recherche, rôle de porte-parole), ainsi que de Olivier Schneider, en fin de mandat.
Liste des membres du conseil d’administration élu le 1er mars 2025
Les nouvelles élues ont leur nom en bleu
- Philippe Aubin, animateur de Provélo Sud Île-de-France (Ris-Orangis),
- Isabelle Bailleul, co-directrice de La Roue Libre (Le Havre),
- Frédérique Bienvenue, co-présidente de La Ville à vélo (Lyon),
- Adrien Chaud, président de Villleneuvois à vélo (Villeneuve-sur-Lot),
- Geneviève Cron, adhérente de La vie à vélo (Dammarie-les-Lys),
- Etienne Demur, président d’Aigues-Mortes à vélo (Aigues-Mortes),
- Nicolas Denos, adhérent de Vélomotive (Vannes),
- Séraphin Elie, adhérent de Dérailleurs Calvados (antenne Lisieux),
- Fernanda Franco, membre du CA de Nice à vélo (Nice),
- Salem M’Rabet, président de Vélotaf Grand Poitiers (Poitiers),
- Céline Scornavacca, membre du CA de Vélocité Grand Montpellier,
- Lucie Stahl, co-présidente du Collectif Vélo Diois (Die).
Des 6 anciens co-présidents, deux ne se sont pas représentés, Alexis Fremeaux, président de MDB, Paris, et Sonia Boury Bouabdela, présidente des Boîtes à vélo de Nantes, présidente de Bicycode de août 2022 à la vente de Bicycode en avril 24.
Le bureau de transition fonctionnera jusqu’au 5 avril 2025, premier jour d’un « séminaire d’embarquement » pour le nouveau conseil, à Lyon, qui va élire à ce moment-là le nouveau bureau.
Il est peu probable que ce nouveau bureau décide de revenir à une présidence solitaire, mais peut-être à deux co-présidents, comme déjà envisagé en mars 24, bien qu’en assemblée générale, le 1er mars 25, il ait été demandé à chacun de « se préparer à devenir président ».
Un consultant a cependant été chargé de faire un audit du fonctionnement en collégiale (son travail est en cours) et les 5 et 6 avril seront discutés à la fois les questions de gouvernance et celles de « modèle économique ».
Olivier Schneider, quand à lui, a assuré à l’équipe qu’il resterait à ses côtés en cas de besoin et le temps qu’il faudrait.
La question des moyens
La dépendance aux CEE a peut-être ses limites. Selon Léry Jicquel (Le concentré vélo) ils constituent 74% des rentrées, les subventions se montant à 22% et les cotisations ne dépassant pas les 4%, données que nuance Séraphin Elie, ancien secrétaire général. Il indique que le compte dépend du périmètre, Fub en tant qu’association ou Fub en tant qu’organisme ayant des filiales ? Dans ce deuxième cas c’est même environ 80% des recettes qui proviennent des CEE, les 20% restants se répartissant entre subventions, mécénat, ventes, prestations diverses et cotisations.
Quoi qu’il en soit cette dépendance aux CEE ne peut pas durer éternellement, je n’invente rien. Mais à mon avis elle a eu de très importantes vertus. Pour la Fub, celle de se professionnaliser, rendant constructive sa participation à la vie publique, et non plus seulement « pleurnicharde ». L’Etat y a largement trouvé son compte aussi, puisqu’il y en a tiré une forte visibilité dans le domaine du vélo. Vous aurez d’ailleurs peut-être remarqué que le logo de la Fub ne figure sur aucune illustration des programmes menés en commun.
La Fub est sans doute un colosse aux pieds d’argile, comme cela a été parfois dit. Oui, mais un colosse qui va se renouveler.
C’est donc avant l’été que la Fub y verra plus clair sur son avenir, ou du moins sur les moyens qu’elle va mobiliser pour servir la cause des cyclistes. Je m’efforcerai de vous tenir au courant.
Ajustements opérés le 10 mars vers 11 h
et le 16 mars (ajout d’une référence) vers 22h30.
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Lire aussi, suite au congrès de février 2025 :
– Olivier Schneider lance le fonds ‘Innovation Mobilité Active’
– Congrès Fub 2025, l’enthousiasme l’emporte sur les difficultés
Aie aie aie…
La FUB n’était pas une association « pleurnicharde », en particulier pas sous la présidence de Monique Giroud, de 2002 à 2007, qui a permis de donner au vélo sa vraie place dans la mobilité urbaine. Monique Giroud s’est battue avec les associations et leurs militants pour que le vélo ne soit pas réduit à son mode sportif. Les réunions de la Fubicy et les journées d’étude étaient passionnantes et efficaces, on en revenait reboostés, avec énergie et projets, pour être plus efficaces dans nos villes de province aux élus non motivés à la cause du vélo en ville.
C’était la grande époque de la FUBicy à « échelle humaine », devenue ensuite FUB (devenue super énorme grosse structure ces dernières années…).
Bravo à tout le monde durant toutes ces années, depuis Jean Chaumien en 1975 à Strasbourg, le vélo a besoin de toutes et tous.
Les % que j’ai donnés sont les données des comptes 2023, disponibles sur Pappers et en lien dans mon dernier éditorial, lettre 170.