De grands garages à vélos dans les gares parisiennes

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par | Août 27, 2024 | Matériel | 0 commentaires

La plupart des gares parisiennes se dotent de grands garages à vélos. Ils sont pilotés et financés par la Région d’Ile-de-France, qui est l’autorité organisatrice des Transports, et mis en oeuvre par son agence Ile-de-France Mobilité, qui s’occupe aussi des locations Veligo ou des subventions à l’achat, comme du programme Réseau-Vélo-Ile-de-France (VIF) de pistes cyclables destinées au quotidien … et finalement de tout ce qui concerne le vélo (et le train, les cars, les autos etc) dans la région.

Certaines gares ont déjà eu de tels garages, comme la gare de Lyon ou la gare Montparnasse, toutes deux sous l’égide de la Ville de Paris, mais les deux sont en difficulté.

La gare Saint-Lazare et la gare de Lyon auront bientôt leur garage à vélos. Pour l’heure elles proposent seulement des arceaux sous abris.

Celui de la gare Saint-Lazare devait ouvrir début septembre, il sera sur abonnement, payant, fermé mais sans gardien, et aura presque 360 places surveillées par caméra. Il est situé dans un recoin au nord de la gare, face à l’entrée-sortie secondaire du côté Normandie, là où attendaient les taxis. Les accès cyclistes se feront donc par la rue d’Amsterdam (celle de droite quand on regarde la façade de la gare), avec un accès direct aux quais par l’actuel accès secondaire. Il y aura le comptage des places disponibles sur la façade et à l’intérieur, entrée et sortie dissociée.
Les arceaux en libre accès (pour tous…) sont plus bas, sur l’esplanade de la gare.

A la gare de Lyon ce devrait être magnifique, on annonce une Halle à vélos de grande taille. « Un parking vélos d’au moins 600 places sera construit entre les deux entrées rue de Bercy », relève-t-on sur le site de Gare& Connexions, sans précision de date. 

En attendant un abri à vélo a été installé au niveau de la rue de Bercy (côté droit de la gare), juste à côté de l’entrée à la gare Banlieue. Il n’est pas gardé et n’est pas très reluisant. C’est toujours mieux que le précédent, encore en service dans le passage Van Gogh (voir plus bas).  

La gare de Bercy, pas très loin de là, n’a qu’une centaine de places, avec de drôles d’arceaux, mais ils sont abrités et bien en vue devant la gare. Je ne garantirais pas la sécurité pendant la nuit, mais à la journée ou pour quelques jours, avec de bons antivols, ma foi … 

La gare d’Austerlitz a aussi installé dehors le maximum d’arceaux possibles. Ici on a une centaine de places en plusieurs emplacements, dont une cinquantaine sous abri, tous devant l’entrée principale.

La gare Montparnasse a ouvert en juillet 24 (il avait été annoncé pour le printemps) son parc à vélos, dans une partie du parking des taxis du hall Pasteur (c’est à dire à l’arrière). Il y a 2 accès bien rouges sur le boulevard Pasteur, dont un nouveau en face du 18, tout près de la place de Catalogne, pile dans l’axe des rails qu’on aperçoit en face en contre-bas. L’autre accès c’est celui qui est depuis longtemps indiqué pour les piétons, un peu plus bas, avec des feux. On peut aussi y accéder par les ascenseurs de l’arrière des quais.

Cet espace propose 500 places non grillagées, et donc non-payantes, mais  surveillées par caméra. Il a des couleurs séduisantes et une signalétique moderne. Sa sécurité ne devrait pas être mauvaise puisqu’il est dans le passage et que la gare ferme chaque nuit de 1h15 à 5h. Le précédent dispositif se trouvait le long de la cloison vitrée entre la gare et le parking, et avait une si bonne réputation qu’il servait parfois de garage résidentiel… ce que le nouveau fait déjà aussi. Pourtant il y avait eu des actions malveillantes (coupures de câbles et autres), m’indique un client actuel.

C’est pour l’heure la gare du Nord qui a le plus bel abri à vélos de tout Paris. Situé à l’arrière de la gare, il a deux accès à pied comme à vélo, le premier juste à droite de la gare, le second par la rue du faubourg Saint-Denis, qui monte à angle droit. Il occupe une partie de l’ancienne gare routière, qui a été rénovée (elle est même devenue très belle alors qu’elle était sinistre), et l’accès piéton à la gare se fait par une belle esplanade sur laquelle donne la sortie arrière, autant dire qu’il y a un accès direct. Le chemin depuis la rue est commode si l’on est du bon côté, et parfaitement indiqué des deux côtés par un « tapis rouge » des plus magnifiques.

La Halle est fermée, gardée, payante, ouverte tous les jours de 5 h à 1 h. Son exploitation est assurée par une entreprise du monde des transports collectifs. Près de 1200 places vous attendent, c’est le plus grand de France, paraît-il. On y trouve le matériel habituel, pompe, pied, outils, mais aussi un distributeur de pièces de rechange et accessoires. J’ai juste informé le personnel de ce qu’il fallait faire pour les pièces d’usure de la pompe.

Vous l’aurez remarqué, tous les garages à vélos de la nouvelle génération sont dotés de superbes couleurs. D’où viennent-elles ? Roman Ville-Glasauer, du bureau Inddigo, m’explique que la proposition initiale vient d’eux, et correspond à des associations de couleurs déjà présentes en Ile-de-France, par exemple le vert et le bleu des vélib, le bleu d’Ile-de-France mobilité, etc. AREP en a ensuite décliné une palette adaptée aux usages et aux matériaux, tout en veillant à ce qu’elle se distingue bien des couleurs utilisées par les autres opérateurs présents sur le terrain. Voilà, c’est tout simple … et très réussi. Cette palette sera dorénavant utilisée pour toutes les nouvelles réalisations. Cela nous changera du noir …

Tous ces nouveaux espaces affichent à l’entrée le nombre de places libres par catégorie. Cela fait très moderne, et nous verrons si c’est utile un jour, en espérant que non. Faute d’autres offres équivalentes à proximité cela ne servirait alors qu’à gérer la pénurie … et à refouler brutalement un client, comme dans les trains pour l’emport des vélos. Et que dire aux abonnés ? Pour l’heure je me dis surtout que l’élément essentiel d’un garage à vélos c’est le garage lui-même. C’est l’objet de ce qui suit.

Tous les parkings publics de cette génération, y compris les deux de la Ville de Paris, ont le même mobilier, fourni par la même société. Arceaux de toutes sortes, destinés en principe aux différentes catégories de vélos (cargos, allongés, électriques, normaux), et, pour les nouveaux garages, doubles étages afin d’optimiser l’espace. On verra à l’usage si ces différences se justifient, et surtout si les dispositifs en étage trouvent leur public. Puisqu’ils sont fabriqués aux Pays-Bas on pouvait s’attendre à ce qu’ils soient aussi faciles d’usage que dans ce royaume de la bicyclette.

Ce n’est pas le cas, leur « assistance au levage par vérin à gaz et rail télescopique » ne vaut pas les vérins à gaz et roulements à billes de ceux que j’ai utilisés là-bas en 2017. Je n’ai aucun souvenir de la moindre difficulté d’usage.

Concernant Montparnasse je m’y suis rendue plusieurs fois. Je n’ai réussi à voir que des vélotafeurs masculins, nos fameux hommes dans la force de l’âge. Tous ils mettaient leur monture à l’étage, et trouvaient que ça allait. Moi j’ai continué à trouver que tirer se faisait mais était « râpeux », comme s’il manquait de la graisse dans les rouages, que plier vers le bas demandait un gros effort assez disgracieux, au risque de tout casser, et que faire remonter et pousser était assez facile à vide et moins une fois chargé. J’ai en plus constaté qu’installer son vélo n’est pas très commode car il faut le pousser vers le haut en le tenant à la fois par l’avant et par l’arrière. Et finalement mon vélo rouge de tous les jours ne rentrait pas en longueur.

Manque de chance, le modèle avec roulements à billes du principal concurrent sur le marché français, visible notamment à Lyon-Part-Dieu, a lui aussi de gros défauts. J’ai pu le tester au garage provisoire du Stade de France à Saint-Denis pendant les Jeux Olympiques. S’il est effectivement beaucoup plus facile à tirer ou pousser à l’horizontale que celui des gares parisiennes, grâce aux roulements à bille peut-on supposer, il reste lourd à abaisser, et facile à relever s’il est vide, difficile s’il y a un vélo. Et il faut aussi pousser le vélo par l’avant et l’arrière à la fois.

Essai du matériel à Montparnasse.
Véronica n’est pas une mauviette, cette volontaire aux JO est cyclo-sportive et est montée à Paris depuis Valence, en Espagne, à vélo.

J’en conclue que les rangements à l’étage qui nous sont proposés ne sont peut-être pas les meilleurs qui existent (ou que les clients n’ont que ce qu’ils demandent) et, surtout, que leur usage pourrait n’être le fait que de jeunes hommes dans la force de l’âge1 Les vélos suspendus dans les trains relèvent exactement de la même logique : une ambition de tassement qui rend le truc inutilisable pour la moitié au moins de la population !, ceux qui décident, comme l’on sait.

Une étude néerlandaise de 2005 (Benchmark fietsparkeren, réalisée par XTNT Experts in Traffic and Transport, signalée par A. Pettinga) reconnaissait d’ailleurs que l’inconvénient des supports à plusieurs niveaux avec gouttières extractibles était que le cycliste devait fournir un effort physique assez important pour placer le vélo dans la gouttière et le soulever. Mais depuis (nous sommes 20 ans après !) les choses ont pu évoluer, justement.

Les modèles utilisés à la gare centrale d’Utrecht (le garage le plus célèbre d’Europe!), comme dans le garage du quartier de Vredenburg dans la même ville, ne sont pas d’une des deux marques vues à Paris, à Saint-Denis ou à Lyon, comme m’en informe encore André Pettinga, le grand spécialiste néerlandais.

Il m’envoie même des photos du garage municipal dans lequel il met son vélo depuis presque 20 ans. Ils marchent bien et sont légers, même avec les vélos, me précise-t-il. Ce n’est pas non plus une de nos marques, et André n’est plus un jeune homme.

Confirmation par Armand, le fils d’un ami d’Orléans, qui était à Utrecht il y a quelques jours. Ce garçon de 11 ans a chargé lui-même son vélo sans difficulté. Il y a un ressort pour le relevage, et il faut juste accompagner le mouvement. Ni gaz ni rien me certifie son père. Et tant qu’on y est je vous suggère de regarder d’autres détails.

Alors où est la différence ? Je ne me prononce pas, on s’en doute, mais vous donne une piste avec la comparaison des roulements qui permettent à la gouttière d’avancer ou reculer, mais peut-être aussi jouent-elles un rôle dans la pliure et la remontée?

De toutes façons nul ne va se préoccuper du fait que seuls des hommes jeunes montent leur vélo à l’étage.

Note de méthode sur les arceaux du haut.
(1) A Montparnasse je les trouve difficiles à utiliser, comme en témoignera la vidéo faite ensuite. Je ne me souviens d’aucune difficulté aux Pays-Bas pour le même genre de rangement. (2) Mon échantillon de testeurs français est faible. Pour les Pays-Bas je n’ai pas eu de résultats, même en fouillant dans le site Jeanne à vélo qui publie de nombreux reportages aux Pays-Bas. Par exemple ici. Comme si la question ne se posait pas. (3) Après plusieurs essais je reste sur ma position, n’est-ce difficile que pour femmes et vieux ? (4) Une vidéo montrant, à la gare du nord, des tests de relevabilité par le fournisseur me donneraient tort, mais l’homme relève à vide et ne fait pas descendre. Je n’ai pas testé à la gare du Nord. (5) Ce n’est pas le centre de mon article, et si ce n’est utilisé que par des jeunes adultes masculins cela ne se verra pas.

  • Tous ces nouveaux parcs fermés proposent une location à la journée (2 €) qui s’ajoute –enfin– aux tarifs pratiqués, de mensuel (10 €) à annuel (75 €). Si vous montez à Paris avec un vélo je vous recommande donc de trouver un logement à proximité de la gare du Nord ! Pour 3 nuits le stationnement de votre vélo vous coûtera 6 €. Si vous n’avez pas de pass navigo je ne suis pas sûre que ce sera très facile. En tous cas les renseignements sont ici.
  • Les titulaires d’une Carte annuelle de transports, à condition qu’elle ne soit pas subventionnée (plus de 60 ans, aide sociale, anciens combattants, etc, mais le « Navigo tarification senior » fonctionne) peuvent s’abonner gratuitement dans un parking, et payer pour avoir accès à une seconde adresse. Mon idée est donc de choisir votre second abonnement (de courte durée) au fil de vos déplacements.
  • Les enclos Veligo (que l’on trouve dans de nombreuses gares franciliennes), fermés et seulement surveillés par caméra, sont maintenus, mais la liste d’attente est telle que ce n’est pas un plan (et c’est pire avec les vélo-boxes municipales).

En 2020 la Ville de Paris a ouvert deux garages à vélos près d’une gare, tous deux sur le principe de la réutilisation d’un passage piétonnier en tunnel. Les deux se sont rapidement transformés en zone de non-droit, mettant en évidence le besoin d’une gestion soigneuse.

Gare de Lyon, dans le passage piétonnier Van Gogh, depuis février 2020. 200 places, payant, surveillance par caméras. Géré par la SAEMES, entreprise de gestion de parkings. L’accès par le tunnel Van Gogh, sous la gare, plaisait beaucoup mais a dû être fermé car les sans abris lui avaient vite trouvé un usage adapté à leur situation. L’accès se fait aujourd’hui uniquement par la rue de Bercy, et une partie du parc reste dépourvue de toit. 

Gare Montparnasse, dans le tunnel piétonnier Maine, entrée par la rue de l’Arrivée, en-dessous du niveau de la dalle (l’entrée se trouve dans l’angle droit, au niveau de l’entrée du tunnel. Escaliers depuis la rue du même nom au-dessus). Il est lui aussi payant, et sa gestion par la société Indigo n’en fait pas non plus un modèle. En février 2024 je le traitais de ruine en plein Paris et montrais en quoi c’était le contrat qui péchait.

Les deux disposent pourtant d’un édicule pour le gardiennage, à Montparnasse il y a même en plus ce qu’il aurait fallu pour un atelier, et avaient bénéficié d’un architecte prestigieux, Dietmar Feichtinger, également auteur de la passerelle du Mont-Saint-Michel. Il publie des photos de ces vélostations2mot utilisé et exagéré sur son site : Gare de LyonGare Montparnasse.
Au début le noir ambiant (sols, plafonds et parois !!!) de la ruine de Montparnasse me paraissait élégant. Aujourd’hui il me fait presque peur.

🚲 🚲 🚲

Espérons que la SNCF et la Région d’Ile-de-France sauront mieux gérer leurs garages à vélos que ne l’a fait la Ville de Paris jusqu’ici. Espérons que la gare du Nord fasse école, la gestion par une entreprise spécialisée qui maintient du personnel en permanence sur place reste ma principale recommandation, inspirée d’un royaume dont nous ne suivons les réalisations que superficiellement. Mais c’est normal, nous avons 40 ans de retard sur eux …


Créer du stationnement sûr et confortable pour les cycles
Quelques photos prises à Grenoble et à Lyon.

Guide du stationnement des vélos en gare


Des parkings AAA+, un article de Hans Kremers sur la situation aux Pays-Bas, publié en juin 2014. Malheur ! Il y a 10 ans on y construisait déjà des garages pour vélos de plus de 5000 places … et le gardiennage y est mis en place systématiquement.

Voies de garage à Utrecht, Hans Kremers, juillet 2015. 20 parkings gardés, affichage en ville de la capacité restante …

Et encore, parmi d’autres :

  • 440 places à la gare de Rueil. Octobre 2015.
  • Des gares accueillantes au service des voyageurs. Juillet 2014. Plusieurs exemples, de Limoges à Toulouse.

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