Ne pouvant me rendre au Mans pour la 38eme édition du Festival international du voyage à vélo, j’ai suivi les recommandations d’isabelle et le vélo. Je suis allée voir des projections à Paris, le Cycling film festival et le Festival du film d’aventure de Paris. Je n’ai pas été déçue, ça n’a pas grand’chose à voir.
Alors que CCI propose des récits auxquels on peut s’identifier, des films qui encouragent à se décider, et des présentations qui facilitent l’organisation, les deux festivals de janvier m’ont montré plutôt des prouesses pour la prouesse. Pas seulement, heureusement. Je m’explique.
Depuis les bandes de potes qui se marrent, jusqu’à l’exploration la plus fine …
Au Cyclist film festival il y avait 6 films. 3 d’entre eux montraient des groupes de mecs se tirant la bourre et se finissant à la bière. Les 3 autres étaient intéressants.
La salle était pleine, mais c’était la petite salle de 100 places. 3 séances dans cette ville au lieu d’une au départ doivent modérer l’intérêt de mon comptage, la nature du public est peut-être plus intéressante à noter. Il m’a paru moins familial que lors de la première édition, moins de grand-parents, beaucoup plus d’hommes en pleine forme, un certain nombre encore cravatés arrivant en retard.
▶️ Succès pour la première session du Cyclist film festival. J’y soulignais pourtant déjà une tendance à « ce qui leur paraît être de l’héroïsme de pacotille et du narcissisme. «
Parfum d’essence montre deux filles peu préparées qui partent vers l’Himalaya et se retrouvent reçues par le Dalaï-Lama. Bien que leurs fou rires m’aient un peu agacée, et que le montage me soit paru artificiel, le film ne démérite pas, loin s’en faut.
M. Casto est un reportage sur un animateur de BMX dans un quartier pauvre d’Amérique du nord. Il est le champion mondial du « flat », une discipline de BMX qui a failli être programmée aux Jeux Olympiques de Paris. Le film prend le temps de comprendre en quoi cet échec a cassé une dynamique, créé une énorme déception et comment l’action auprès des jeunes a reprit le dessus. On voit comment cette discipline marginale peut aider ses jeunes pratiquants à se construire et à échapper aux vices qui rongent nos sociétés.
▶️ Le BMX triomphera aux JO de Paris. En me relisant je vois que je n’y ai pas parlé de flat.
▶️ Peut-être alors en 2011 dans Festival de films de vélo : les maîtres du bitume ? Pas plus, mais pour l’esprit on y est.
Enfin le dernier, intitulé Le Coursier, présente la vie d’un jeune homme tout propre et extraordinaire. Il est devenu coursier plutôt qu’entrepreneur, et aussi coursier sur les ultra-distances, le mot Coursier étant utilisé pour ses deux significations. Sa morale est d’acier, comme son moral. Pour se rendre au départ d’une course d’ultra-distance il ne prend ni avion ni train, il s’y rend à vélo, la distance fut-elle aussi longue que celle de la course elle-même…
Ces trois films méritent d’être vus, et peuvent nous inspirer; tant pis pour les 3 groupes de frimeurs.
A Terres d’Aventure je n’ai vu que deux films. La salle 400 avait ses 400 places pas remplies pour Au pays des brumes, qui tombait à l’heure du déjeuner, et pleines à craquer pour Vrang, qui venait juste après.
Le premier m’a beaucoup plus.
Au pays des brumes est le récit d’une exploration dans les pays baltes à la rencontre de vieux sites religieux d’avant le christianisme et de leurs adeptes actuels, et ce voyage se fait en plein hiver car c’est à ce moment-là qu’a lieu le mariage du soleil et de la lune. Le vélo a un rôle dans le film, ce qu’il permet de découvrir est fortement marquant. Les vieux peuples d’avant christianisme et dictatures relèvent la tête.
En revanche le second, Vrang, est une « exploration » du Pamir qui se traduit surtout par un catalogue d’extrêmes difficultés faisant frôler la mort presqu’en permanence. Alors le spectateur retient sa respiration … Cédric Tassan est un professionnel des aventures difficiles à VTT. Il prétend, et il est sûrement sincère, que l’objet du voyage est l’aide qu’il apporte à un projet de développement économique. En réalité nous mémorisons surtout ce qui ressemble presque à des cascades de cinéma, et quelques rencontres sur le chemin. Ce n’est pas ça qui va vous inciter à partir en voyage à vélo.
Distraire, informer ou accompagner ?
C’est pourtant un des objectifs de ce festival bisannuel, organisé par Terres d’Aventure, une agence de voyages bien connue. Leur Festival, comme celui de Cyclo-camping International, a pour ambition de regrouper leurs participants (ici, les clients) et d’en attirer d’autres. Terres d’Aventure était jusqu’alors une agence de voyages à pied, aujourd’hui elle s’élargit à toutes sortes de « mobilités actives », la grimpe, le canoë, le ski … et le vélo, le tout en veillant à ce que cela soit accessible physiquement à beaucoup plus de gens qu’avant.
Films professionnels ou amateurs ?
Les deux films vus à Terres d’Aventure sont tous deux des films professionnels.
Au pays des brumes a été financé par Arte, Sophie Planque est membre de la société des explorateurs français. Elle publie aussi de beaux livres, notamment sur ce voyage. Le film sera diffusé sur la chaîne.
L’auteur de Vrang en a fait également sa profession et son film est diffusé en salle.
Quand à Parfum d’essence c’est bien simple, il aura été diffusé dans ces deux festivals, mais le sera aussi au Festival international du voyage à vélo le WE prochain ! En 2024 il a beaucoup tourné dans les festivals, et a été présenté en avant-première par Claude Marthaller. En partant les deux amies n’avaient pas du tout pensé en faire un film !
Accompagner !
L’offre de voyages à vélo de Terres d’Aventure peut intéresser ceux qui rêvent d’un voyage qu’ils ne se sentent pas de faire seuls. Pour son festival Terres d’Aventure paie des droits de diffusion pour les films, m’y précise-t-on, en m’invitant à m’en tenir là. Justement, cela n’est pas systématique, ai-je appris après-coup d’une des personnes concernées. Pour certains films l’entreprise ne fait que rembourser le déplacement. La séance de 1 film est à 8 € (tarifs dégressifs par paquets de 5 films, celui de 15 films est à 70€).
Le Festival de l’association Cyclo-camping international, cette année encore au Mans, non seulement donne envie de faire mais donne aussi les clés. Son salon, ses ateliers, ses rencontres sont bourrés de bons tuyaux. Ses auteurs sont tous des amateurs, le festival ne leur loue pas le film mais leur demande d’être présents et rembourse les frais afférents. Ils disposent d’un stand pendant les deux jours pour vendre leur(s) livre(s) et discuter avec les visiteurs. Chaque séance de plusieurs films coûte 6 €, ou 5.
▶️ Le Festival International du voyage à vélo revient en URSS, et en Amérique, en passant par Le Mans les 8 et 9 février 2025
Et au Cyclist film festival c’était 17,50 € pour 6 films, dont 3 valables. L’organisme paye les films, sur la base de son propre barême, selon la même informatrice.
Une entreprise, une association et un media avec pas mal de partenaires, à chacun son modèle économique.
Et toi, Isabelle, quel a été ton film préféré ?
Et bien certainement Au pays des brumes, pour ce qu’il raconte. Pas du tout pour rouler l’hiver, ça non ! D’ailleurs je n’ai jamais eu besoin de films pour partir en voyage.
Mise à jour concernant le payement des films par les organisateurs, le 13 février 2025.