C’est violent. Pour calmer le jeu après la mort de Paul Varry le ministre des Transports d’alors, M. Durovray, déclarait aux associations d’élus et citoyens du vélo que, comme on commençait à s’y attendre, il n’y aurait rien pour le vélo dans le prochain budget. Et d’en rajouter avec sa création d’une commission qui au lieu de s’interroger sur les violences dont sont victimes les cyclistes devra!t travailler sur les violences routières en général. De l’art de noyer le poisson. Une injure.
- Paul est mort, octobre 2024
- Le ministre des transports lance une mission contre les violences routières, octobre 2024
- Monsieur Casque est nommé à la tête de la Mission contre les violences routières, pour protéger tous les usagers de la route, novembre 2024
Lors du traditionnel petit déjeuner de début d’année (jusqu’ici seulement du club des villes cyclables), on nous a aussi parlé du gouvernement. La valse des ministres fait qu’à peine les divers ministres (transport, environnement, affaires scolaires, santé, tourisme etc), rencontrés et informés, il faut tout recommencer avec les suivants. Les gouvernements Attal, Barnier, Bayrou, ça en fait 3 en un an… Surtout, le Plan vélo, qui devait courir jusqu’en 2027, n’est même pas annulé, ce serait trop de politesse, il est seulement complètement oublié. Même chose pour les comités interministériels pour le vélo et la marche, dont le second n’a jamais vu le jour. Quand aux appels à projets pour bénéficier du Fonds Mobilités actives, ça tombait bien, on n’avait pas encore ouvert le courrier, alors ils ont sombré et c’est tout. Il y a des communes qui espèrent encore.
- Elisabeth Borne promet un plan vélo, décembre 2017
- Plan vélo : les bases sont posées, et pas plus. Septembre 2018
- Elisabeth Borne tente de relancer le Plan vélo Septembre 22
- Le premier comité interministériel pour le vélo nous annonce un avenir radieux Mai 2023
- Pour le vélo l’Europe s’accroche, la France décroche, Octobre 24. Avec notamment le point sur le Fonds Mobilités actives.
Les financements de l’Etat c’est bien plus que de l’argent
Les deux co-présidentes du réseau Vélo et marche, Françoise Rossignol et Christelle Beurrier, sont très claires. L’argent que l’Etat mettait dans le vélo ne représentait qu’une petite part des dépenses à faire, une somme sans commune mesure avec ce que coûte le ferroviaire par exemple, mais l’implication de l’Etat avait une valeur bien supérieure. L’Etat crédibilisait le vélo, le rendait visible par tous, en faisait une affaire nationale. Un plan vélo local devenait possible puisque tant d’autres s’en dotaient … Et l’argent obtenu complétait des budgets qui sinon ne tenaient pas … Ainsi apparaissait la possibilité de se passer de l’automobile-pour-tout, en particulier dans les zones où il n’est pas envisageable d’avoir des transports publics suffisants. La présence de l’Etat était plus qu’une aide, c’était un signal, martèlent-elles.
Alors en ce début janvier 2025 les communes vont voter leur budget. S’il n’y a rien pour le vélo dans les 15 jours il n’y aura rien pour le vélo dans les budgets communaux, bon nombre de programmes seront par la force des choses abandonnés, la dynamique va être cassée, les compétences nouvelles vont être oubliées. Et s’il y a, encore faudra-t-il qu’il inspire confiance … Un chat échaudé craint l’eau froide. La conférence de financement des SERM qui devait avoir lieu en juin 24 n’est d’ailleurs toujours pas programmée.
- Labellisation des 15 premiers projets de SERM, juin 2024
- Labellisation de 9 nouveaux projets de SERM, juillet 2024
- Journées des mobilités du quotidien (SERM), Annemasse, 6-7 février 25 (agenda)
On comprend mieux maintenant pourquoi la pétition (ou Lettre ouverte) de cet hiver est si importante (on peut encore la signer) et pourquoi la tonalité des discours est si alarmiste.
- Une lettre ouverte pour « Sauver le Plan vélo et marche 2023-2027 », Novembre 2024
Le seul espoir qui reste c’est que les élus nationaux pour le vélo (sénateurs et députés) réussissent à maintenir ou remettre les mobilités actives dans la Loi des Finances. On ne nous a rien promis, si ce n’est que le nouveau ministre des Transports, M. Taborot, a assuré qu’il allait très vite recevoir les deux présidentes.
L’espoir pour 2025 c’est donc que les ministres soient pérennes, et que l’actuel ministre des Transports puisse réagir très vite, là, en janvier. Car sans budget vélo et marche, de nombreuses collectivités n’auront plus de plan vélo et marche, et bien peu de programmes électoraux oseront encore en parler.
Panique à bord.
Les deux associations d’élus ont bel et bien fusionné
- Naissance du Réseau vélo et marche, novembre 24 Il s’agit du Club des villes cyclables et de l’association Vélo&territoires.
L’année 2025 va leur permettre de finir de caler leur organisation, afin que tout soit prêt pour mars 2026, date des prochaines élections municipales. La fusion des deux associations a encore un avantage, c’est la disparité des adhérents (Départements, Régions, Communes), qui assurera qu’il y ait toujours une partie seulement des élus à renouveler, et donc au moins la moitié des co-présidentes en état de faire fonctionner la boutique.
Corrections le 8 janvier vers 8h.
M. Thierry du Crest, coordonnateur interministériel pour le vélo et la marche, prend position. La Vie du Rail, 10 janvier : Le vélo, un sujet d’intérêt national selon Thierry du Crest. Le rétropédalage tombe au plus mauvais moment, le vélo en France stagne.
Ajout du 10 janvier vers 21 h 30
Soutenir la voiture électrique ou les infrastructures permettant d’aller à vélo ? Les aides à l’achat et à la location des véhicules peu polluants tombent à l’eau, mais le Gouvernement fait le choix de maintenir une aide à l’achat de véhicules 100 % électriques pour les particuliers …
C’est curieux. Christophe Béchu, président d’Angers Loire Métropole, annonce 6 millions d’investissement en faveur du vélo en 2025. (8 janvier 2025) Soit c’est complètement électoral, soit il n’a pas besoin de l’aide de l’Etat ?
A mon avis, un peu des deux… A l’échelle d’Angers Loire Métropole, 6 millions, ce n’est pas grand chose (ils on mis en service 2 lignes de tramway en 2022 qui ont coûté 350 M€). Par contre, c’est une bonne nouvelle que les élus fassent enfin quelque chose pour le vélo, Angers a longtemps été (et est peut-être encore, à vérifier) l’agglomération de sa classe (entre 200 et 500 mille habitants) avec la plus forte part modale pour le vélo, mais ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas porté de projets structurants.
Ce que je trouve intéressant aussi, c’est qu’on sort de la ville centre. Pour une agglomération de la taille d’Angers, ça n’est pas si courant (et il n’y a pas de projet de SERM à Angers à ma connaissance).