Je vous parle rarement de politique, sauf s’il y a un rapport avec le vélo. D’ailleurs le rapport avec le vélo des hommes et femmes politiques est, contrairement à ce que beaucoup pensent, sans rapport avec leur positionnement politique.
Je ne parlerai donc que de l’action de Michel Barnier vis-à-vis du vélo, action qui à l’évidence a été très positive.
Michel Barnier a été ministre de l’environnement de 1993 à 1995, lors de la deuxième cohabitation, lorsque le président de la République était François Mitterrand et le Premier ministre Edouard Balladur.
Avec Bernard Bosson, ministre de l’Equipement, des transports et du tourisme, il a tenu le 5 juillet 1994 une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé la mise en œuvre d’une politique nationale en faveur du vélo (c’était le titre du dossier de presse) avec notamment la création d’un poste de chargé de mission vélo au sein du ministère de l’environnement et la nomination d’un correspondant vélo au CERTU (Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques), ancêtre de l’actuel Cerema, ainsi que dans chacune de ses antennes régionales, les CETE (Centres d’études techniques de l’Équipement), ainsi que la création d’un comité de suivi de la politique vélo réunissant tous les acteurs concernés. Les correspondants vélo au CERTU et dans les CETE ont élaboré les premières bases techniques des aménagements cyclables, et le comité de suivi a mis en place les prémisses d’une politique vélo à l’échelle nationale, en liaison avec la fédération des Usagers de la Bicyclette et avec le Club des villes cyclables.
Parmi les conséquences de ce travail, on peut noter les modifications législatives et réglementaires en faveur du vélo apparues à partir de 1998.
Cette conférence de presse du 5 juillet 1994 a aussi mis en place à Paris les éléments de ce qui allait devenir Paris-Plage et la piétonisaton des voies sur berges.
L’annonce de cette politique en faveur du vélo était en effet accompagnée d’un événement, tout à fait exceptionnel pour l’époque : sur une suggestion d’Isabelle Lesens, qui travaillait à son cabinet, l’ensemble des voies sur berges parisiennes a été réservé aux piétons et aux cyclistes le dimanche 10 juillet 1994, expérience renouvelée quelque mois plus tard, le 30 octobre 1994. La ville de Paris, sous l’impulsion de son nouveau maire Jean Tiberi élu au printemps 1995, a rendu piétonnes les voies sur berges tous les dimanches à partir de l’été 1995, piétonisation étendue en 2001 par son successeur Bertrand Delanoë et son adjoint Denis Baupin aux jours fériés et à la période de l’été, qui deviendra Paris-Plage à l’été 2002. La voie expresse rive gauche sera ensuite rendue définitivement aux piétons en 2013, suivie de la voie express rive droite en 2016.
Cette chronique, prononcée par Abel Guggenhein dans Rayons Libres le 9 septembre 2024, compléte en l’élargissant mon article Michel Barnier Premier Ministre. L’émission est diffusée chaque lundi de 14h à 14h30 sur Cause commune FM.