L’économie sociale et solidaire souffre. Après le dijonnais La bécane à Jules, qui a dû fermer cet été, voici le bordelais Récup’R lui aussi en danger. L’équilibre financier s’effondre dès que les pouvoirs publics se retirent. Après avoir créé la dépendance et vous avoir bien utilisé à des fonctions qui leur incombe, voilà qu’ils vous laissent tomber et que tout se complique, comme l’avait très bien expliqué Benjamin Pichot dans son livre L’Atelier des Miracles. Un appel aux dons est lancé car Récup’R est en galère.
Les dons se font via Hello Asso.
A noter que c’est l’ensemble de l’économie solidaire, et en particulier le travail social, qui souffre, ainsi que l’expose Mathieu Klein, maire de Nancy et président du Haut Conseil du travail social, au magazine Localtis : La crise du travail social est toujours plus aiguë. Un atelier de réparation de vélos n’est certes pas comparable à un centre d’hébergement pour personnes dépendantes mais certaines logiques semblent similaires. Salaires insuffisants, mauvaises conditions de travail et autres, et surtout instabilité des ressources des collectivités locales, parmi lesquelles les Départements, liée aux inégalités financières d’un territoire à l’autre.
Beaucoup d’actions très concrètes changent le quotidien et méritent ensuite d’être incubées, essaimées.
(…)il y a une attente immense, il y a une soif de projets qui font sens sur un territoire, qui portent et qui tirent vers le haut, qui mobilisent des acteurs quelle que soit la nature de leur engagement ou de leurs responsabilités.
A l’heure où les crises s’entremêlent ne serait-il pas temps de remettre à plat le fonctionnement de ces entités discrètes et salvatrices, capables de maintenir une vie humaine là où sans elles tout serait bien pire ? Mais attention, « économiser » va être tentant : la presse de ces jours-ci nous alerte, la dette française est plus élevée aujourd’hui que ne l’était celle de la Grèce à ses heures les plus terribles d’il y a dix ans. C’est le Titanic, nous dit le journal économique La Tribune, des choix sévères sur la dépense publique sont prévus … Les dons sont acceptés.
Deux rapports
Le financement des associations, une urgence démocratique!, rapport du Conseil économique social et environnemental. A lire dans Linkedin.
Par Martin Bobel et Dominique Joseph, membres du Conseil économique social et environnemental (CESE) et rapporteurs de l’avis « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique« .
Comment est-on arrivé à un état de confrontation entre l’économique et le service à autrui ? Les associations, pilier de la cohésion sociale.
Les modèles socio-économiques des ateliers d’autoréparation (de) vélo (s). Rapport rédigé par l’association L’Heureux Cyclage en 2023. En pdf . Cite largement notre informateur et son livre L’Atelier des Miracles. Sa conclusion indique que les Ateliers sont essentiels à la vie des habitants et qu’il est de l’intérêt des collectivités de s’assurer de leur survie.
Un des problèmes des ateliers vélos vient du fait qu’on les a incité à créer de l’emploi non financé par l’activité économique, parce que, par définition, une association ne dégage pas assez de revenus pour rémunérer un ou plusieurs de ses membres. Certaines ONG ont des salariés, mais c’est parce qu’elles « brassent » énormément de dons, et aussi de subventions. Combien d’associations se créent maintenant juste dans le but de « fabriquer » un emploi rémunéré ? C’est un dévoiement de la vocation de l’associatif, qui devrait reposer sur le don, le temps libre qu’on choisit d’occuper à une activité sportive, culturelle ou sociale. Devoir son emploi salarié uniquement à de la subvention publique, c’est extrêmement risqué et aléatoire, la plupart de ces subventions étant soumises au bon vouloir du monde politique. Ces emplois dans les associations, la plupart du temps, c’est du service public dont l’état ne veut pas se charger directement, des tâches de fonctionnaires, dont le nombre décroît chaque année par la volonté du libéralisme.
Les seuls ateliers que je connaisse qui perdurent dans le temps sont les ateliers qui ne fonctionnent qu’avec du bénévolat, l’exemple le plus accompli, à mon humble avis, étant l’atelier Vélorution Bastille, à Paris, né dans un squat, avec un esprit punk très marqué à ses débuts, et qui continue à ouvrir deux ou trois fois par semaine par la volonté d’un petit groupe de mécanicien.ne.s vélos déterminé.e.s et motivé.e.s. Cet atelier avait un tel succès, il y a quelques années, que sa trésorerie lui permettait d’aider au démarrage d’autres ateliers.