Voici un ouvrage fait de souvenirs de rencontres et de réflexions sur l’écriture. Pourquoi les cyclistes publient-ils tant? se demande l’auteur qui lui-même a publié plusieurs ouvrages sur la montagne.
Il remarque que la littérature cycliste est abondante, bien plus certainement que pour d’autres « sports », et que les écrivains cyclistes sont de plus en plus nombreux, bien que certains, tel Paul Valéry (qui fut le maître de Paul Fabre !) ne parlent jamais de vélo.
Pourquoi donc les cyclistes écrivent-ils tant sur le vélo ? et sont-ils d’abord cyclistes ou d’abord écrivants? Sont-ils même écrivains, ou seulement auteurs ? Jean-René Farrayre tâtonne et nous fait part de ses méandres. Puis soudain il comprend quelque chose.
- Le vélo comme l’écriture sont deux arts qui s’apprennent en général dans la tendre enfance, et les deux ouvrent les portes d’un monde merveilleux et de la liberté.
- Il s’aperçoit plus loin que le vélo c’est aussi un objet sacré. Il a une forme tantrique. 2 triangles + 1 triangle virtuel, plusieurs roues tournant dans le même sens …
Aller plus loin dans l’analyse aurait sans doute demandé un travail universitaire. Aussi nous contenterons-nous de remarquer que de nombreux livres sont cités, carnets de voyage, guides, poésie, romans et biographies, revues, même, tout comme certaines anthologies. Quant aux blogs l’auteur en connaît l’existence mais ne les décrit pas. Il croit pourtant en leur importance puisqu’il les sollicite. Il est vrai que les blogs disparaitront plus vite encore que le papier dont on fait les livres. Une affaire à suivre !
Pourquoi les cyclistes ont-ils ce besoin d’écrire … (même les blogeuses) ? Et si jamais c’était que le vélo ça rend intelligent (et pas les trucs-bidules électriques et électroniques) ?
Jean-René Farrayre
C’est curieux chez les cyclistes ce besoin d’écrire des phrases.
113 pages
Totem édition, décembre 2022.
Distributeur aux libraires : Pollen.
J’ai survolé cette question dans mon premier livre (Isabelle a parlé récemment de mon dernier). Si l’on suit la logique bourdieusienne, les «écrivains» du vélo sont suffisamment bien placés dans la sphère sociale pour publier (relation à un éditeur, une maison de presse), sont lettrés (intellectuels ou professions liées à l’écriture), ils écrivent souvent sur le vélo comme passe-temps, dilettante sans forcément considérer le thème comme « sérieux ». C’est récréatif parce qu’ils n’y voient pas le côté politique.
On pourrait faire un travail sociologique sur les gens qui écrivent sur le vélo, à commencer par distinguer le genre. Quand les femmes écrivent sur le vélo c’est pour défendre le groupe femmes, quand c’est un homme, c’est pour raconter son histoire personnelle.
La catégorie « genre » est souvent utile, et quelquefois simpliste. Merci de ce commentaire !
En effet, perso je plaque aussi souvent cette phrase de Audiard, lors de mes petits récits (histoire de rire). Phrase entendue dans les tontons flingeurs.
Pour ma part, je remarque que le vélo est propice à la rêverie et à la réflexion, au moins à partir du moment où on sort du milieu urbain dense où une très grande vigilance est de mise.
J’ai déjà eu des idées qui me sont venues (pour résoudre un problème dans ma vie professionnelles, par exemple) lors de mon trajet domicile travail à vélo.
Et lorsque je pars en vacances ou en balade à vélo, le récit de mon voyage naît dans ma tête au fur et à mesure de ma progression sur le terrain. Chaque chose que je vois, je sais comment je vais la raconter… et je prends une photo qui ira bien pour l’illustrer.
Il y a sans doute d’autres sports propices à la même chose (la randonnée, l’alpinisme, la spéléo… ?)… mais d’autres s’y prêtent sans doute beaucoup moins. Difficile, pendant un match de foot ou de boxe, de réfléchir à ce qu’on a envie d’écrire… !