Devenir mécanicien pour cycles aujourd’hui … 4 jeunes patrons témoignent

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Jonas, Armand, Tristan et Vincent sont de jeunes entrepreneurs dans le vélo. Deux d’entre eux ne font que de l’entretien et de la réparation de vélos, Vincent fait aussi un peu de vente de vélos ressuscités par ses soins, et Armand, outre la mécanique, pratique divers services liés plus ou moins à la formation.

Tous les quatre je les ai rencontrés un peu par le hasard de mes diverses activités, et je ne suis cliente d’aucun. Ils n’ont pas tous « aimé le vélo depuis toujours », mais presque. Je les ai interrogés sur leur histoire : pourquoi devenir mécanicien-cycles ?

Tristan est peut-être le plus marquant car auparavant il avait fait des hautes études de finances en Angleterre, prolongées par une spécialisation financière à Sciences-Po. Après avoir finalement travaillé un an dans la finance il a réalisé que cela ne l’intéressait pas. 

Il commence à Rueil (banlieue parisienne ouest) en allant chercher en camionnette le vélo du client et en le lui rapportant. C’était peut-être une bonne idée, ce fut très formateur, mais ce n’était pas rentable. C’est pourquoi en mars 2022 il créée un atelier dans Paris, près de la gare Saint-Lazare. En juillet 2024 il en a 3, tous sous le même nom de Cycler, qu’il prononce [cikleur]. Le principe, qui sera celui de tous, est « sans rendez-vous et en deux heures », ou 8 heures si c’est trop compliqué.

Cycler
Paris17 – 91 rue de Rome (Est du nouveau quartier des Batignoles)
Boulogne-Billancourt
– 20 avenue Jean-Baptiste Clément (proximité du sud du bois de Boulogne) 
Paris15
– 7 boulevard Victor (Maréchaux, plus bas que la place de la porte de Versailles)

Vincent a été d’abord photographe de mode et d’architecture pendant 15 ans. On le retrouve à la tête d’un atelier appelé French Atelier … Pourquoi donc ? Parce qu’il avait alors aussi un atelier de décoration et transformation de motos. Il a juste gardé le nom, qui est dans la culture motarde, en ajoutant Cycles.

Pour lui c’est le confinement qui l’a fait basculer. La photo telle qu’il la pratiquait était réduite à néant. En janvier 2024, après avoir accompagné Tristan pendant un an et demi, il ouvre un atelier dans le quartier Beaugrenelle. Il y fait de tout, « sans Rendez-vous et en deux heures » comme les autres, avec deux spécialités en plus, l’électrification des vélos et l’entretien et résurrection de très, très beaux vélos plutôt de course. C’est ceux-là qu’il vend ou qu’on lui confie. Son atelier a gardé les moulures typiques des appartements bourgeois, ce qui pourrait lui donner un côté décalé, mais ce n’est pas grave, sa clientèle s’est très vite constituée grâce notamment au bouche à oreille. Tout Beaugrenelle bruisse de son nom.

French Atelier cycles
83 Avenue Émile Zola, Paris15 (proximité du métro Charles-Michels).

Jonas, lui, à 18 ans il y pensait déjà. Il commence par exercer des métiers liés au vélo, animateur et technicien de promenades à vélo pour des croisières lointaines, réparateur à domicile comme tant d’autres, monteur chez Douze cycles, mécanicien-vendeur en vélos-cargos, vendeur chez décathlon, 3 ans en Allemagne dans le secteur du vélo … et finalement responsable du 4eme atelier de Velogik à Paris. 

✳️ Les Ateliers-Vélogik redonnent de la noblesse aux réparateurs de vélos

Il a tout de suite senti le potentiel de cet établissement, de par le concept « sans rendez-vous et dans les deux heures », l’emplacement, à l’angle de deux artères majeures du 12 ème arrondissement et avec une esplanade devant, et aussi tout simplement parce que l’époque du vélo était arrivée. Lorsque Velogik veut arrêter l’expérience des Ateliers, Jonas, aidé par son père, négocie, met à plat tout l’administratif, réunit les financements et met plus de six mois à tout régler pour relancer l’atelier. Le nouveau magasin ouvre le 27 mai 2024 avec deux salariés, Doukissa et Thibert, en plus de Jonas. L’adresse a du beau matériel et affiche son nouveau nom, Poum Tchak, qui se veut évocateur de Poum-et voilà c’est fait, si j’ai bien compris. Je témoigne : Jonas est bluffant d’expertise et de rapidité … L’atelier travaille aussi sur les flottes de vélos d’entreprises, sur place si c’est le mieux.

Atelier Poum Tchak
1 passage Marie-Rogissart (angle du 67 boulevard Diderot, ancienne caserne de Reuilly, près du métro Reuilly-Diderot), Paris 12

Le 4eme enfin de ces trentenaires, tous des garçons, c’est Armand. Comme Tristan il est très diplômé. Licencié en géographie, titulaire d’un master en géopolitique et relations internationales obtenu à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, il a travaillé à l’ambassade de France à Washington DC, au CNES puis à l’IGN… et puis il a toujours été cycliste, mais lui, ce qui l’intéressait c’était de créer une entreprise. Il se forme soigneusement et a accumulé tous les certificats requis. Depuis un an, sous le nom de L’attache rapide, Services Cycles, il se présente avec ce sous-titre « Mécanique || Vélo-Ecole », deux activités qu’il exerce autant en entreprise qu’auprès de particuliers, même si la notion de formation n’est pas la même dans les deux cas. On lui demandera donc des réparations chez les particuliers ou en entreprise (avec parfois des sessions de sécurité routière), il fait aussi des remplacements chez les confrères et des animations d’ateliers d’auto-réparation … Il est aussi animateur de Savoir rouler à vélo dans le cadre scolaire et le seul de nos témoins à faire partie de l’association des Boîtes à vélo. Sa polyvalence lui donne un sentiment de liberté mentale et de plaisir de faire qui sied bien à un ancien diplomate.

L’attache rapide, Services Cycles
Paris 15


🚲 Ce qui me frappe dans toutes ces rencontres c’est à la fois l’âge, autour de la trentaine, et le sentiment de l’évidence qui habite ces entrepreneurs. Ils vous disent tous que maintenant qu’il y a plein de vélos en circulation il faut bien les entretenir et les réparer. Aucun ne fait de la vente son coeur de métier, tous croient au service au vélo, d’autant que les Parisiens ne savent plus réparer leur vélo. Tous gagnent leur vie, quasiment à l’ancienne, si ce n’est l’organisation, les outils et les machines. Tous savent que l’on va chez «son» bouclard comme on va chez le docteur, on a une relation stable et personnelle avec lui. Je lui confie ce que j’ai de plus cher et il me le rend comme neuf, à moi, sa cliente. Ainsi vu, l’approximation ne paie pas. Tous aussi savent que le service se rémunère à son prix, et que pour en vivre il ne faut pas faire la charité. Alors certains ont augmenté, un peu bien sûr, les prix historiquement pratiqués, et offrent en échange un service parfait. 


HollandBikes, 79 bd Lefebvre (en haut de la côte)
VeloRepar, 228 rue Lecourbe (proximité de rue de la Convention)
Vélo, 93 avenue Félix-Faure (proximité du métro Lourmel)

Pharmacycles, 3bis rue Mademoiselle (niveau square Saint-Lambert)
Roulez Champions, 5 rue Humblot (quartier Dupleix)

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Patrick
3 mois

Portraits très intéressants … J’adore ces profils de trentenaire, qui se sont enfuis de boulots à la c…

Fred
3 mois
En réponse à  Patrick

Bravo Jonas 😉
C’est intéressant. Ce serait super aussi d’avoir le témoignages de profils de mécaniciens et surtout de mécaniciennes (responsables d’ateliers ou autres) qui se sont tourné•es vers d’autres modèles : ateliers de réparation solidaires et de réinsertion, ateliers d’auto-réparation, ateliers de co-réparation.

Jeanne à vélo
2 mois

Sympathiques portraits. Nous avons ici à Orléans un gars qui a eu un peu le même parcours que Tristan et Armand : Antoine a commencé par la réparation itinérante et a ouvert en début d’année une boutique physique (vente et réparation/entretien) à l’enseigne « Le Dérailleur ».

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