Le 27 décembre dernier je vous avais fait remarquer que le vélo concernait de très nombreux départements ministériels. Les concerner ne voulait pas dire qu’une politique claire et forte allait s’engager.
Faute d’argent, ça au moins on l’a compris, je pense qu’il faut établir des règles claires conditionnant des autorisations. Par exemple, déjà, vous ne pouvez obtenir votre permis de construire un immeuble si vous n’y mettez pas un dispositif pour le stationnement des vélos, et ceci en plus respectant un certain nombres de règles. Vous pouvez construire votre maison où vous voulez, mais si elle est en-dehors du périmètre défini (en gros, déjà construit) on ne vous fera pas de raccord aux réseaux et les poubelles ne seront pas relevées.
Les sacs en plastique sont maintenant interdits dans de nombreux cas, les petits appareils électroniques doivent désormais être vendus avec port de recharge compatible avec le chargeur universel USB-C (note du gouvernement du 27 décembre). « Les fabricants devront aussi proposer en vente séparée les appareils et les chargeurs, pour encourager la réutilisation des chargeurs existants ».
Je crois que c’est la bonne méthode. Le Gouvernement pourrait avoir une vraie politique du vélo sans débourser grand’chose. Il en ferait aussi économiser beaucoup aux Communes et Départements, que la contrainte budgétaire obligerait à être inventives.
Des solutions simples sont souvent possibles. On a bien fait des coronapistes qui ont montré leur pertinence : utilisées, ne créant pas de blocage, etc. elles ont laissé le temps de réfléchir à leur pérénisation éventuelle. La Ville de Montreuil, en région parisienne, n’a-t-elle pas réalisé avec trois fois rien des lieux de repos qui transforment certains de ses carrefours en petites places ? Des barrières tournantes ne suffisent-elles pas à transformer un raccourcis en zone piétonne ?
Un arbre, des plots ou de la simple peinture, bien placés, des terrasses provisoires, des angles moins bienveillants aux motorisés, le réglage des phases de feux … sont également des moyens très efficaces de transformer l’espace, et donc les comportements.
Rien ne vous empêche non plus de jouer la carte du multi-usage. Les communes labelisées SERM pourront ainsi s’assurer de jonctions essentielles en lien avec la gare, ce qui peut en réalité constituer un assez bon réseau.
En 2025, selon la loi LOM » Toutes les agglomérations françaises de plus de 150 000 habitants devront instaurer des zones à faibles émissions (ZFE). Cette mesure va fortement encourager l’usage des solutions de mobilité alternative au sein des entreprises, comme le covoiturage ou le deux-roues. » (Bruno Collard, sur Linkedin). Les ZFE c’est des panneaux et de la surveillance.
Les bonnes décisions ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Il en va de votre responsabilité politique, mais pour y penser vous pourrriez, pour quelques centaines d’euros, jouer avec vos équipes et avec vos citoyens…
▶️ Mobilimix, un jeu pour tester les changements dans la voirie
🚲 Vous n’avez désormais plus aucune excuse
pour ne rien faire pour le vélo
et ceci que vous soyez maire ou ministre.
Et maintenant, quelques pistes de réflexion :
(1) Edicter des règles efficaces
(2) Affirmer des principes simples
-.(1) Edicter des règles efficaces …………….
- Vous pourriez ne pas obtenir votre permis de construire pour un édifice public, ou professionnel ou recevant du public, s’il n’est pas possible de s’y rendre à pied et à vélo dans de bonnes conditions. Vous ne pourriez pas non plus faire bénéficier votre village de l’école intercommunale si les gosses ne peuvent pas y aller par eux-mêmes, et en plus il serait interdit d’y permettre à proximité tout stationnement d’auto ou d’autobus.
- Lors de tous travaux sur les routes principales le Département aurait l’obligation de vérifier que celle-ci est bien équipée de pistes cyclables jusqu’aux premières « petites routes » de campagne.
- Pour améliorer l’adéquation des réalisations aux besoins, il pourrait être décidé qu’aucun chantier ne sera considéré comme terminé sans qu’il soit testé personnellement par son concepteur, et testé en public par lui et les représentants des futurs utilisateurs. Au passage cela pourrait nous éviter la rédaction de bien des règles et normes.
Imaginez le tableau : Les enfants viennent à l’école à pied ou à vélo. Ils économisent sur le carburant (Département, Affaires internationales, Transports, Commerce extérieur, Parents). Pas besoin que la route soit bien lisse (Commune, Travaux publics). Ils apprennent mieux (Ecole). Ils sont en meilleure santé (Santé). Ils connaissent mieux la nature (Ecologie), le prix des choses et les métiers (Agriculture, Artisanat, Commerce, Orientation). Ils sont plus débrouillards (Economie, Entreprises). Ils cultivent leurs copains et connaissent les vieux du coin (Solidarité). Ils chapardent des prunes et reçoivent une volée de bois vert, ça les calme (Justice, Prison). Ils regardent moins la TV et les écrans (Culture, Ecole, Police). Ils sont plus autonomes (Familles). Ils savent s’orienter (Secours, Digital). Ils sont plus costauds (Sport, Armée) … Ils feront de bons maires ! ..
- Vous pouvez aussi interdire la publicité pour tel ou tel type de produit (au cinéma en plein Paris j’ai eu l’autre jour au moins 5 publicités pour des autos !!!).
- Par votre comportement vous pouvez aussi aider à changer les imaginaires de la réussite. Il y a eu la grosse montre ou le whisky bien tassé, mais fumer à l’écran a bien fini par être interdit, et même proscrit des salles recevant du public ! Michel Barnier était venu à pied à l’Elysée et se déplaçait à vélo, François Mitterand adorait se promener et recevoir ses amis, et un de ses évènements rituels était une randonnée ….
Un autre tableau. Il vous faut barrer une route, sauf aux riverains, aux cyclistes et aux secours. Ni bornes rétractables ni clignotants ni barrières qui s’abaissent ou se lèvent, une double rangée d’arbres et arbustes, l’une de la droite jusqu’au deux-tiers, l’autre de la gauche jusqu’aux deux tiers. La largeur d’une auto entre deux. Et hop pour les oiseaux et les enfants ! Et hop pour un peu de fraîcheur. Et même pas de panneau.
..(2) Affirmer des principes simples………….
Il y a quelques années, lors des Assises de la mobilité, j’avais interrogé quelques têtes pensantes. Ma question était : Selon vous, que doit contenir la Loi des Mobilités? Le résumé des réponses, publié le 12 novembre 2017, peut encore servir de base à un programme efficace et gratuit.
Cette conclusion me permettait d’énoncer quelques principes :
- L’adoption du vélo à grande échelle est le seul moyen de ne pas crever de chaud
- Tout lieu doit pouvoir être atteint à vélo et à pied
- Tout parcours dont la distance est compatible avec l’usage d’un vélo doit pouvoir être fait à vélo
- La marche et le vélo sont les principaux facteurs de santé publique, avec le jardinage, et doivent à ce titre être privilégiés sur tous les autres modes de déplacement
- A tout problème de déplacement on doit réaliser d’abord l’infrastructure qui permettra le déplacement par ses propres moyens physiques, et compléter seulement là où le vélo ne saurait suffire.
- La subsidiarité, l’ordre de prééminence, l’absence d’obstacle physique ou réglementaire, l’impératif de qualité… autant de principes qui se dégagent clairement de notre série sur le contenu de la Loi à venir.
Sommaire de « Assises de la mobilité : Que doit contenir la Loi ? »
Introduction 27 octobre 2017
F. Héran 30 octobre 2017 Instaurer des plans de traitement des coupures
B. Beroud 31 octobre 2017 Affirmer la nocivité de l’automobile et en tirer les conséquences
J. Demade 2 novembre 2017 Déterminer sa logique en fonction des distances à parcourir
A. Guggenheim 3 novembre 2017 Les trois premiers articles de la Loi !
J.L. Saladin 6 novembre 2017 Appliquer aux transports le principe de subsidiarité
Is. Lesens 7 novembre 2017 S’assurer de l’adéquation des règles et aménagements aux besoins des cyclistes
F. Papon 9 novembre 2017 2 principes et 6 mesures pour préserver la santé publique, le développement durable et la cohésion sociale
F. Luciano 10 novembre 2017 Hiérarchiser les modes en fonction de leurs impacts et orienter les usages par le biais des taxes.
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Merci de m’avoir lue jusqu’ici,
et bonne route !
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Au fait, si vous n’êtes pas contents vous pouvez faire comme pour les enfants : Protection de l’enfance : Emmanuel Macron annonce la création d’un haut-commissariat en janvier 2025. Cette décision fait suite aux réclamations d’une vingtaine d’associations pour les droits de l’enfant, qui s’inquiétaient de la non-reconduction d’un ou d’une ministre chargée de la protection des plus jeunes. (franceinfo avec AFP 28 décembre 24)
Mais il y a déjà un Délégué Interministériel pour la marche et le vélo !
Magnifiques et enthousiasmantes les « règles efficaces », véritables règles de vie, merci et bravo Isabelle !
Page à faire lire en urgence à tous nos élus/responsables/décideurs…les citoyens quant à eux sont déjà largement convaincus et depuis longtemps en demande de ces règles à mettre en oeuvre selon ces « principes simples ».
Vive la vie à vélo ! Bon vélo à toutes et tous, y compris nos « têtes dites pensantes ».
Merci Michèle. Si cet article est à faire lire … je compte sur ses lecteurs pour la faire suivre ! Seule je ne peux pas tout.
Bien sûr, alors pour la ville de Saint-Avold c’est fait, j’ai transmis ce matin à nos élus et décideurs en espérant qu’ils deviennent des lecteurs assidus et réguliers du blog Isabelle et le vélo !
Vous oubliez la peine de mort aux voleurs de vélos !
Plus sérieusement, tant qu’il n’y aura pas de parkings à vélos tous les 500 m ou pour chaque pâté de maison, les gens n’adopteront pas le vélo. Je parle de parkings sûrs, donc clos, et surveillés par des humains et caméras, équipés de systèmes antivol avec code aléatoire. Bref un véritable système de consigne.
Toute présence incongrue ou comportement douteux doit pouvoir être identifié. Seul le propriétaire du vélo doit pouvoir y pénétrer et détacher son vélo.
Ce service doit être gratuit. En attendant cela, mon vélo continuera à prendre l’ascenseur et se posera à côté de mon bureau malgré l’interdiction de mon bailleur professionnel.
A Bordeaux, les bicycletteries sont des parkings vélo aménagés en rez-de-chaussée d’immeuble, dans le centre ancien, à destination des résidents du secteur.
Partout on peut installer des bicycletteries. Cela peut se faire chez des particuliers disposant d’espace ou en transformant d’anciens commerces. Cette solution peut éviter aux municipalités l’investissement dans la construction de parking. En plus cela évite d’envahir les trottoirs avec des boîtes à vélos.
Il manque aussi une obligation, pour les auto-écoles de former leurs formateurs et leurs élèves, futurs conducteurs, amplement à la coexistence avec les vélos, à leur respect absolu. Des heures de circulation à vélo au milieu d’un trafic dense de motorisés serait un préalable pour les formateurs et pour les apprentis conducteurs.
Chaque année plus d’un million de candidats au permis de conduire. Compte tenu de ceux qui ont échoué et qui se représentent, on peut estimer qu’il y a 7 à 800 000 nouveaux candidats annuels. L’idée de faire circuler à vélo dans le trafic les élèves-candidats est une idée excellente à relancer régulièrement pour qu’elle finisse par germer. En attendant il faut avoir présent à l’esprit que 70% de ces élèves-candidats sont incapables de partir dans le trafic à vélo. Pour la simple et bonne raison qu’au moins 10% n’ont même pas l’équilibre et que sur les 90% qui l’ont, les 2/3 au moins, ont un niveau très en dessous du minimum pour rouler dans le trafic à peu près en sécurité. Et il ne faut pas compter sur les auto-écoles pour leur donner le nombre de cours suffisant pour les amener au niveau minimum.
Cette lourde réalité est le frein principal au développement du vélo. La plupart des décideurs n’en ont pas conscience. Quant aux rares qui en ont conscience, ils ne font rien ou presque pour que ça change. Seules quelques petites vélo-écoles associatives s’y collent et la quasi-totalité s’en tiennent à apprendre à pédaler à celles et ceux qui n’ont pas l’équilibre. Ce stade franchi, il faut disposer des monitrices compétentes et en nombre suffisant pour développer l’adresse puis apprendre l’immersion dans le trafic, les dangers spécifiques pour le cycliste et ce qu’il faut faire pour les éviter. Aujourd’hui, le nombre d’élèves qui quittent ces vélo-écoles en étant aptes à rouler dans le trafic sans courir de risques est négligeable.
Des résultats positifs sont obtenus en interdisant les abords des établissements scolaires à l’automobile, mesure peu onéreuse et efficace. Il serait aussi possible de faire pratiquer le vélo dès le plus jeune âge par un apprentissage obligatoire comme pour la natation, et non de-facto facultatif comme aujourd’hui.
La formation au sein des auto-écoles reste quand à elle préoccupante tant le nombre d’accidentés de la route est, à plus de 50%, des personnes à permis probatoires.