Deux des programme des 3 formations politiques majeures des dernières élections contenaient, pour l’écologie, un peu de bon et beaucoup de flou. Le troisième ne contenait rien du tout.
Actu environnement proposait une lecture des programmes des trois principales formations politiques ayant investit des candidats pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024.
Le journal en ligne ne comparait que l’aspect écologique. C’était tellement bien fait (malgré la restriction à trois) que je n’ai pas résisté à en extraire certaines données, et à vous inviter à lire les trois textes en entier.
Et comme je n’ai pas envie de me faire accuser d’avoir cherché à vous influencer, ce qui serait pourtant vain, je ne publie cette présentation qu’après les deux tours. Pour l’histoire, pour comprendre, et pour l’avenir.
Ensemble pour la République
Ensemble pour la République regroupait la majorité présidentielle d’alors, c’est-à-dire Renaissance, Modem, Horizons, UDI, Parti radical.
L’avis de Actu-environnement est que l’écologie ne lui est pas centrale, loin d’une « planet great again » :
S’il se distingue par des choix clairs – sur le nucléaire ou la voiture électrique par exemple – et des annonces intéressantes, telle que celle relative au lancement des services civiques écologiques, ce programme de transition électrique reste sans doute insuffisant pour accélérer une transition écologique qui marque actuellement le pas. Paradoxalement, ce programme oublie aussi des points qui auraient pu être des atouts, comme sur la contribution écologique des entreprises. L’écologie pour le bloc centriste n’est donc clairement pas encore centrale.
Actu-Environnement
Dans le bilan le journal relèvait du positif (pour nous : le Plan vélo et marche) et beaucoup de limites, retards, hésitations, mises en cause. C’est le journal qui le dit, cela ne figure pas dans le programme, pas plus que au moins quelques mots sur les négociations en cours, la biodiversité ou la pollution par le plastique. Pourtant « les députés qui seront élus le 7 juillet auront à faire un choix important de poursuite ou d’arrêt de plusieurs chantiers législatifs en cours ».
On notera cependant que le bloc centriste ne propose pas de blocage ou de ristourne sur le prix à la pompe du carburant [contrairement au Front populaire]. (…) Une mesure dont l’intérêt écologique et social est très discuté et discutable.
Actu-Environnement
En conclusion, le programme d’« Ensemble pour la République » présentait certes des mesures relatives à l’environnement, mais réduites à quelques mesures phares, et truffé d’oublis. « Paradoxalement, il n’insiste pas sur les points qui auraient pu être ses points forts, comme celui de la contribution écologique des entreprises. »
Le Front populaire
Actu-environnement présentait son programme sous le titre Le plus petit dénominateur commun ?
Il commencait par un résumé : Des mesures nombreuses, mais marquées par des imprécisions, contradictions ou impasses et qui peinent souvent à masquer les divergences entre les participants (LFI, PS, .)…
Le contrat de législature comportait des mesures pour les 15 premiers jours, les 100 premiers et ensuite les mois suivants. L’environnement s’y trouve un peu partout, montrant que pour eux l’environnement n’est pas un colifichet mais une priorité qui irrigue toutes les politiques publiques.
Il y aurait une « diplomatie de promotion des biens communs planétaires », mais des annonces imprécises concernant le programme européen.
Le journal relevait des faiblesses, y compris pour ce qui était déjà décidé et donc plus facile. Par exemple rien sur l’éducation ou la démocratie environnementale (débats publics, enquêtes publiques, concertations, accès à l’information…), rien non plus sur dialogue environnemental, notamment dans les entreprises.
Parmi les contradictions on trouve un moratoire sur les autoroutes, alors que les travaux de l’A69 venaient d’être autorisés sous l’impulsion de la présidente socialiste de la Région, un moratoire sur les méga-bassines souffrant des mêmes faiblesses (autorisation accordées etc), et l’annonce de règles précises pour le partage de l’eau, sans parler de la loi d’orientation agricole, dont la discussion a été brutalement arrêtée par la dissolution.
Enfin le blocage du prix des carburants, que le journal qualifie de « climaticide » fait complètement caler la rédaction de ce media d’écologie professionnelle.
En conclusion le journal trouvait que ce programme était un discours sans méthode, tentant de coller ensemble des sensibilités souvent différentes, qui aurait bénéficié de plus de temps que les 15 jours de préparation.
Rassemblement national
Le journal diffusait sa dernière analyse en démarrant par ces mots : la défense d’un « paradis énergétique » serait un enfer pour les plus fragiles.
Pour le journal le RN proposait de remplacer « l’écologie punitive » par une « écologie du bon sens » et … c’est à peu près tout, ou presque. Cette « écologie du bon sens » révèle surtout le désir de combattre les écologistes et l’étranger – incarné en l’occurrence par l’Europe – davantage que combattre les risques pour l’environnement. Ainsi, pour défendre un « paradis énergétique » à la française, le Rassemblement national avancait des mesures contraires à la souveraineté nationale, et qui auraient maintenu les plus modestes dans leur dépendance aux hydrocarbures sans aucune aide pour en sortir. On en arrive logiquement à ne même plus améliorer les transports publics, puisque l’ « écologie punitive » (celle qu’ils ne pratiqueraient pas) aurait privé injustement les Français du droit d’utiliser leur auto. Actu-environnement conclue que ceci se transformerait rapidement en un enfer pour les plus fragiles.
En conclusion, l’écologie ne compte réellement pour personne
Un point commun à toutes les formations étudiées ici, relevé par Actu-Environnement :
Ils se bornent encore aux questions du climat et de l’énergie et oublient la biodiversité. Pourtant, comme l’ont rappelé le GIEC et l’IPBES, le changement climatique et la dégradation de la biodiversité devraient être combattus dans le même mouvement.
Actu-Environnement
Qu’à cela ne tienne, concluait le magazine à la veille du second tour, « Une gouvernance chaotique du pays n’empêchera pas les entrepreneurs d’avancer ». Actu-Environnement, 5 juillet 2024.
Tout cela est furieusement dans la suite de l’histoire de l’écologie dans la vie politique française … dont je vous parlais en mai 2024 (colloque d’Orléans).
Le journal Le Monde s’était livré au même exercice, pour tous les thèmes, avec un rendu sous forme de tableau non commenté et très synthétique. Le Monde- les décodeurs, 22 juin 2024 : Comparez les programmes des différents partis.
Le vendredi 5 juillet Actu-Environnement remettait ça (et je n’y suis pour rien) : Pourquoi le Rassemblement national reste incompatible avec l’écologie. Une analyse historique et sociale.
Pour nous rassurer Alain Juppé, président du Conseil Constitutionnel, explique enfin comment les Sages pourraient contrer une remise en cause des lois protectrices de l’environnement.
Nous contrôlons les Lois au regard de leurs conséquences sur les générations futures.
Actu-Environnement, 10 juillet 2024.
Plus de gouvernement, la machine tourne toute seule. Le 24 juin, soit une semaine avant le premier tour, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire lançait un nouvel appel à projets « Projets territoriaux » : « L’appel à projets s’adresse à des opérateurs économiques portant un projet structurant et engagés dans une démarche collective impliquant des partenaires complémentaires, dont deux au moins doivent être indépendants (sauf pour les coopératives et les inter-professions), relevant d’au moins deux maillons différents d’une ou plusieurs filières (dont au moins un acteur de l’amont agricole ou aquacole). » Etait-il raisonnable de se précipiter pour répondre ?
La veille de la clôture de la campagne, et le soir d’avant, étaient rendus publics trois actes attendus avec inquiétude, celui sur les premiers SERM, celui le complétant, et celui portant signature de la Filière vélo. On espère que la dynamique ne sera pas dynamitée.
MERCI MACRON