Pour les maires ruraux la politique des transports passe avant tout par les routes

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Ils sont gonflés les maires ruraux de nous faire miroiter que les routes nationales sont l’alpha et l’omega de la mobilité. C’est pour choquer, nous dit immédiatement David Lisnard, président de l’association des maires de France.

▶️ La politique de transports passe avant tout par le financement des routes, tel est en effet le titre de la tribune rendue publique hier par l’association des maires de France.

Ce qu’ils veulent souligner c’est qu’avec leur très faible population ils ont autant de routes à entretenir que s’ils étaient une ville. Or c’est à eux de le faire, avec des moyens financiers évidemment pas à la hauteur, comme pour les 120 000 ponts du territoire dont déjà 1/3 est en état de vétusté inquiétant.

L’Etat se garde les routes qui rapportent (les routes nationales et les autoroutes, soit 11 000 km) qui font rentrer 45 milliards dans ses caisses, et refile tout le reste aux communes et départements, soit 350 000 km. Dedans il y a même les bretelles d’accès aux autoroutes. Or 70% de la voirie communale se trouve dans des communes de moins de 3500 habitants. Vous voyez le tableau. 

Cette rencontre avec la presse avait lieu en quelque sorte en urgence. Les 4 ateliers de la conférence de financement des infrastructures de la mobilité, c’est bien joli sauf qu’ils ne veulent pas y jouer les seconds couteaux. Ils veulent exposer leur problème de responsabilité pénale (en cas d’accident) et de financement avant le début. Or avec ce nouveau ministre il n’y a pas moyen de rentrer en contact, disent-ils. Et de rappeler le coup fait aux élus clermontois reçus par le chef de cabinet du ministre en même temps que partait le communiqué conclusif de la rencontre. 

Sylvain Laval et Frédéric Cuillerier, co-présidents de la commission Transport, mobilité et voirie de l’association, précisent : 

  • La route est à notre charge et on n’en a pas les moyens
  • Les coûts des matériaux ne cessent d’augmenter
  • La route est indispensable en zone rurale. 90% des trajets ruraux s’y font, et cela ne baisse pas depuis 30 ans

Ils ajoutent qu’ils ont déjà fait 12 000 km de voies vertes en 4 ans, qu’ils appellent à bon droit pistes cyclables, et se plaignent des « normes Cerema » qui font qu’à moins de 3 mètres de large il n’y a pas de subvention. De plus les chemins ruraux s’ajoutent au linéaire des routes, et les routes et chemins se dégradent plus vite qu’autrefois à cause de la taille des machines agricoles, de plus en plus grosses et lourdes, et des camions, qui eux aussi ne se dégonflent pas. En outre, ajoutent-ils, le dérèglement climatique provoque une plus grande usure des enrobés, et les inondations ne sont pas sans conséquences. 

Ils précisent aussi qu’ils sont bien d’accord pour décarbonner. Ils ne nomment pas les véhicules intermédiaires, mais parlent des Zones à Faible Emission (ZFE), perçues comme insupportables en milieu rural : Déjà c’est loin et en plus on nous empêche d’y aller. Pourquoi nous embêter avec ça, disent-ils, c’est sans tenir compte des réalités, et de toutes façons la vente des véhicules thermiques s’arrêtera en 2035.

L’automobile est pertinente en zone rurale, mais ce n’est pas la même qu’au 20eme siècle, résume le président Lisnard. 

S’en suit un tas d’explications sur ce que l’Etat leur prend, sur la fonte des moyens de financement, et sur quelques propositions de financements qu’il serait possible de leur attribuer. Ils pensent aux amendes de police, aux taxes sur les immatriculations, sur le carburant et sur les péages, et sur le fait de polluer … Ils considèrent que l’Etat s’est accaparé les recettes publiques générées par la route alors que ce sont les communes qui doivent l’entretenir.
Par ailleurs les utilisateurs de la route devraient payer leur part, que ce soit pour les réseaux d’électricité, de gaz ou pour passer des câbles. 

Ils veulent prendre l’initiative au lieu d’être perdus dans une assemblée. Ils veulent pouvoir agir dès aujourd’hui, sans attendre que les SERM se mettent en place, dans 30 ans, disent-ils. Ils voudraient aussi que les communes puissent prendre la compétence de la mobilité.

Mais au total ils considèrent que la conférence ne doit pas se limiter aux SERM ou aux concessions autoroutières, elle doit inclure le financement des routes à long terme. Pour cela il faut tout remettre à plat, d’où leur insistance pour parler au ministre. 


On me fait remarquer qu’il existe une autre association de maires ruraux : l’AMRF, Association des Maires Ruraux de France. Pas trace à ce jour sur leur site de préoccupations liées aux transports ou aux routes.


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