Les « exclus du transport » doivent découvrir le vélo

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par | Jan 22, 2017 | Actualités | 4 commentaires

chapôLe vélo a tous les atouts pour résoudre les problèmes de transport des personnes en difficulté, voici un point qui a fait l’unanimité parmi les intervenants, alors même que le vélo n’était pas au programme de cette journée, consacrée à la « mobilité inclusive ». Ils ont montré en quoi les problèmes de mobilité étaient moins importants qu’on le veut bien, et en quoi le vélo pourrait rendre de très sérieux services.
Et ce fut encore un bel exemple de débordement des invitants par les invités !

4 Français sur 10, se plaignent de leurs moyens de transport, et cela en aurait amené 1/5 à renoncer à un entretien d’embauche ou à un rendez-vous, faute de pouvoir s’y rendre. Clairement plus vrai chez les jeunes et les pauvres, et partout en France (74 % de l’échantillon concerné par un TER, 66% par métro ou RER).–
Quant aux difficultés rencontrées, elles sont autant l’existence même du transport que sa commodité et sa compréhension.
Ce sont les résultats d’une enquête (sur 1000 personnes de plus de 18 ans représentatives de la population française) faite par internet en décembre 2016 pour le compte du Laboratoire de la mobilité inclusive.

Resultatsenquete2(Ah, s’ils pouvaient y aller à vélo !) 

Les 4° rencontres de la mobilité inclusive1 Mobilité inclusive, ça veut dire que ça concerne les « exclus »., ce 18 janvier,  ont été spectaculaires. A peu près tous les orateurs ont parlé du vélo, sauf les organisateurs2 Laboratoire de la mobilité inclusive : Ce club a été créé en 2012 par deux entités d’envergure très différente, le groupe Total et l’association Wimoov. Cette dernière, ancienne Voiture&Co, créé des « plateformes de mobilité » pour le compte de collectivités territoriales ou en sous-traitance de transporteurs, en espérant passer au statut de DSP un jour. Destinées au public en difficulté envoyé par les structures d’aide, elles sont aujourd’hui 17. Conseil, accompagnement, formation, mise à disposition de véhicules, co-voiturage, tout est possible, même la formation à la mobylette en milieu scolaire comme nous l’avions vu dans la revue de presse de fin décembre 2016. Tout est possible ? Sans doute, sauf le vélo ? Wimoov fait partie du groupe SOS depuis 2008., en introduction ou en conclusion. Encore un superbe cas d’invités qui débordent les invitants !

Le vélo est le seul mode de déplacement qui réponde au cahier des charges.
Le vélo est non seulement utilisable dans la plupart des cas, mais en plus il est accessible à tous et, encore en plus, nous ne devrions plus jamais promouvoir des façons de se déplacer qui aggravent la crise climatique, ont-ils expliqué dans tous les sens.

Solutions-chronos

Chronos

Francisco Luciano, du Shift project, a montré que, pour les « zones de moyenne densité », il n’y avait que 3 solutions pour réduire les émissions dans les transports : la vie de proximité, le co-voiturage et le système vélo.
Le télétravail ne peut faire baisser, au mieux, que de 4,8% les distances parcourues par personne et baisser les émissions de CO2 de 1,2%. Le co-voiturage les fait baisser de 6%. La réorganisation totale des supermarchés, avec livraison, ferait baisser de 7,5% ces émissions mais personne n’y a encore pensé.

Syst.vélo = 0 co2Le système vélo mène à une réduction de 15% des émissions de co2. Dans ce scénario, la part modale du vélo passe de 1% à 17%.
 Les hypothèses sont prudentes : la probabilité qu’un cadre fasse un trajet domicile travail de moins de 7 km est de 70% et aucun trajet supérieur à 15 km n’est supposé fait à vélo.

Il compare ensuite les avantages de ces différentes options en termes d’inclusion. Au-delà des aspects financiers il note que le vélo est plus maniable, a moins d’inertie, et va moins vite que la voiture, ce qui en facilite la conduite et permet une meilleure lisibilité de l’environnement.
D’autre part, le vélo est un mode individuel qui requiert la connaissance de beaucoup moins de normes que la voiture ou les TC (pas de permis, moins de papiers réglementaires, moins de formation, moins de normes sociales que dans les transports en commun, questions d’orientation grandement facilitées, plus grande simplicité d’utilisation…).

inclusion-climat

Quelques explications aux problèmes de mobilité …
Les logements publics ont été construits loin des transports publics, il est bon de le rappeler. Les grandes banlieues sont mal desservies par les trains. 1/4 de la population de France vit en zone rurale, nous a-t-on précisé.

… Presque contredites par les faits
Mes les distances parcourues quotidiennement à la campagne sont comparables à celles des villes (Thomas Jouannot), moins de 30 km; 50% des déplacements y sont inférieurs à 5 km, comme en ville. A condition de baisser la vitesse des motorisés et de construire des infrastructures utiles, le potentiel de la marche et du vélo est très fort.
Thomas Jouannot a montré la photo d’un chemin de 600 mètres qui « coupe à travers », évitant le détour par la RN3 De nombreuses cités, d’ailleurs, c’est moi qui l’ajoute, ont l’air d’être loin, alors qu’avec un petit chemin direct, ou même en longeant la route, elles sont tout près..
Marche et vélo devraient être la première solution dans le rural comme en ville, n’a d’ailleurs pas hésité à dire Jean-Pierre Girault, ancien conseiller régional, comme aux Pays-Bas et au Danemark.

Resultatsenquete1(Allez, à vélo, et ouste !) 

Les récentes réformes territoriales sont favorables à la prise en compte du terrain.
La Loi Notre n’est peut-être pas achevée comme le croit Marylise Lebranchu qui nous dit regretter que le mot mobilité n’ait pas remplacé celui de transport. Mais la création des Conférences territoriales de l’action publique est une superbe avancée due à cette loi, elle fait se parler tous ceux qui, privés ou publics, grands ou petits, interviennent sur un même territoire.
Le fait que les Départements aient en charge la mobilité et les Régions les transports paraît aussi un bon partage pour Gilles Savary, député de la Gironde. Surtout si l’on met l’usager au centre, comme le réclame Louis Nègre, sénateur et président du GART, qui d’ailleurs reconnaît que le GART est un peu devenu une institution, pas assez ouverte sur les questions de mobilité.
Mais ce qu’il regrette surtout, c’est que dans cette journée on n’ait pas parlé de transition énergétique.

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3 entreprises débutantes à l’honneur


Passer du transport à la mobilité, du transport en commun au cas par cas, ou du transport de masse à l’intermodalité, dépasser l’automobile et permettre à tous de se déplacer, tel a été le fil conducteur de cette journée organisée dans une salle de l’Assemblée Nationale4 Bien joué, se faire inviter par un député à l’Assemblée Nationale facilite la présence de parlementaires.. En prime, 3 entreprises débutantes ont été distinguées et dotées d’un joli chèque.

I Wheel Share (partageons les roues et les combines?), le « trip advisor » du handicap ouvert aux roulants et aussi aux mal voyants et mal entendants. Géolocalisation des bons et mauvais plans, services, actions festivo-revendicatives de terrain … Elle devra frayer son chemin parmi les applications nombreuses sur ce créneau, me fait remarquer une contributrice qui trouve qu’elle n’en reçoit pas beaucoup en retour.

Bip BOP, une autre application qui met en relation des personnes pouvant rendre service et ceux qui en ont besoin et leur éviter des déplacements. L’affaire a l’air solide car adossée à l’université de technologie de Compiègne. Fidélisation par petite rémunération, et bonnes surprises. Exemple d’une dame de 70 ans qui rapporte ses courses à une maman débordée.

Covoit’ici (covoiturez ici), système d’autostop sur les aires d’autoroute ou de covoiturage par borne et panneaux lumineux. Très utile s’il y a peu de transports publics dans le secteur, assez fiable car les habitudes de déplacement sont modélisables.

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Tout ça c’est pas mal, mais … 15% des Bordelais et des Grenoblois vont au travail à vélo, selon les premiers chiffres du recensement. Ah ? le vélo est donc un mode de déplacement alors ? même pour aller au boulot ? même pour les pauvres et les ruraux ? Bien sûr !
C’est marrant de voir les résistances qui traînent encore, et tout aussi marrant de voir que tout travail de recherche sérieux mène droit au vélo.
Le vélo, pour son efficacité en déplacement, et pour son efficacité pour le climat !5 La Revue Durable, dans son dernier numéro, ne dit pas autre chose. Le vélo c’est ce qu’il y a de mieux ! 

—–Notes———————————————————-

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BikePower
7 années

« Si tu peux à vélo, va à vélo ! »
Je n’ai rien d’autre à déclarer !

Régis Reguigne
7 années

Les exclus des transports en commun ? Oui, les transports en commun sont trop chers pour beaucoup de personnes. Oui aussi nombre d’entre eux se refusent à enfourcher un vélo, y compris pour aller au travail et, pire, pour le moindre entretien d’embauche! Vous n’y pensez pas, moi, sur un vélo? pas question, ça déclasse, non, pas MOI sur un vélo, non et non ! Le vélo c’est pour des … (qualificatif dégradant au choix). Les a priori ont la peau dure, trop dure, non ?

7 années
En réponse à  Régis Reguigne

Pour expliquer le refus des pauvres de se déplacer à vélo, il y a plusieurs raisons:
– manque d’infrastructures pour se déplacer en sécurité, surtout pour les jeunes et les seniors,
– manque d’endroits où garer son vélo en sécurité,
– le vélo est vu comme un truc de pauvre : les pauvres préfèrent encore marcher ou prendre les transports en commun que de se déplacer à vélo, quand bien même ils y gagneraient en temps et en argent.

Vince
5 années
En réponse à  Vincent

Non, le vélo est de moins en moins considéré comme un truc de pauvres (il n’y a qu’à voir le prix exorbitant de la plupart des vélos vendus, malgré l’existence d’une offre bon marché) mais un truc de bobo écolo.
Le gros succès des pays du Nord de l’Europe, en dehors du fait qu’ils ont massivement investi pour faire de la place au vélo en ville, est que le vélo urbain est beaucoup moins connoté. En France, il faudrait travailler sur l’image du cycliste urbain pour qu’une part plus grande de la population se retrouve dans ce mode de déplacement. Certains activistes américains l’ont compris et adaptent leurs modes d’action et leurs discours pour en favoriser l’accueil par des populations sociologiquement et politiquement plus éloignées d’eux. En gros, l’inverse de ce que fait une association comme Vélorution qui utilise le vélo comme moyen de promouvoir sa vision (respectable) de la société dans une logique de lutte plutôt que d’écoute et de consensus.
En privé, beaucoup de monde dans les assos vélo est d’accord, mais dans la pratique, les militants les plus politisés étant les plus actifs dans ces assos, ce sujet me semble un peu tabou. C’est aux cyclistes non politisés de s’investir et de prendre position.

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