Les séniors adorent le vélo nous dit le Forum Vies Mobiles. 5 millions de séniors pratiquent le vélo au moins une fois par semaine, soit près d’ 1 sénior sur 3.
Dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité, le Forum Vies Mobiles, club de réflexion sur la mobilité, présente les résultats de son enquête nationale sur la pratique actuelle et potentielle du vélo chez les 60-80 ans, menée avec l’institut BVA.
Qui sont ces séniors qui font du vélo ? Où vont-ils ? Pourquoi font-ils du vélo ?
En France, la population est de plus en plus âgée et cette tendance va perdurer encore plusieurs décennies. L’INSEE prévoit que les plus de 60 ans représentent 35% de la population française en 2075, contre 28% aujourd’hui.
Ce phénomène représente un double défi, sanitaire et climatique, pour notre système de mobilité.
– Sanitaire car, comme le rappelle régulièrement l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), vieillir en bonne santé passe par une activité physique régulière.
– Climatique car il est primordial de développer des alternatives à la voiture qui soient accessibles à toute la population si l’on veut vraiment décarboner la mobilité.
Pour apporter des réponses à ce double défi, cette nouvelle étude du Forum Vies Mobiles cherche à connaitre la pratique actuelle et potentielle du vélo par les Français nés entre 1943 et 1963 et donc aujourd’hui âgés de 60 à 80 ans.
Une cible particulière puisque ce sont les principaux témoins et acteurs de l’avènement du système automobile : on comptait une voiture pour 20 habitants en 1943, on en compte aujourd’hui plus d’une pour 2 habitants.
Principaux résultats
Le cyclisme est une pratique plus répandue qu’on ne le pense chez les 60-80 ans
- Près d’un sénior sur trois (28%) – soit près de 5 millions de personnes – enfourche un vélo au moins une fois par semaine.
Cette génération qui a vécu sa vie active avec la voiture n’a pas oublié le plaisir du vélo
Le forum dit « cette génération qui a grandi avec la voiture« . A mon avis cette assertion est trop rapide. Dans ma ville c’est l’année de mon bac que la voiture est devenue omniprésente, provoquant le remodelage des rues, la création de très nombreux sens uniques pénalisants (ce que j’ai vécu jusqu’à la fin des années 80) et la pose d’énormément de feux de croisement, puis même de feux de passages-piétonniers. J’ai grandi avec le vélo, nous y jouions dans notre rue puis j’ai été en classe à vélo et, enfin, me suis mise à explorer les environs, surtout la forêt proche silencieuse. Jusqu’à l’arrivée des autos, qui a tout gâché.
- Plaisir, liberté, nature… dans l’imaginaire des séniors, le vélo est spontanément associé à des notions très positives, qu’ils soient cyclistes ou non : pour près de 9 séniors sur 10 (88%), ce mode de déplacement va être amené à se développer dans le futur et les pouvoirs publics devraient investir davantage pour favoriser son usage (88%).
- En moyenne à l’échelle nationale, 1 cycliste sénior sur 2 (53%) fait du vélo autant pour ses déplacements utilitaires que pour le plaisir (32% pour le plaisir et le sport, 15% de manière purement utilitaire).
La pratique cycliste n’est pas l’apanage des urbains, le vélo étant pratiqué aussi fréquemment dans le rural qu’en centre-ville, mais pas pour les mêmes raisons
- En milieu rural, la pratique pour le plaisir domine largement : 41% des répondants n’utilisent le vélo que de cette manière, contre 9% pour la pratique purement utilitaire.
- En centre-ville, les pratiques sont plus diverses : 26% pour les déplacements utilitaires uniquement et 21% pour le plaisir uniquement.
- En périphérie des villes, on observe une pratique intermédiaire entre les territoires urbains et ruraux : 28% des répondants utilisent uniquement le vélo pour les loisirs, tandis que 13% ne l’utilisent que pour les déplacements utilitaires.
Le tournant de la soixantaine marque un changement dans les habitudes de déplacement qui est plutôt favorable à la pratique régulière du vélo
- À 60 ans, 41% des cyclistes augmentent leur pratique du vélo, quand seulement 28 % la diminuent, et 30 % maintiennent la même fréquence.
- En revanche, personne ou presque ne se met au vélo après 60 ans s’il n’en faisait pas déjà avant.
Pour les cyclistes séniors comme pour les non cyclistes, l’insécurité liée à la cohabitation avec le trafic automobile est le premier obstacle perçu à une pratique plus intense ou pour se mettre au vélo
- Les séniors cyclistes déclarent se sentir le plus en sécurité lorsqu’ils sont sur une voie séparée du trafic automobile : 80% en moyenne.
- À l’inverse, c’est lorsqu’ils sont sur une voie avec beaucoup de trafic automobile qu’ils sont les moins nombreux à se sentir en sécurité : 4%.
- Chez les non cyclistes, le manque de sécurité et notamment la peur des accidents, arrive en tête des freins à la pratique du vélo : 79%.
J’ajoute, concernant au moins l’expérience parisienne, que de plus en plus de cyclistes âgés craignent encore plus les pistes surchargées. Comme ils ont l’habitude de rouler depuis des décennies, à l’époque dans des conditions bien plus difficiles qu’aujourd’hui, ils préfèrent parfois rouler avec les motorisés plutôt qu’avec les fous du guidon. Ou bien ils se trouvent de nouveaux itinéraires, discrets et sans compteurs.
Près d’ 1 sénior sur 3 pratique le vélo au moins une fois par semaine nous a dit le Forum Vies Mobiles. Ils pourraient être plus nombreux, mais ce n’est pas le sujet, c’est plutôt celui de PraxieDesign à qui j’ai emprunté les photos.
▶️ Regardez Les roues du possible ! Deux merveilleux petits documentaires. Vous pouvez même aller directement sur le site dédié : www.lesrouesdupossible.fr
En plus, j’ai l’impression que les derniers des « vrais » cyclistes (sans moteur électrique), à Paris en tout cas, sont désormais majoritairement des vieux (personnellement, le terme de « senior » me donne des boutons, comme « Black » pour « Noir » – soyons franchement « vieux », comme d’autres sont « jeunes », il n’y a pas de honte !) : à eux les muscles et le souffle qui risquent de manquer aux jeunes motorisés !
Le boom du cyclisme de vieux vient aussi de l’avènement du vélo électrique. J’en suis le témoin quotidien. Presqu’un regret. Mais il faut en convenir le VAE a conquis d’abord un public de vieux. Tout est plus facile avec l’assistance en particulier les démarrages et le passage des bosses.
Constat exactement à l’opposé du mien : mince, qui est l’observateur le plus perspicace ?
L’un a une pratique « rurale » de loisir (vtt notamment), l’autre exclusivement parisienne, de déplacement.
J’aimerais ne pas avoir raison. J’observe que le long des côtes de Bretagne où je me trouve, l’intégralité des promeneurs âgés à vélo sont « électrifiés »