Les Droits du Piéton viennent de se faire débouter d’une de leurs actions anti-cyclistes.
Cela pose quand même la question de l’imprégnation automobile dans notre monde moderne.
A l’été 2013, l’association « Les Droits du Piéton »1 Association Les droits du piéton. L’action relatée ici ne figure toujours pas dans leur site. a intenté une série d’actions, gracieuses puis contentieuses, pour faire annuler un arrêté instituant à Paris un Tourne-à-droite cycliste au feu.
L’association visait le Tourne-à-droite de l’angle Rivoli – Temple, au coin du BHV qui se trouve à deux pas de l’Hôtel-de-Ville de Paris. C’était un choix sans doute symbolique, dont l’objectif pourrait avoir été de créer un précédent juridique. En effet l’association ne semble pas digérer que les cyclistes puissent franchir un passage piéton (même lorsqu’il n’y a pas de feu ???), aussi a-t-elle fort élégamment tenté d’en saper le fondement réglementaire. On notera d’ailleurs qu’elle n’a jamais protesté contre les Tourne-à-droite automobiles, appelés souvent « flèche clignotante ». Pourtant, vous avez remarqué avec quelle arrogance elles sont utilisées ?
Le Tribunal administratif de Paris a donc débouté l’association Les Droits du Piéton en décembre 2014, et la Cour administrative d’appel vient, par un arrêt rendu le 9 juin dernier, de confirmer ce jugement2 Cour administrative d’appel de Paris, 1ère chambre, 09 juin 2016, 15PA00437. Type de recours : Excès de pouvoir. Texte entier : 15PA00437. par un long texte très formel, comme cela est d’usage, mais dans lequel on peut relever par exemple cette phrase (point 9) :
« il ne ressort d’aucune des pièces du dossier que ce dispositif aurait entraîné une hausse des accidents au carrefour concerné ; que dans ces conditions, il ne ressort pas des pièces du dossier que l’autorisation pour les cycles de tourner à droite au feu rouge au carrefour concerné serait inadaptée ni qu’elle présenterait un danger pour les piétons ou les cyclistes. »
A noter que le même jour, la Cour administrative d’Appel a rejeté 3 autres requêtes de la même association (dont une sur le paiement du stationnement des 2RM). Les voilà qui tombent dans l’activisme juridique, ce qui en général agace plutôt les tribunaux, tout comme les cyclistes.
Ceci se termine donc plutôt bien pour cette fois, mais cela pose une fois de plus la question du comportement de l’unique association représentative des piétons, généralement encline à une position de « défense du trottoir » plutôt qu’à proposer des solutions adaptées à la vie d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs pour cela que l’association Rue de l’Avenir3 Association Rue de l’Avenir, pour une ville plus sûre et plus agréable à vivre. se retrouve sans l’avoir cherché seule à représenter ce mode premier de déplacement dans nombre d’instances de concertation, et seule à proposer des modalités constructives et harmonieuses de gestion de l’espace public. Les Droits du piéton, eux, s’en tiennent à la défense du « domaine piétonnier », ce qui est utile, bien sûr, mais défensif uniquement.
Sans viser une association particulière, force est de constater que les piétons dans leur majorité se sont habitués à l’omniprésence de l’automobile, vécue au mieux comme un mal nécessaire, et donc inévitable, souvent comme un simple état de fait, la plupart du temps pas du tout comme un problème ! Ils perçoivent le plus souvent la présence des cyclistes comme une nuisance plus importante que l’automobile, la moto et la motocyclette (sauf peut-être pour le stationnement sur trottoir), et, peut-être parce qu’ils y voient des personnes, un comportement évitable. Ils s’écartent pour laisser passer une auto dans une rue piétonne mais traversent sous le nez du cycliste qui a le feu pour lui. Ils ont tous failli être renversé, mais jamais par un véhicule à moteur ! Et ce sont maintenant les cyclistes qui ont failli se retrouver perçus comme les principaux obstacles à la réhabilitation de la marche à pied !!! On comprend alors qu’il soit difficile de faire admettre à certains piétons que nos double-sens cyclistes sont favorables à la marche, parce qu’ils contribuent à ralentir la circulation motorisée, ou que tout ce qui favorise les cyclistes pourrait avoir des effets secondaires bénéfiques pour tout le monde!
Deux illustrations publiées par la Dépêche du Midi.
Les difficultés de la rue du Taur (autos + piétons) illustrées par un vélo.
Le comportement des piétons qui marchent au milieu (ou à droite comme une auto) même pas mentionné…
Article écrit grâce aux informations fournies par Abel Guggenheim.
Juste une remarque sur la dernière phrase : « Le comportement des piétons qui marchent au milieu (ou à droite comme une auto) même pas mentionné… ». A droite, il se trouve que c’est ce que recommande le code du bon usage des voies vertes sans préciser qui cela concerne. Comme ce code commence par « Piétons, cyclistes, rollers, personnes à mobilité réduite, cavaliers…» on peut supposer que cela concerne tout le monde.
Il est vraiment dommage que, selon le code de la route, si peu de gens sachent que les piétons sont censés marcher à gauche.
Pas si simple. Ce « code » rédigé par l’AF3V dit : « Avertissez de votre venue (sonnette obligatoire sur les vélos), ralentissez et gardez une distance de sécurité lorsque vous doublez ou croisez d’autres usagers. Tenez compte des enfants, ou des animaux, qui peuvent avoir des mouvements inattendus. » , ce qui ne concerne que les cyclistes. Cela fait longtemps que je demande que soient rappelées les règles du code de la route, par l’AF3V comme par les autorités. Je crois que c’est par idéologie de liberté que l’AF3V s’y refuse. Parmi les piétons, il y a des régions où ils marchent à gauche, ce sont plutôt des « vieux » qui ont dû aller à l’école à pied sur les routes de campagne (???).
Le pire, c’est que suivant l’arrêté de police, le piéton devra soit marcher soit à gauche, soit un peu ou il veut ! (voir la fiche Véloroutes et Voies Vertes – n°3 par le Cerema). Il faudrait donc qu’il passe à la mairie avant d’emprunter cette voie verte. Ah, les plaisirs de la règlementation !
L’essentiel est dans les mots « cédez-le-passage ». Car à défaut de rester immobile pendant tout le temps du feu rouge le cycliste a bel et bien l’obligation légale de céder le passage à tous autres usagers, véhicules ou piétons, avant de poursuivre son chemin. Aussi conviendrait-il au cycliste, à l’approche d’un feu rouge assorti d’une telle signalisation, de modérer son allure de façon à pouvoir s’arrêter convenablement si besoin et non forcer sur les pédales en mettant simplement la tête dans le guidon – au sens propre comme au figuré!
Or, si les piétons sont agacés par (l’effet de) ces signalisations, j’ai bien peur que ce soit parce que trop de cyclistes s’en servent comme passe-droit pour tourner à droite comme s’ils y avaient la priorité!
On constate que beaucoup de cyclistes ne respectent pas toutes les règles de circulation. Une exégèse sur le Code de la Route révèle que celui-ci (à travers divers arrêtés ministériels, désormais presque entièrement « codifiés ») à été instauré, évolue et est maintenu afin de palier la dangerosité des automobiles. C’est donc tout naturel qu’un cycliste se justifie de ses écarts en disant que le Code de la Route est inadapté aux vélos. Mais cette analyse n’est plus complètement vraie, le « Cédez le passage aux feux » est d’ailleurs un très bel exemple où le Code de Route devient adapté aux besoins des cyclistes. Alors il sera temps que nous, cyclistes, respections au moins ces règles qui correspondent bien à notre cas (j’ai dis bien notre cas, et non à nos convenances).
Personnellement je serai désolé si je vois venir le jour où les piétons seront martyrisés par les cyclistes au lieu d’être martyrisés par les seules voitures. Or, selon « Les droits du piétons », ce jour est déjà arrivé. Oui il faut se battre pour une réglementation mieux adaptée aux besoins des cyclistes. Oui il faut réclamer plus de place pour circuler à vélo dans des bonnes conditions. Non il ne faut pas remplacer les automobiles en reprenant à notre compte leur défauts, en appliquant la loi du plus fort. Le fait de ne pas polluer n’excuse pas tout! Oui il faut être plus solidaire avec les piétons. Ça doit être un droit fondamental de pouvoir circuler librement partout à pied (sauf cas exceptionnels, telle l’autoroute), dans des bonnes conditions. C’est dans ce contexte-là que le vélo sera le mieux valorisé: comme moyen de déplacement utile et nécessaire, et non comme une nuisance frivole comme le prétendent les automobilistes inconditionnels.
Je suis cycliste au quotidien et assez d’accord avec Neil Dewhurst. Ma philosophie reste que le piéton doit être particulièrement (et intelligemment ) protégé des véhicules, fussent-ils des vélos.
Merci pour ce commentaire mesuré, trop de cyclistes ont des comportements inciviques et sans aucune prévenance à l’égard des piétons surtout à Paris.
Bon, cette chienlit anti-vélos des piétons m’insupporte: sur les itinéraires cyclables, les piétons ne sont tenus à rien, ils se considèrent en terrain conquis et en plus ils osent se plaindre dès qu’on manifeste notre présence en réclamant le droit de passer lorsqu’ils occupent toute la voie.
Et le phénomène est loin de s’arranger avec le « jemenfoutisme » de la jeune génération. Donc, ça va être la guerre puisqu’ils le prennent ainsi.
Je pense que c’est dans toutes les catégories qu’existe de l’anarchie et je trouve injustifié s’opposer les uns aux autres.
Je viens d’être renversée, en traversant sur un passage piéton, par un vélo arrivant en sens interdit et probablement à vive allure. Je n’aurais jamais imaginé pareille violence d’une collision avec un simple vélo, et j’ai eu une chance folle de ne m’en être tirée qu’avec un traumatisme crânien et une fracture. La cycliste qui m’a percutée était très affectée par son erreur. Comme vous le disiez, Neil, le vélo devient un phénomène de société inquiétant. Tout le monde en a peur, comme des voitures, les vélos commencent à se comporter, eux aussi, comme « les rois de la route » !
J’ai parfois l’impression que la sécurité des vélos se fait au détriment de celle des piétons.
La rue est à tout le monde et à personne, elle doit être un lieu de partage, et nous sommes nombreux : véhicules motorisés, vélos, trottinettes, skate boards et rollers, puis piétons, piétons avec poussette, puis fauteuils roulants, etc. Et ce n’est pas seulement la sécurité de tous qui est en jeu, mais la liberté de circuler de chacun également !
« Céder le passage », le mot clé que vous avez trouvé, Neil. Dernière remarque : les seuls véhicules, en ville, que je n’ai strictement jamais vu commettre aucune infraction et qui sont toujours parfaitement courtois pour céder le passage, justement, sont les motos (pas les scooters).
et la prolifération de piétons qui promènent leur chien; parfois agressif; vociférant; et tournant autour de vous pour vous renifler. Vous, droit comme un I, glacé par la peur. Ils vous répondent: mon chien n’est pas méchant, il ne vous a rien fait, la laisse n’est pas obligatoire, ici c’est un espace partagé!!!