La cyclo-logistique sera l’avenir des villes, si les villes regardent leur avenir en face

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Chez Sloop on s’est mis au vélo-cargo un peu par erreur. Cette jeune société de livraison aux particuliers, ouverte en 2020, installée à Lyon et à Paris, y avait été invitée par un client, lequel n’a pas donné suite. Zakaria et Hicham, les co-fondateurs, ont juste eu le temps de s’apercevoir que les  tournées étaient bien plus faciles (je précise qu’ils ne vont pas dans le centre embouteillé de Paris), et que les livreurs trouvaient ça génial. 

Aujourd’hui à Montrouge, à moins d’un km du périphérique sud de Paris, la flotte comprend une vingtaine de vélo-cargos en location, chacun pouvant emporter 150 litres. 2 batteries sont nécessaires pour une tournée, chaque batterie permettant de faire environ 30 km. 

Voilà pour ce que nous avons vu, ce mercredi matin 12 mars 2025, jour du congrès de la cyclologistique à l’autre bout de la métropole.

La réalité qu’ils nous ont décrit est plus nuancée. Car il y a des problèmes, communs à toute la profession de la cyclo-logistique, nous explique Zakaria. En voici quelques uns.

Le stationnement. Si leur véhicule est homologué « Cycle », autorisé dans les pistes cyclables, il n’en est pas moins encombrant, de l’ordre de 1,20 m de large. Où est-il censé s’arrêter pour livrer ? La seule réponse, insuffisante, est «  dans les places de livraison », et bousculé par le camion qui veut s’y mettre aussi. Il y a aussi des tris au cul du camion, un peu n’importe où, pour des livreurs à pied. Personne ne s’occupe de ces conditions de travail, pourtant cela est répandu et efficace.

Les entrepôts. L’autre problème c’est les entrepôts. Les sociétés immobilières ont compris le besoin et en font, mais le prix du foncier étant ce qu’il est, c’est trop cher. Seuls des locaux municipaux sont accessibles, mais il y en a peu, et encore faut-il qu’ils conviennent à des « vélos » dont la puissance de moteur limitée rend la montée des rampes problématique. Il faudrait aussi, pour Sloop en tous cas, au moins 500 mètres carré. 

Les clients. Des économies seraient possibles si les petits clients (les entreprises qui « offrent » la livraison) lâchaient prise, s’ils voulaient bien ne pas s’imaginer tout contrôler mais acceptaient de mutualiser les chargements. 

Cela permettrait aussi de densifier la tournée, donc de parcourir moins de kilomètres.

La livraison n’est jamais gratuite. Il ne faut pas se leurrer, nous avertissent les co-fondateurs, la location et l’entretien des bêtes ne sont pas gratuits. La maintenance est quasi aussi chère que pour un camion, osent-ils, parce qu’il y a beaucoup de pièces qui s’usent ou se faussent, sans compter les crevaisons et autres bobos. Déjà certaines compagnies ont formé leurs livreurs à faire eux-même les réparations courantes, et leurs fournissent les outils. 

Enfin les gros concurrents (la Poste par exemple, avec son Chronopost) sont très organisés. 

Pour Zakaria et Hicham le vélo-cargo a plein d’avantages, mais il ne suffit pas de le dire. La Ville doit s’organiser autour et pour ça. La cyclo-logistique est l’outil de la densité, et cet outil a besoin d’une densité organisée. 

La logistique urbaine représente 25% des émissions de GES en ville et environ un tiers des émissions de polluants atmosphériques
ADEME, mars 2024.

Je ne résiste pas au plaisir de vous citer Jean-Louis Missika, alors adjoint à la maire de Paris et excellent orateur, lors des Assises de la mobilité :

Le vélo-cargo s’impose comme LA solution : livraisons plus rapides, flexibles, décarbonées et économiques. La cyclo logistique présente des coûts liés à la mobilité huit fois plus faibles que la logistique traditionnelle.
Les Boîtes à vélo

▶️ Le bel avenir de la cyclologistique. Transition vélo, 13 mars
Ils ont été au congrès et nous racontent.
▶️ Livrer à vélo : 5 bonnes idées croisées au forum de la cyclologistique. Transition vélo, 17 mars 2025.
Un choix de matériel très bien pensé.

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Monique
3 jours

Une solution aussi serait d’en finir avec cet usage aberrant de passer son temps vautré sur son canapé pour tout commander sur un smartphone et se le faire livrer à domicile par des esclaves. On en finirait ainsi non seulement avec ce type d’esclavage, mais aussi avec l’obésité ainsi qu’avec l’horreur écologique de tous les cartons jetables induits pas le système. Ces vélos-cargos pas écolos du tout avec leur batterie électrique et qui embarrassent la circulation ne seraient même plus un sujet.

Monique
2 jours
En réponse à  Isabelle Lesens

Mais l’un des articles auxquels celui-ci renvoie, « les livraisons explosent », dit bien ce qu’il en est concrètement : le « e-commerce » pour tout et n’importe quoi balaie les magasins « matériels » (il n’est qu’à observer les rues naguère commerçantes des villes, aux vitrines badigeonnées de blanc) – et encore, l’article date d’avant le Covid, ce doit être encore plus écrasant maintenant.

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