Joost Váhl, urbaniste néerlandais d’exception, vient de nous quitter le 3 septembre dernier à l’âge de 84 ans. Il mérite bien le présent hommage, bien modeste. Joost était modeste mais génial. Il a été l’un des principaux précurseurs en matière de partage de l’espace public et de réduction de la place dominante de la voiture1Voir dans Vélobuc. Il prônait la création des situations de circulation avec une insécurité subjective afin de rendre ces situations plus sûres. Son travail a inspiré de nombreux concepteurs dans beaucoup de pays. Ceux et celles qui veulent encore réinventer la lune feraient mieux de s’intéresser aux bases solides qui existent depuis des décennies.
Les premières « woonerven » ou cours urbaines, plus ou moins proches des actuelles zones de rencontre (mais d’un usage très différent), ont été expérimentées à Delft (Pays-Bas) par Joost Váhl à la fin des années 1960. La reconnaissance légale de la cour urbaine (« woonerf ») a vu ensuite le jour en 19762Lire Les premières zones marquées..
C’est Joost Váhl, dans sa recherche permanente de l’apaisement de la circulation automobile, qui a réalisé en 1970 à Delft le premier dos d’âne ou gendarme couché d’Europe.
Joost Váhl a principalement travaillé aux Pays-Bas mais il a également œuvré au Danemark et en France. C’est suite à un voyage d’étude d’une délégation de Chambéry en 1978 aux Pays-Bas, que Joost Váhl est intervenu dans cette ville pendant plusieurs années :
Les réalisations que l’on peut voir dans cette ville sont parmi les premières qui, en France, soient fondées sur les idées de réduction des vitesses du trafic motorisé en faveur des piétons, issus de la réflexion néerlandaise. Le nouveau savoir-faire français a commencé à s’élaborer à travers l’expérience de Chambéry.
J. VAHL et Jan GISKES – Urbanisme et trafic, de la guerre à la paix – CETUR 1988
Lors d’une réunion de travail avec Joost à Bordeaux en 1990, dans le cadre de l’étude « Vivre et circuler en ville », j’ai retenu l’une de ses vérités : « l’automobiliste redevient humain en dessous de 30 km/h ». Trente quatre années plus tard elle est toujours d’actualité.
Hans Kremers
septembre 2024
j’ai visité culemburg, sa ville, avec lui. Il m’avait expliqué que tout espace public devait être traité par un architecte et non laissé aux bons soins de froids techniciens . Il utilisait la psychologie de la forme pour insecuriser l’automobiliste et ses aménagements étaient réalisés avec des matériaux de récupération. Il était un grand visionnaire qui n’a eu pour seul défaut de ne pas assez avoir écrit, À moins qu’il n’ait publié en néerlandais auquel cas cela vaudrait peut être la peine de traduire ses meilleurs articles.