Est-ce le retour de l’alliance entre la RATP et le vélo ?
Cela y ressemble
A l’ouverture du tramway de la Porte de Versailles à La Défense, en juillet 1997, l’emport des vélos avait été autorisé tout l’été à titre expérimental. A la fin de l’été le rapport d’expérimentation concluait que cela ne posait aucun problème… mais l’interdiction avait déjà été décidée.
Après avoir été bercée du slogan « La RATP aime le vélo et la ville qui va avec » et avoir vécu à l’époque de Roue-Libre, le centre de location de vélos de la RATP, créé à l’été 1996 au forum des Halles et dans des bus mobiles (une formidable histoire !), j’ai connu la fermeture de ce grand service très novateur. Vélib’ était passé par là, inauguré en juillet 2007.
Après 2003, le vélo avait fini par être oublié par une RATP qui passait à l’ère industrielle et aux marchés internationaux. Seuls ont été poursuivis les stationnements à proximité des gares, là aussi parfaitement fonctionnels et d’une grande esthétique.
Mais désormais la RATP, de puissance dans la puissance (ou seul maître chez elle) est passée exploitant sujet à concurrence dont le client, ici, n’est plus le passager mais Ile-de-France Mobilités, un organisme dépendant de la Région. Bien que, précisément, la concurrence accepte les vélos. Par exemple la ligne de tram-train entre Saint-Germain en Laye et Saint-Cyr-l’école, T13, ouverte à l’été 2022 et exploitée par Transkeo, filiale de Keolis et de la SNCF, prend les vélos sans sourcilier.
On en était là, en ce début de 2025, et de la RATP les cyclistes n’attendaient plus rien d’autre qu’une meilleure cohabitation avec les autobus sur la chaussée. Et puis …
Pourquoi la T 10 ?
Depuis le 1er avril 2025 l’emport des vélos est autorisé dans le tramway n° 10 en-dehors des heures de pointe. Ile-de-France Mobilités (puisque maintenant ce n’est plus la RATP qui décide) nous dit que cela était demandé par la clientèle, et que la capacité du matériel le permettait. Cela pourrait avoir un certain succès, car la route sur laquelle le tram est implanté est pentue, notamment fortement au départ côté Croix de Berny ainsi que, moins fortement, du côté de la Butte-Rouge (très réputée cité-jardin). De plus la continuité cyclable réalisée à l’occasion de la reconfiguration de la route est essentiellement faite de bandes cyclables, très soignées mais tentantes et utilisées pour des arrêts-minutes, voire un peu plus, sur une route où l’on roule vite.
Cette liaison T10 dessert le parc de Sceaux mais aussi l’hôpital Béclère ou le théâtre de la Piscine à Chatenay-Malabry.
La ligne bleu qui passe à la Croix-de-Berny représente le RER B qui dessert notamment la Cité Universitaire internationale.
Paris est au nord-est.
Je l’ai essayé ce dimanche 6 avril au départ de la Croix-de-Berny (à l’arrière du parc de Sceaux).
Aucune pancarte, aucune information, ni dehors ni dedans, ni sur les sources électroniques ni sur ou dans les voitures, et sur le quai personne pour le dire, bien au contraire. Il y avait une armée d’enquêteurs qui ne savaient rien. A l’intérieur je pensais monter en queue, mais la porte un peu obstruée nous a fait monter dans la suivante. Il y avait de l’espace au fond, face à la porte, permettant de poser nos deux vélos le long de la fenêtre, mais nous avons eu bien du mal à les maintenir, la pente étant réelle. Nous étions en infraction puisque « La montée s’effectue uniquement par les portes autorisées et au niveau des emplacement matérialisés« . Désolée, nous n’avions pas vu le site avant de partir, je n’avais lu que l’article du Parisien.
Arrivés au niveau de l’hôpital, nous sommes redescendus sur Paris (gare de Chatillon-Montrouge) à vélo en longeant le tram n° 6 (qui vient notamment de Vélizy), en rouge sur la carte, dont les aménagements parallèles sont presque continûment d’excellente qualité. Curiosité, ces deux lignes se croisent l’une en dessous de l’autre, comme leur route.
Il s’agit d’une autorisation expérimentale pour un an, et à son issue décision pourra être prise de la maintenir. Et même d’élargir à d’autres lignes.
En effet la Région pense déjà à élargir son offre d’embarquement des vélos. Elle a en cours une expérimentation de racks à vélos sur la ligne de cars express 95-04 dans le Val d’Oise (Vexin). Rappelons que toutes les lignes du RER acceptent les vélos dans les mêmes conditions (hors heures de pointe, pas d’aménagements spécifiques, accès par porte indiquée, sans taxe), tout comme la ligne 1 du métro (seulement le dimanche jusqu’à 16 h). On doit reconnaître que la Région d’Ile-de-France a largement adopté le vélo, sa politique tenant aux infrastructures, via le plan de routes express pour les cyclistes, et via le service de location de vélos (toutes sortes de vélos utiles) en moyenne durée. Cette année vont même être ajoutés … de vrais vélos, en plus des vae et autres.
Pour les tramways il faudra juste mettre à jour les canaux d’information, notamment sur place.
L’information est aussi sur le site de Ile-de-France mobilité.
J’attends avec grande impatience la possibilité de mettre mon vélo dans tous les tramways d’Ile-de-France et de France. Pas par plaisir, surtout parce que quelquefois les conditions de circulation du lieu sont trop mauvaises, ou bien parce que mon rendez-vous est trop éloigné pour y aller entièrement à vélo. Cela s’est produit récemment, le rendez-vous était à Orly. J’aurais pu le faire à vélo en passant par la porte d’Italie, mais pas pour un rendez-vous matinal et sans connaître par coeur l’itinéraire final. J’ai été obligée de renoncer.
Et puis… il pourrait y avoir des cas de grande fatigue, ou même de problème mécanique. Les RER jouent aussi leur rôle d’aide au trajet à vélo, et ensemble, pour les cyclistes, tram et RER couvrent bien le centre du territoire francilien. L’ouverture des tramways aux vélos, couplée à la création en cours de longues pistes cyclables le long des routes structurantes comme l’ancienne RN 10 ou l’ancienne route menant à Versailles va encore changer notre vie ! La Francilienne que je suis attendait ça depuis … l’année 1971 … Ça vient !