J’avais voulu voir la fameuse véloroute du littoral. Le soir de la première étape je la fuyais. Mais encore fallait-il l’avoir atteinte. 1- De Clermont-de-l’Oise à Abbeville par trous et cailloux.
Clermont-de-l’Oise
Débarquée du train à Clermont-de-l’Oise, j’eu le plus grand mal à quitter cette ville.
Au sortir de la gare il faut aller vers la droite, et ne surtout pas se laisser tenter par le premier panneau venu, qui se trouve un peu plus loin sur la gauche. Par montées, pavés, sentier, il nous fait visiter la ville mais surtout fait revenir en arrière. Il fallait rester sur la D931, comme je le vérifierais au retour, mais rien n’est indiqué.
Nous serons sur la véloroute Paris – Londres jusqu’à Beauvais, mais je n’en ai trouvé trace qu’à Bresles, à une dizaine de kilomètres. Le panneautage est léger, et IGN1 Carte IGN 108, Top100 Tourisme et vélo place systématiquement la piste du mauvais côté de la route.
Beauvais
A l’entrée de ville un panneau mal posé invite à aller tout droit alors qu’il faut descendre par la droite, et puis se débrouiller. La cathédrale et le centre-ville méritent qu’on s’y arrête, tout en se souvenant que c’est à Beauvais qu’a été implanté le premier centre commercial de périphérie … (voir L’année où Beauvais a perdu ses commerces ).
La sortie par le nord ne fut guère plus facile, malgré souvenirs et aides de personnes rencontrées. « J’ai été affligé de voir qu’il n’y avait aucune signalisation à Beauvais, que ce soit depuis la gare ou à la sortie de la ville », me dit d’ailleurs Pierre, un ami qui avait parcouru le même trajet quelques mois auparavant.
Longer le Thérain puis par la gauche le jardin départemental (lequel ?), longer les jardins partagés, suivre « Plan d’eau du Canada », passer entre les deux étangs, longer le chemin de fer jusqu’à Fouqueniers, voilà qui ne se devine pas. La suite sur petite voirie ne posera aucun problème.
Crève-Coeur
C’est là que commence la première des soit-disant voies vertes de cette randonnée. Elle porte le n° 32 et mène à Amiens. C’est en effet un crève-coeur que de voir cette emprise ferroviaire seulement débroussaillée, sans indications ni revêtement, passant du cailloux au sol souple et de l’herbe coupée au sentier de 20cm.
A Conty la route devenant plate j’ai quitté le chemin caillouteux, pour atteindre le centre d’Amiens.
Amiens
Heureusement qu’un sympathique cycliste voulu bien me guider jusqu’à mon hôtel, car, comme je m’en souvenais, le centre d’Amiens est absolument introuvable autrement, et ce malgré quelques panneaux impromptus. Je signale au passage que le centre-ville d’Amiens a été magnifiquement rénové et possède désormais de vastes espaces piétonniers, ainsi qu’un plutôt joli bus électrique qui passe pile dans les rues étroites, obligeant le trafic à le suivre.
Beau centre-ville d’Amiens. Encore faut-il l’atteindre !
J’allais à Amiens pour voir une grande exposition sur l’industrie du Cycle dans le Département. Elle était petite mais bien quand même, et dure jusqu’au 15 décembre.
Sortir d’Amiens par la voie verte de la Somme est en revanche facile si vous avez l’information. A la gare, en bas de la route, après le pont.
Suivre la Somme
Il suffit de suivre la Somme canalisée, que je prenais pour un canal, évidemment. Mais la catastrophe survint avant la limite communale, une signalisation fait sortir de la piste et ne mène nulle part. Deux à trois aller-retour plus tard des cyclos me rassurent, il suffit de suivre la Somme canalisée. C’est là que j’ai compris que la signalisation ne tenait compte que du sens entrant dans Amiens.
Abbeville
De la traversée d’Abbeville je ne peux pas vous parler, puisque j’allais à Saint-Riquier… par une autre pseudo-voie verte du même tonneau que la première. Elle se prend de l’autre côté du « canal » et traverse la ville sans la moindre mention de direction. Se repérer dans ces conditions nécessite la chance de rencontrer des personnes dévouées et fiables, ce qui fut encore le cas, et d’avoir de bonnes intuitions. Cette voie, en dur en ville mais en juste débroussaillé ailleurs, peut vous mener, paraît-il, jusqu’au sud d’Auxi-le-Château.
C’est pour 4 km la Traverse du Ponthieu. Son potentiel de déplacement ne semble pas intimider les «opposants à l’imperméabilisation des sols». Le Département est pourtant prêt à la réaliser… malgré l’opposition du « Collectif contre le bitume sur la Traverse du Ponthieu », qui ne veut pas se contenter de l’engagement qu’aucun arbre ne sera coupé. Selon ses membres le Département ferait bien de s’occuper d’abord des usagers actuels du lieu, entendez quelques promeneurs, chasseurs et cavaliers. Le représentant local de l’AF3V, lui-même cavalier mais se déplaçant beaucoup à vélo, aura fort à faire pour désamorcer ces crispations. (Voir ici le même débat dans l’Avesnois : Voies vertes : la chaussée doit être parfaite). Il rappellera que l’on peut tout à fait faire un chemin équestre en lisière de la voie verte.
La suite ce sera l’accès à la Vélo-maritime sur la baie et mes tentatives d’y rouler. Le retour par la véloroute de Londres à Paris fera l’objet du 3eme volet.
Vive la Picardie … nous sommes encore au Moyen-âge. Heureusement il y a beaucoup de petites routes secondaires pour cycler en toute quiétude, mais il faut être du coin.
Chers militants, la Picardie ne semble pas avoir terminé l’application de son schéma vélo 2000/2002. Rouler à vélo dans de nombreuses régions n’est pas un plaisir, c’est juste la seule solution rapide. Pour lutter contre les préjugés, opinions ou croyances personnelles il faut convaincre, dialoguer avec les collectivités territoriales, les riverains, les autres usagers des voies vertes, et non combattre, imposer, censurer.
On essaye de dialoguer et convaincre depuis des dizaines d’années, en vain. Le lobby automobilo-pétrolier avait de meilleurs « arguments ». Aujourd’hui, c’est à dire en 2022, tout ce qui ne sera pas imposé viendra immanquablement trop tard.