Le vélo ne rentre pas encore au Panthéon, mais les sportifs « autrement », oui. Nous découvrons un bonheur de vivre éclatant, et aussi une histoire assez récente.

Il y a eu des prémices à la fin du 19ème siècle, avec des courses de jambes de bois (1895), par exemple, mais c’est à la fin de la seconde guerre mondiale que tout a vraiment commencé, et plus exactement en Angleterre dans le milieu hospitalier. Après disputes suivies de fusion, l’Amicale sportive des mutilés de guerre voit le jour (1954) sous la houlette du radieux skieur Philippe Berthe (photo plus bas). Les championnats se succèdent jusqu’à l’idée, logique, de participer aux Jeux Olympiques. 

Le « sport autrement » est donc passé par trois phases préliminaires, celle de l’hôpital et de ses Grands blessés (1948 -1960), puis celle du social et du passage des seuls amputés -en fauteuil roulant- aux mal-voyants puis aux infirmes moteur-cérébraux (1969-1989). Une des célébrités de cette seconde époque est Aimée Mullins, double amputée tibiale depuis l’enfance. Elle a compensé son handicap par rapport à son entourage, fut championne, et mannequin chez L’Oréal !

Enfin la troisième phase (1989-2012) est celle de la performance. L’athlète est un athlète, avant tout, ou avant, tout-court, avant d’avoir eu un accident qui changera le cours de son histoire. Philippe Berthe se destinait à être charcutier, il fut président.

Aujourd’hui c’est le spectacle de la fierté, qui a commencé avec les jeux paralympiques de Londres, en 2012.

Vous ferez la connaissance, grâce à des enregistrements, de David Toupé, joueur de badminton, déjà champion du monde bien avant son accident, ou de l’escrimeur Maxime Valet, lui aussi sportif avant et après. (Disponibles sur resonance-sonore.fr). Les époques antérieures sont illustrées de photos, films et objets. En 2024 la «para» est entrée dans la société, ainsi Barbie a-t-elle une amie en fauteuil et Lego un personnage. 

Et le vélo dans tout ça ? Eh bien, du fauteuil au vélo couché il n’y a pas grand chose, et dans les deux cas le sportif ne peut gagner qu’avec une machine parfaite. Un des premiers fauteuils roulants, présenté ici, a été fabriqué par la Maison Poirier, à Fondettes (près de Tours). Aujourd’hui la société est spécialisée dans les fauteuils de sport.  Avec Maxime Valet vous comprendrez ce qu’est le réglage du fauteuil du futur champion….

Un fauteuil pour tous les jours comme des chaussures de tous les jours ne sont pas adaptés pour la compétition. Le monde du paralympisme est devenu un laboratoire technologique.
_{Sylvain Ferez}

Cette exposition en tous cas vous donnera le vrai sens des Jeux Paralympiques, ceux du « grand spectacle de la fierté », ou d’une illustration du livre que je vous ai fait lire début août, Le mental des champions. On parle désormais moins du « pauvre handicapé » que de sa performance. Les Jeux paralympiques ne sont pas seulement un « retour » des Jeux olympiques, selon le mot de Tony Estanget lors de la clôture, mais son supplément d’âme, comme dit Ryadh Sallem.

Au Panthéon ?

Les sportifs sont au Panthéon car le Panthéon participe à la construction de la citoyenneté. 

Le paralympisme affirme la reconnaissance des différences et des limites (…) La quête de la performance répond ici à une logique prenant en compte les différences et les limites de capacité de chacun dans le but de créer les conditions d’une vie partagée (…) le mouvement paralympique crée les conditions d’une émancipation. (…) Je pense particulièrement à Louis Braille, qui repose au Panthéon. Il est un des précurseurs de l’émancipation par l’instruction, par l’école, des personnes déficientes visuelles au travers d’une innovation technique.
_{Anne Mercellini, co-commissaire}

Cette exposition dévoile de nouveaux héros qui incarnent la réussite et la valeur sociale dans la diversité.
_{Sylvain Ferez, co-commissaire de l’exposition}

Exposition jusqu’à fin septembre, tous les jours de 10 h à 18h30.
Dernières visites commentées les mercredi 11 et 18 septembre à 11h (inscription conseillée).
Témoignages, samedi 28 septembre à 15 h : Les invisibles du Para sport, comment faire sa place dans l’inconscient collectif sportif ?

Entrée 13 € donnant libre accès à l’exposition comme à la crypte où sont alignées les tombes de nos grands « Hommes » et Femmes. Vous pourrez voir aussi le pendule de Foucault. 

Renseignements plus précis

Merci à Christophe Derouet du site Handivélo, grâce auquel j’ai découvert cette exposition.

Les Jeux paralympiques auront lieu du mercredi 28 août au dimanche 8 septembre 2024. Ils sont organisés par le Comité international paralympique, dont le président est sir Philippe Craven, la présidente de la branche française étant Marie-Amélie Le Fur.
236 athlètes représenteront la France, aidés pour certaines disciplines par 20 « guides ». 22 disciplines, 1/3 de femmes, dont la plus jeune, l’Orléanaise Marie N’Goussou, 16 ans, est coureuse à pied.
En cyclisme il y a 20 compétiteurs-ses, dont un en fauteuil, le Mulhousien de Quimper Joseph Fritsch. Il roule en hanbike depuis l’âge de 7ans !

Calendrier.

Pour le cyclisme le détail est ici.

En résumé :
Cyclisme sur piste, vélodrome national, Saint-Quentin en Yvelines : 29, 30, 31 août, 1er septembre.
Cyclisme sur route, départs de Clichy sous Bois, parcours en Seine-Saint-Denis : 4, 5, 6, 7 septembre.

Achat des billets ici.

Cérémonie d’ouverture : 28 août 2024, bas des Champs-Elysées et Place de la Concorde. Ouverture par un défilé de 4 400 athlètes issus d’environ 184 délégations paralympiques venues du monde entier.

Week-end de clôture : 7-8 septembre. Fin des compétitions de para judo dans l’enceinte de l’Arena Champ de Mars. Fin également des compétitions d’escrime fauteuil dans la nef du Grand Palais.