Il règne sur Paris une drôle d’atmosphère, à la fois joyeuse et calme, un peu comme des bulles de champagne. Tout le monde sourit, les voitures sont supplantées par les cyclistes, la chaleur elle-même se transforme parfois en bienvenue fraîcheur. Les bannières, les costumes, la beauté de la Ville, tout participe à cette ambiance légère dont on se souviendra longtemps. Cela est largement dû à l’omniprésence des bénévoles et à leurs couleurs à la fois modernes, apaisantes, et joyeuses.
Qui sont les volontaires des Jeux Olympiques ?
Ils sont de tous âges, de toutes les régions et même étrangers, ils sont en tout quelques 45 000 selon 20minutes, sur 300 000 candidats, ou 10% des candidats, selon une responsable qui me précise que 90 nationalités sont représentées.
Tous ont répondu à un appel à candidatures « il y a longtemps », nul ne s’en souvient clairement. Deux, trois ans ? Certains plus récemment, en direct ou via leur entreprise pour certains. Le questionnaire portait sur leurs motivations, leurs compétences, leur connaissance des sports… et avait été suivi de tests de langue, de questions sur leur connaissance des Jeux et leur rapport au sport, le rôle qu’ils se voyaient bien là-dedans, et bien sûr sur leur santé. Des enquêtes de police avaient également suivi. Ils ont dû s’engager à venir au moins pendant 10 jours, sur l’une des deux périodes ou sur les deux.
Claude, la bonne soixantaine, est venu sur une idée du maire de son village. C’était un moyen d’en être sans avoir à payer. Il est chauffeur pour les petites délégations ou pour des personnalités.
Pour le Grenoblois Jean-Marc, c’est la réalisation du rêve formé à l’âge de 9 ans, en 1968, où ses parents ne l’avaient pas fait participer aux Jeux.
Stephane est gendarme retraité et vit en Charente-Maritime. Il adore le sport et fera aussi les jeux paralympiques. Il loge à Montrouge (tout près du 15eme) chez sa fille.
Patrick, de Tours, est pratiquant de Taekwondo. Il intervient sur la zone d’entraînement de Saint-Denis, tandis que Faty, son épouse franco-brésilienne, intervient au Trocadéro. Ils logent à Montparnasse, chez un ami en vacances.
David, venu de Biarritz, loge chez son fils. Il apprécie tout, et en particulier le mélange social, qui apprend que toute personne, quelle que soit sa classe, peut être passionnante. C’est comme à l’armée, la vertu de l’uniforme et de la tâche partagée.
L’Argentine Véronica, la cinquantaine, mère d’un futur cycliste professionnel (on l’espère) et elle-même ancienne championne de tennis, aujourd’hui pratiquant un cyclisme sportif, professionnelle du marketing et de la communication, est attachée de presse rattachée à Elancourt. Elle vit pour l’heure en Espagne et est venue de Valencia à Paris à vélo, sans oublier les Pyrénées. Elle loge chez un ami d’ami dans le 15eme.
Etudiants, mère de sportif, souvent déjà actifs dans le sport, le motif de la participation le plus souvent entendu est juste « d’en être », de participer à cet évènement unique.
Les bénévoles ont été répartis en deux catégories. Le costume de ceux du COJO a des rayures et ils ont eu un chapeau, ceux de la Ville de Paris sont à pois, avec une casquette rose. Les nuances et la disposition varie, mais tous ont 4 hauts et deux bas, un blouson, des chaussettes, une paire de chaussures. L’histoire de leur costume est d’ailleurs intéressante, je vous la laisse découvrir dans Sport & société. Ce journal ne vous a pas dit que la casquette avait été faite en Chine, seule entorse repérée à la morale. Les chaussures ne conviennent pas à tous, mais pour le reste la satisfaction est manifeste. On les verra longtemps sur les routes ou dans les placards, et Decathlon a bien joué !
Les bénévoles du COJO sont plutôt au contact des sportifs, ceux de la Ville de Paris organisent les flux de piétons et jouent un rôle d’accueil, d’orientation et de renseignements. Les cloisons entre eux ne sont pas totalement étanches, de même qu’avec les forces de l’ordre qui se retrouvent elles aussi à renseigner ou faire traverser. On n’a jamais vu des agents de la force publique, soldats, gendarmes, policiers … aussi détendus et prêts à la causette. Tout se passe dans une ambiance calme et joyeuse, même si, en particulier le matin, les effectifs peuvent être un peu faibles, et le soir presque trop chargés. Ce sont des détails.
L’accueil aux bénévoles, les chouchoutés et les autres
Tout semble pourtant être assez cloisonné, souci de sécurité oblige, pour eux comme pour l’ensemble des Jeux. Pourtant pas mal des « volontaires Ville » m’ont quasiment donné leurs horaires, et précisé que leur localisation ne changerait pas. Pour l’étudiante étrangère interrogée ce samedi c’est 5 jours – 4 jours de repos – 5 jours. Par contre Véronica, de l’équipe COJO, ne connaît pas ses affectations d’avance, seulement ses jours de repos.
Ils sont tous nourris, du très bien au détestable selon les cas (et peut-être les avis), ceux qui ont la chance qu’il y ait à proximité logistique scolaire et salles de repos étant les plus vernis. Les bénévoles rencontrés m’ont même dit que la Ville les bichonnait! Au Grand-Palais la rumeur veut qu’ils profitent du resto-U et que ce soit également très bien.
La Région fournit une carte régionale de transport pré-payée. Ils conserveront certes leurs uniformes, mais ils doivent se loger et le trajet pour venir ou circuler hors d’Ile-de-France n’est pas pris en charge.
Des brebis galeuses rodent
Sur la quantité des recrues une partie a disparu et une petite partie est régulièrement absente ou en retard. Heureusement les organisateurs avaient vu large, mais ils n’avaient pas imaginé que certains soit-disant bénévoles disparaîtraient dès le premier soir. Ceux-là ont illico revendu costume, chaussures, chaussettes, chapeau et musette sur des sites dédiés. Le bob se trouve déjà à 200 €, la sacoche à 150… Il y a aussi beaucoup de contre-façons. En quelques jours plus de 200 bobs, tous pièce unique, ont été volés, des tenues entières aussi, au point qu’il n’y a plus de rechange disponible.
Les bénévoles du COJO m’ont parlé d’une petite prime sous forme de cadeaux qui ne sera remis qu’à ceux qui n’ont pas déserté. Ils ont déjà reçu une très belle montre offerte par un des sponsors, et des petits souvenirs.
Des volontaires efficaces, courageux et créateurs de bonheur
Dès l’arrivée en gare, l’accueil par des équipes Ville bien fournies a été énormément apprécié. Localement leur présence active et souriante pour orienter, faire traverser, empêcher de passer, inlassablement répéter les mêmes consignes, renseigner … ou prendre des photos, fait plaisir à voir et à mon avis joue un rôle majeur dans l’ambiance calme et joyeuse qui règne partout.
Ceux qui sont rattachés aux sportifs sont souvent des professionnels de la communication ou de la logistique … Leur rôle est d’assurer l’accueil des journalistes ou des personnalités, qu’il convient d’accompagner jusqu’à l’entrée. Porte de la Plaine une équipe dynamique accompagne les personnalités jusqu’à leur destination et c’est un jeune homme souriant qui gère les mouvements des véhicules et les prises en charge.
Une jeune femme des environs cossus vient en auto parce que les trains, d’accord, mais le soir … et espère ne pas payer d’amendes (elle se gare en bord de Seine, dans une commune qui a maintenu exceptionnellement les stationnement payant pour protéger ses habitants… qui ont tous déserté!).
Pascal habite à 25 km de Paris et vient lui aussi en auto. Ancien sportif, passionné d’athlétisme, il ne pouvait pas de pas en être. Son métier aurait fait baver n’importe quel enquêteur cycliste, c’est un ancien cartographe à l’IGN. Mais la mission l’attend.
Pour Véronique, de Reims, ça tombait pile à sa retraite. Elle fait l’aller et retour en flixbus, 150 km dans chaque sens plus la traversée de Paris …
Florence, enfin, est venue dans le cadre de son entreprise, qui est sponsor et envoie 1012 collaborateurs aux Jeux Olympiques, et autant aux Jeux Paralympiques, ce qui fait un joli total de 2024 bénévoles, qui souvent prolongent à leur compte les deux jours offerts. Florence met 3 h pour venir en train + auto du fond de l’Essonne, et autant au retour. D’autres entreprises ont aussi envoyé du personnel, par exemple EDF, et parmi les recalés certains collaborateurs ont pris entièrement sur leur temps pour en être !
Ce petit reportage a été effectué presqu’uniquement dans Paris, sur le boulevard Saint-Germain et dans le XVème (place de la porte de Versailles et avenue de la porte de la Plaine). Dans les autres communes (Saint-Denis, Nanterre etc) je n’ai pas été voir, mais il paraît qu’ils ont souvent eux aussi leurs bénévoles municipaux en plus des bénévoles COJO.
« ceux de la Ville de Paris sont à poids » : comme le lancer éponyme 😉 ?