Elle ambitionne de présenter l’avenir industriel du vélo en France et d’y montrer l’importance du design et de l’artisanat dans le processus de création.
L’artisanat est indispensable à l’industrie car c’est là que tout peut s’inventer… nous a-t-on expliqué. L’exposition de Saint-Etienne veut montrer que l’avenir du vélo est largement ouvert et qu’il peut être, sinon strictement français, au moins européen.
La Ville de Saint-Etienne, au sud de Lyon, est non seulement le berceau du cyclotourisme mais aussi un des berceaux de l’industrie du cycle en France et sans doute celui qui est le plus chargé d’émotion. L’exposition Bicyclettes(s) Faire des vélos s’y tient dans l’enceinte de la Manufacture d’Armes, et non dans le siège historique de Manufrance, comme me l’a fait remarquer le concepteur de l’exposition. Résolument tournée vers le futur proche, elle est installée dans un bâtiment sans caractère qui masque la façade et l’entrée de l’usine. Certains ont plus de chance, l’école nationale de design est logée dans les bâtiments historiques, comme une école primaire municipale. Le reste du complexe industriel est encore en chantier.
L’ exposition, qualifiée d’« exposition-évènement », a finalement ouvert le 8 novembre, discrètement, après report (voir ma présentation) et sans inauguration. Sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions?
Elle est composée de deux grandes salles. La première présente des artisans et industriels actuels, ou plutôt un échantillon récent de leur production, de Douze à Moustache en passant par une sélection d’artisans comme Pechtergon, Tamboite, Milc, Lafraise… et d’industriels comme Corima, Decathlon, Gouach, Reynolds, Gaya …
Au total une soixantaine de vélos plus ou moins regroupés par catégories mais surtout alignés les uns derrière les autres. Seuls secours, les intéressantes vidéos présentant leur patron et leur philosophie.
Le dispositif scénographique de l’exposition est repris d’une exposition antérieure, Designer(s) du design, présentée à Lille en 2020, à l’image des principes de « la réutilisabilité des choses produites », démarche « importante et nécessaire » pour le concepteur.
L’autre salle, plus petite, intitulée « Atelier », présente les dessous des vélos, tubes de toutes formes, dérailleurs et boîtes de vitesse, jantes et pneus … ainsi que quelques machines de Tour de France des années 80. Une carte montre la richesse industrielle de la France, en phase avec les travaux parlementaires actuels dans le domaine de l’industrie du cycle.
Si vous êtes aussi étranger que moi à la mécanique je vous recommande de suivre une visite guidée. A ceux qui ne voient en Saint-Etienne que Vélocio et la Manu je recommande aussi de faire un tour à la librairie, au-delà des toilettes dans le même bâtiment. Vous pourrez y acquérir quelques « souvenirs », ainsi que le livre de Raymond Henry sur le fondateur du cyclotourisme en France, (Vélocio, à St-Etienne) dans sa réédition de 2020. Comme me le fit remarquer le libraire, l’exposition en cours n’est pas une exposition historique. Elle cherche à nous convaincre de la richesse multiforme de la création française d’aujourd’hui en matière de cycles.
Le grand public aura peut-être un peu de mal, malgré un livret pour les enfants et un guide du visiteur … léger. L’exposition a été montée par l’agence de design NoDesign, qui pense que son art est inséparable de la création. On se souvient de certains échecs cuisants (le Pibal de Bordeaux) mais surtout je me demande si cela suffit à créer une dynamique. De plus, occulter ses racines, ou les oublier, n’est-ce-pas aussi se priver de la force de ceux qui ont un socle sur lequel s’appuyer ?
- Exposition ouverte tous les jours sauf les lundi et jours fériés non-dimanches, de 10h à 18 h. Jusqu’au 1er mai.
- Entrée 6 euros, visite guidée 2 euros en plus.
Entrée famille 8 euros (deux enfants, deux adultes), visites sans parents à 11 h et avec parents à 15 h à certaines dates de vacances. - Accès par le tramway. Il y a aussi … (de mémoire) quelques pince-roues.
- Informations sur le site de la Cité du design, colonne de gauche.
- Vue de l’ensemble des bâtiments anciens ici, en bas de la page.
Sur un thème proche :
- Urbanus Cyclus, expo sur le vélo en ville à Saint-Etienne,
- Amiens : A bicyclette. Histoire de la fabrication et des usages du vélo dans la Somme. Jusqu’au 15 décembre.
- A Châtellerault, Des 2 roues plus vrais que nature. Peintures figuratives. Jusqu’au 31 décembre au musée d’Art et d’Industrie..
Ce site n’ai pas celui de Manufrance mais de la manufacture d’Armes de Saint -Etienne où était fabriqué le Famas « Clairon » des militaires francais … Manufrance est un autre site civil.
Il y a un espace dédié à l’histoire : « Sainté », avec 4 vélos stéphanois exceptionnels sélectionnés avec le musée d’art et d’industrie … dont les dernières productions de Vitus et Mercier avant l’effondrement.
Merci … j’ai corrigé.
occulter ses racines, ou les oublier, n’est-ce-pas aussi se priver de la force de ceux qui ont un socle sur lequel s’appuyer ? – Totalement d’accord. Si l’on peut ne pas aimer les expositions qui n’abordent un sujet que sous son seul angle historique, il est bien dommage d’en voir qui n’abordent pas du tout cet angle. Il est important lorsque l’on veut comprendre les choses. Surtout dans l’industrie. Et surtout à un endroit comme celui-là.