Thierry du Crest, délégué interministériel pour le vélo, s’en va sur un beau bilan

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Vous ne le savez sans doute pas, Thierry du Crest sait faire rire. Lors de son pot de départ, le 23 octobre 2025, il a raconté un peu son parcours, et surtout cette portion récente de sa vie qu’il considère comme la meilleure. Polytechnicien dont l’allure convient au titre, il travailla toujours dans les transports et déplacements : directeur de projet pour le Grand Paris Express, en charge des déplacements et de l’accessibilité à la Métropole lilloise, chef de plusieurs prolongements de tramways à la RATP, en charge des péages urbains au cerema … Mais tout cela est du passé.

Quand, en septembre 2019, il a été nommé Coordonnateur interministériel pour le vélo, ce qui pouvait paraître moins difficile (et donc moins bien) que ses postes précédents, il me dit qu’il avait postulé parce qu’il voulait faire quelque chose de concret et d’utile. Tiens ? 

Il dit maintenant que c’est ce qu’il a fait de mieux. Mais il ne s’en vante pas, ont souligné ses invités. Il a tout fait en équipe, et quelle équipe ! 

Entre questions-pièges et questions de culture cycliste (la partie humoristique) M. du Crest a réussi a dresser un petit bilan de ces 6 années. 

Et d’abord, quel bol ! Le confinement a été le déclencheur de l’envolée du vélo. Il ne fallait pas laisser passer une chance pareille. Il a très vite trouvé dans le milieu du vélo des personnes extrêmement passionnées, réactives et généreuses, qui comme lui jouent collectif sans jamais se mettre en avant. C’est par le biais de visio-conférences avec un quartel réduit, nommé GT vélo (groupe technique), avec notamment Olivier Schneider, alors président de la Fub, qu’ont été inventées les coronapistes (dont beaucoup ont été prises d’assaut puis pérennisées, faisant la preuve de leur utilité sans ruiner le secteur), puis le coup de pouce vélo pour faciliter et encourager la remise en état du parc dormant. Dans la foulée a été créée la Filière vélo, baptisée France vélo (septembre 2020) afin d’échapper au tout fabriqué en Chine. 

De nombreuses initiatives ont suivi, le marquage des vélos, la ré-inscription des véloroutes dans les contrats de plan Etat-Région, le décret sur le stationnement des vélos en gare … 

… et la grande aventure des Jeux Olympiques ! Souvenez-vous, ça partait mal. Le vélo, d’abord annoncé par la maire de Paris, paraissait oublié. Et finalement c’est lui qui se retrouva le roi du bitume ! Pistes, dont certaines n’ont eu que ce temps de gloire, voies dégagées, garages à vélos multiples au plus près des compétitions … et circulation automobile refoulée plus loin … le vélo fut le grand gagnant de ces jeux. Je m’en souviens avec émotion, et je ne suis pas la seule ! 

Il nous l’avoue aussi, en partant Thierry du Crest ne regrettera pas la valse des ministres, 5 ministres en 6 ans et au moins 10 conseillers techniques à qui il fallait tout ré-expliquer à chaque fois. Il y a encore autre chose dont il espère s’être débarrassé … Le casque ! le casque ! Tout le temps, tout le temps, et ressorti en haut lieu tous les deux mois environ ! (nouvelle partie humoristique). Là-dessus je découvre que Thierry aura été un sacré coupe-feu ! 

M. du Crest note, presqu’avec étonnement, que désormais il n’est plus nécessaire d’aller aux Pays-Bas pour voir toutes sortes d’aménagements de qualité. 

Belle époque. Pourtant Marc Papinutti, alors directeur de cabinet d’Elisabeth Borne lorsqu’elle était ministre des Transports, nous raconte qu’elle ne voyait pas bien au début en quoi il fallait s’occuper du vélo. Il a du faire preuve de toute sa diplomatie de vélotafeur pour le lui faire admettre. Quel succès ce fut, renforcé sans doute par la sympathie qui s’était nouée avec Olivier Schneider,  alors président de la Fub, de l’avoir amenée à être la grande ministre du vélo qu’on a connue ! Sa page twitter n’était-elle pas claire ? Et souvenez-vous aussi de sa photo ravie à vélo sur le pont de Neuilly

Quant à la marche, si elle stagne encore c’est sûrement parce qu’on commence tout juste à s’en occuper, on part de zéro.

Mais alors pourquoi s’en va-t-il ? Il part parce que c’est bien de ne pas s’incruster, et parce qu’il a fait sa part. Nous sommes désormais dans une nouvelle époque, dit-il. Et pour lui aussi. 

Lui l’ingénieur pur-sucre formaté à la solution par le chiffre, s’est aperçu à notre contact que la vie était tout autre. Il a appris avec nous que l’humanité ne fonctionnait pas en binaire mais à l’a-peu près, au partiel, à l’acceptable et le non-visible, à la nuance et au compromis. 

Alors il tente quelque chose de vraiment bien et utile, qui doit bien plaire à Hubert Peigné. Il est retourné se former pour devenir médiateur. C’est un métier nouveau, dont on a besoin partout où il y a crispations, incompréhensions, tensions, intérêts divergents. Il l’exercera à son compte, dans les domaines des travaux publics grands ou petits, avec pour clients les mairies, les entreprises, les associations peut-être. Discuter, trouver une solution acceptable par les deux parties, cela évite d’aller en justice. 

Ce fut un pot de départ professionnel, dans la tour du ministère à la Défense, avec ses anciens directeurs, plusieurs personnalités du ministère, et très peu de personnes du dehors. Florence Gall, Patrick Guinard, Olivier Schneider bien sûr, membres du GT vélo, quelques personnes du Réseau Vélo&marche, Olivier Razemon, mais pas d’auteur célèbre. Et puis Isabelle et Abel, au titre de piliers des origines. Je les connais, ces deux-là, c’est du sérieux !  Bref, ce n’était pas un pot du vélo mais un pot de Thierry du Crest.

  • Quand et par qui va-t-il être remplacé ?
  • Aura-t-il assez de clients pour ne pas vivre aux frais de son épouse ? (c’est lui qui nous l’a dit, encore de l’humour!)

Pour l’heure sa fine équipe assure la continuité. Suzanne Lécroart pour l’intérim et Pauline Salvary pour tout le reste.

Pour joindre Thierry du Crest ouvrez ce message caché.



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Michèle Dambrine
9 jours

On compte bien sur cette fine équipe…
Bravo et merci Monsieur du Crest, et bon vélo partout et pour toutes et tous !

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