Les transports en commun auraient un intérêt à financer le vélo
Le conseil d’administration du STIF (l’autorité des transports en commun de l’Ile-de-France) va délibérer mercredi prochain (le 30 mars 2016) de son budget pour l’année. Il va devoir considérer l’amendement n° 069 du Front de gauche, lequel propose que le STIF co-finance la réalisation du réseau vélo de la région Ile-de-France. L’affaire semble jouable tant c’est l’intérêt de tous. (Compléments – 30 mars: résultats et invitation radio. 6 avril : lectures recommandées)
Certes le STIF (Syndicat des transports d’Ile-de-France) n’a pas la compétence « mobilité », seulement celle des transports. Mais le raisonnement est imparable. Ni l’Etat ni la Région Ile-de-France n’ont plus de marges de manoeuvre financière, le STIF en a. Or c’est son intérêt que le vélo se développe, car, comme l’a montré Julien Demade (Les embarras de Paris), il est urgent que le vélo prenne des parts de marché pour alléger la pression qui s’exerce sur les transports en commun de la région.
M. Jacques Baudrier, conseiller de Paris, considère que la réalisation du Plan vélo de la région nécessite grosso-modo 300 millions par an, alors qu’on y consacre à peine aujourd’hui 70 millions. La proposition est de commencer par doubler ce montant, grâce au STIF, qui a bien trouvé 8 milliards (sur 6 ans) pour les transports en commun, et 20 milliards pour le nouveau métro. A terme, bien sûr, un fond dédié et autonome pour le vélo s’impose, mais il faut bien commencer par là où on peut.
M. Baudrier le répète, à l’heure actuelle en Ile-de-France, l’euro le plus efficace est celui qu’on met sur le vélo. C’est une des raisons qui font que l’amendement propose que le STIF soit doté de la compétence vélo.
Si l’amendement est adopté « le STIF engagera une politique volontariste en faveur du développement des aménagements cyclables et piétons, en ciblant en priorité la résorption des 100 principales coupures urbaines identifiées par le PDUIF1 PDUIF : Plan de déplacements et d’urbanisme d’Ile de France, ainsi que la réalisation du réseau régional structurant. Une enveloppe de 300 millions d’€ d’autorisations de programme sera créée pour cela.»
Les 9 autres amendements du Front de Gauche portent tous sur les transports en commun.
Nous connaîtrons mercredi soir le sort qui aura été fait à cet amendement. Il y a 3 conseillers du Front de gauche + 2 écologistes, sur 23 conseillers. Il va falloir convaincre Stéphane Beaudet, le vice-président en charge des transports. Comme si cela n’était pas de son intérêt !
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L’amendement (pdf) : 16.03.23 Amendement PCF-FDG budget 2016 engagement par le STIF d’une politique volontariste pour le développement du vélo
On vient d’apprendre que M. Baudrier sera l’invité de Roue-libre (107.1 – 12h08 à 12 h 30) ce dimanche 3 avril !
(et samedi 2 avril c’est Hans Kremers, voir agenda)
Sortie de conseil
J. Baudrier sur son fil twitter:
– Ai longuement développé argumentaire pour engagement STIF pour financement aménagements cyclables. Mais vote contre LR. Triste pour le vélo.
– Amendement vélo PCF-FDG pas inutile : @vpecresse 5 {présidente de la Région Ile-de-France} s’est engagée à travailler sur le sujet vélo en vue du prochain CA du STIF
On peut lire aussi :
Le vélo peut venir au secours des gares et des trains : la preuve est là ! Une étude montre le potentiel de rabattement à vélo sur les gares du Val de Loire.
Le vélo peut venir au secours du tram : la preuve est là ! Des réflexions sur les chiffres de fréquentation du tramway parisien publiés par le ministère dans Transflash.
M. Baudrier cite trois ouvrages essentiels qui, pour lui, constituent le corpus. Il s’agit de :
Olivier Razemon, le pouvoir de la pédale, ou comment le vélo transforme nos sociétés cabossées.
Frédéric Héran, Le retour de la bicyclette.
Julien Demade, Les embarras de Paris.
Les acteurs et observateurs du monde du vélo, dont ce blog, mettent souvent l’accent sur le fait que les élus cyclophiles se répartissent sur tout l’échiquier politique. On cite souvent les socialistes, les républicains et les écologistes. Il convient de ne pas oublier les élus communistes, parmi lesquels Jacques Baudrier (dans ma signature lien vers le podcast de son passage à l’émission Roue Libre).
On en profitera pour rappeler le rôle essentiel joué par Serge Morin (Lorient) et Christian Benoît (Rennes), adjoints communistes aux transports et présidents du Club des Villes Cyclables dans les années héroïques du début des années ’90.
Bonjour Abel, l’orthographe exacte est Christian Benoist. Je l’ai rencontré récemment, il continue à se déplacer à Rennes à vélo (sans assistance électrique !) mais se modère, et peste contre certains nouveaux aménagements rennais. Au plaisir !