Les tourne-à-droite au feu, autorisés pour les cyclistes, ne sont pas dangereux, le Cerema vient de le vérifier sur une dizaine de carrefours lyonnais, y compris avec tramway. Par contre le tourne à droite dérogatoire (piétons au rouge) pour les automobilistes est très dangereux pour les cyclistes, comme je le montre au travers de quelques exemples.
Je veux bien qu’il fallait vérifier « scientifiquement » que les « tourne-à-droite » ne créaient pas de danger. Je n’ai pourtant jamais vu des techniciens de voirie accepter de réaliser des aménagements dont ils craindraient qu’ils soient source d’accident, leur responsabilité en serait engagée.
Pour les « contre-sens cyclistes » il en fut de même. Après la première expérimentation rue Brûlée à Strasbourg, en 1983, sans aucun accident, le concept a été diffusé et recommandé, puis, sous une forme simplifiée, rendu obligatoire dans les rues ou zones à vitesse limitée à 30. C’est d’ailleurs là que le bât blesse, car une simple autorisation ne donne pas forcément ni la possibilité ni le confort pour le faire.
Pour les « cédez-le-passage cycliste au feu « on s’est basé sur le fait que de très nombreux cyclistes «brûlaient» les feux chaque fois qu’ils le pouvaient, en particulier pour tourner à droite. L’autorisation officielle est venue avaliser une pratique, là où aucun accident n’avait été enregistré.
Pour ma part je regrette cette méthode, et lui préfère, sans illusion, les zones d’attente sur le côté, et surtout les dispositifs ayant pour résultat que le cycliste passe à droite du feu, comme j’en ai vu plein aux Pays-Bas et quelquefois ailleurs, dont Paris. Dans ces cas il n’y a pas d’ambiguïté, tout est visible par tous. Avec les panonceaux la faculté de passer est présentée comme une exception, voire un privilège indu, avec en sus deux problèmes. Celui qui fait que les automobilistes ne le voient guère, et celui résultant des dégradations du mobilier urbain. C’est en fait une solution de facilité permettant de ne pas envisager de réaménager le carrefour pour y donner une meilleure place aux humains.
L’autorisation de tourner à droite à un feu rouge existe depuis longtemps. Elle est indiquée par une flèche clignotante vers la droite et concerne les automobilistes. Je l’ai très mal vécue dans certains cas, car entre-temps on avait instauré les sas pour cyclistes. Les automobilistes, qui n’avaient jamais perçu ces flèches comme une possibilité mais comme un droit absolu de tourner à droite (en particulier devant un bus en attente au feu pour continuer tout droit), nous vivaient comme des gêneurs les empêchant, contents sur notre sas, de passer. Les sas ça sert justement, au vert, à éviter qu’un gros véhicule nous coupe la route en tournant à droite… Mais voici un nouveau cas, celui des carrefours qu’on atteint par une piste cyclable. Le Tourne-à-droite auto, avec ou sans piétons, devient alors un piège mortel pour les cyclistes..
Parenthèse : quand le tout droit (cycliste) devient impossible pour cause de tourne-à-droite (auto) majoritaire, ou comment le tourne-à-droite automobile a déjà tué
Il y a un autre cas de figure que je déteste, c’est la transformation d’un carrefour en croix ou en T en un axe coudé vers la droite, avec un feu rouge pour les piétons alors que le code leur donne ici le droit de traverser. C’est le cas porte de Versailles, Paris 15, dans l’accès à la rue de Vaugirard. Les automobilistes qui ne connaissent pas les lieux veulent toujours laisser passer les piétons, avant de comprendre que ceux-ci s’y refusent à cause du panonceau piéton rouge, et de leur trouille. Le pire encore c’est lorsque les cyclistes sont lâchés en même temps que les piétons : sur le boulevard Lefebvre, à l’entrée de la rue de Vaugirard, ils vont tous soit tout droit et se trouvent empêchés de le faire, soit à droite, certes, mais pour se rabattre à gauche dans la piste cyclable à double sens. Un cas un peu similaire se trouve plus haut sur le boulevard : en lâchant les cyclistes en même temps que le trafic qui majoritairement est à double file et tourne à droite on créé des conflits mortels. Mortels, oui (et c’est une « olympiste ») …
2 problèmes Porte de Versailles : (1) Le feu sur le boulevard est au vert en même temps que le feu de sortie de la piste cyclable; (2) Une grosse part des autos tourne à droite (tous les feux piéton sont alors au rouge), pendant que les cyclistes vont tout droit, ou à droite pour se rabattre à gauche.
Boulevard Victor – avenue de la Porte de la Plaine (Paris15, au-dessus du parc des Expositions). Cyclistes, automobilistes et piétons sont « lâchés » en même temps, mais le gros des autos et camions tourne à droite, en deux files. Ceux de gauche ne voient rien.
Pourquoi ne pas inventer de nouvelles règles, découpler vélos et autos, coupler cyclistes et piétons dans certains cas plutôt que cyclistes et autos (et donc faire trois phases)? C’est ce que je suggérais à la fin des articles Feux rouges à la demande et Ces cyclistes devraient attendre 5 tours avant de traverser.
Notez qu’aucune de ces deux photos ne rend compte du trafic monstrueux qu’on trouve souvent, lors des gros salons notamment. Ces tourne-à-droite sont dangereux, eux.
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Alors le tourner à droite autorisé au feu pour les cyclistes ça me fait bien rire. Evidemment qu’on tourne à droite, et que, normalement, s’il y a un piéton on le laisse passer. Rappelons-nous aussi qu’un tiers au moins des feux de France pourraient être retirés, et qu’une grosse partie d’entre eux n’a pas pour rôle d’organiser le trafic mais seulement de tenter de faire respecter ici la priorité à droite, là la priorité aux piétons, là encore la nécessité de regarder avant de passer, etc, et que leurs inconvénients sont bien décrits, notamment en tant qu’aspirateurs à vitesse et de perte de prudence dans les carrefours.
A Lyon, où se déroulait le suivi dont nous parlons, ils ont déployé toute une batterie de caméras pour bien voir comment ça se passait, et ont aussi interrogé les cyclistes : 680 entretiens et 350h de visionnage de vidéos, dont plus des deux tiers uniquement sur les intersections avec tramway. Une bonne moitié des cyclistes ont continué de franchir les feux comme avant, sans même s’être aperçu qu’ils y étaient désormais autorisés. « Il n’y a pas plus d’utilisation du passage au rouge lorsqu’il est permis par le M12, ni moins. « notent les observateurs. Alors vous faites quoi ? Vous tentez de retirer des feux et d’aménager proprement les carrefours ? Justement le Cerema a aussi publié une petite vidéo sur les carrefours.
Tourner à droite n’est jamais dangereux pour un cycliste1sauf s’il est sur une piste cyclable située à gauche de la circulation ….
C’est aller tout droit qui peut lui poser problème.
À propos de retirer les feux, la ville de Chartres réalise depuis de nombreuses années un travail remarquable là-dessus. D’importants carrefours ont été reconfigurés et ça continue (vision à long terme).
« Les Tournez à droite cyclistes au feu n’ont jamais tué personne », en êtes-vous sûre, ou bien est-ce une figure de réthorique?
Je ne dispose pas de chiffres, mais en tous cas s’il y en a ce ne peut pas être un cycliste qui se fait tuer. Ce pourrait être un cycliste qui tue. Ce n’est pas le « tourne-à-droite » qui en serait la cause mais l’irresponsabilité du cycliste, laquelle se manifesterait de la même façon dans n’importe quelle circonstance. Donc oui c’est une figure de réthorique (ou plus exactement un titre inspiré par l’étude de Lyon) qui s’appuie sur l’observation et la réflexion.