Karlsruhe (DE) : Feux rouges à la demande

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Les feux de signalisation ne sont pas obligés de se comporter en métronomes fous, et obtus

A ce carrefour les feux sont neutres, éteints, en attente. Ils ne sont activés qu’en cas de besoin, à la demande d’un piéton qui a besoin d’aide pour traverser. C’est assez rare car comme partout les automobilistes sont libres de laisser d’eux-mêmes le passage, et les piétons sont libres de passer quand bon leur semble, ou d’attendre que la voiture soit passée. 


Voici un système qui permet au piéton de traverser sans crainte, quand il le décide, sans avoir à attendre, et qui laisse la place aux comportements civiques de part et d’autre. Ce système n’oblige pas non plus les automobilistes à s’arrêter pour rien. Le tout est en fonction juste le temps nécessaire et peut être reproduit aussi souvent qu’un piéton en ressent le besoin. Lors de chaque feu rouge ne sont retenus que les véhicules qui viennent d’arriver, et pour très peu de temps. Voici des feux utiles !

J’ai demandé le feu rouge pour traverser tranquillement. Il n’y aura pas de vert.

Voilà donc des feux qui rendent réellement service aux piétons, sans bloquer tout le monde. Ils ne sont utilisés qu’en cas de besoin, juste pour le temps nécessaire et aussi souvent qu’on veut. Il n’y a jamais de feu vert, celui qui donne tous les droits. L’automobiliste doit donc toujours faire attention.

Les photos et vidéos de cet article ont été faites par Abel Guggenheim

Voilà quelque chose qui résoudrait bien des difficultés avec le « respect du code de la route » !

Imaginez un peu, c’est ce qu’on fait avec les tramway ! Les feux passent tous au rouge lorsqu’il approche, et seulement à ce moment-là. Si l’on faisait avec les tramway ce qu’on fait avec les piétons, les feux battraient l’air de façon déconnectée, alternant rouge vert rouge vert et tout le monde au garde à vous. Ce serait le chaos !


Ces feux optionnels ne peuvent que contribuer à pacifier la rue

  • Pour pouvoir s’arrêter immédiatement il faut rouler lentement.
  • L’absence de feu enlève la course au feu vert, détruit le fameux accélérateur.
  • Rouler lentement est un bon moyen de ne pas avoir à s’arrêter puisqu’alors les piétons traversent facilement entre deux autos.
  • D’ailleurs si le 30 à l’heure était de règle cela faciliterait énormément la gestion d’un grand nombre de carrefours, enlevant là aussi des causes de « non-respect du code de la route ».

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Dans la même veine, des feux seulement pour les passagers du tramway

Dans la même veine, voir les feux qui se mettent au rouge seulement pour laisser passer les passagers du tram dans notre article d’août 2019 : A Freiburg, intégration poussée des modes de déplacement : Tram, voyageurs, cyclistes, autos, au même endroit mais pas en même temps ! Et apaisement général à la clef.

Dans cet article il y a aussi des illustrations de la question Train + vélo …

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En France 1/3 des feux pourraient être supprimés

C’est la conclusion à laquelle était arrivé le Cerema, montrant même qu’ils créaient intrinsèquement du danger. Une ville des piétons et cyclistes est une ville sans feu… Une formation, des recherches, des exemples … tout ça se trouve dans un article de ce blog : En France 1/3 des feux pourraient être supprimés. Il y est mentionné que en l’absence de véhicule motorisé à l’approche, les 2/3 des piétons traversent au « rouge-piéton ». De dangereux hors-la-loi ! Ça montre bien que les feux sont souvent -de facto- un simple outil de brimade et ni un outil de gestion de trafic ni même de sécurité.

Un frein à la suppression des feux est constitué par les réactions des mal-voyants. Sans s’y attarder remarquons que le système présenté ici pourrait être une solution, fait remarquer Bernard Laizé, de Colombes, en région parisienne.

Adaptons les règles, ou leur application, pour qu’elles deviennent une aide réelle au lieu de maintenir le règne de l’absurdie. Pourquoi ne pas commencer, par exemple, à n’en programmer le fonctionnement qu’aux heures utiles et en tous cas pas la nuit ? Pourquoi ne pas inventer de nouveaux réglages, découpler vélos et autos, coupler vélos et piétons ? Pourquoi ne pas observer ce qui se passe lors des pannes ? Pourquoi ne pas retirer des feux ? C’est ce que commence à faire la Ville de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, après avoir observé le résultat pendant plusieurs mois de leur mise à l’arrêt. L’article en lien donne quelques chiffres et d’autres exemples.

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A Paris, au niveau du 155 rue de Ménilmontant, proche d’un jardin public, il existe un feu de traversée piéton à la demande qui fonctionne bien. C’est à dire que le feu est vert en permanence. Quand un piéton en a besoin on appuie sur le boitier de déclenchement. Le feu passe au rouge pour les automobilistes très rapidement (sans çà les gens n’attendent pas) et dure assez longtemps pour qu’une personne lente traverse. Puis repasse au vert permanent. Cà arrête les voitures et ralenti les vélos, qui souvent continuent à passer. Je vois peu de conflits et çà apaise la portion de chaussée. On devrait en voir davantage.

8 mois
En réponse à  Denis Cheminade

Je ne vois pas de feu sur Streetview au niveau du 155, c’est sans doute un peu plus haut, j’irai voir à l’occasion.
Le principe de ces feux est proche, mais comme l’écrit Isabelle, c’est le fait qu’il soit éteint lorsqu’il n’est pas activé par les piétons qui fait toute la différence.
Dans leur très grande majorité les piétons sont persuadés que les feux sont des bienfaits et demandent qu’on en installe de plus en plus. La très grande majorité des spécialistes en sécurité pensent le contraire et disent qu’il faudrait en supprimer. Mais dans le vraie vie on ne parvient presque jamais à en supprimer, et la Ville de Paris a été contrainte de revenir sur la suppression de 4 feux dans le 14ème il y a quelques années.
La solution de Karlsruhe permet de garder le caractère protecteur (objectif et subjectif) des feux pour les piétons, tout en éliminant leur principal défaut, l’accélération et le détournement d’attention que les phases verte et orange provoquent chez les automobilistes.
Il me semblerait pertinent que le Cerema lance une expérimentation en France.

Patrick Tonnelier
8 mois

Pour moi ma solution radicale est : 50% minimum de ‘véhicules Intermédiaires’, des vélos, et encore des vélos, environnement ‘Nu’, plus rien, plus de panneaux, ni feux ni marquage au sol et toute la ville à 30 km/h.

Quentin
6 mois

Traduction du pannonceau visible sous le feu piéton, rédigé dans une concision très germanique.
Littérale : « Si [vous en ressentez le] besoin, [vous pouvez] demander le [feu] vert [piéton]. »
Plus concis et idiomatique : « Feu vert piéton à disposition. »

Adrien
6 mois

J’aime beaucoup cette idée, pour plusieurs raisons :

  • Un feu vert éteint, c’est des économies d’énergie.
  • J’ai déjà remarqué, à Besançon et à Baume les Dames vers chez moi, que lorsque les feux étaient en dérangement, même sur des carrefours très importants, on circulait beaucoup plus facilement en voiture : beaucoup moins d’attente, une forme de courtoisie qui s’installe entre les automobilistes qui sont plus attentifs. (Contre argument : je crois qu’il y a quand même un peu plus d’accrochages, car tous les automobilistes ne sont pas parfaits…). Je pense qu’à certains carrefours, il faudrait n’allumer les feux que la journée, voire même uniquement aux heures de pointes de 7h à 9h et en fin d’après midi.
  • À vélo, je déteste attendre pour rien à un feu rouge. Mais ça m’agace aussi qu’on me reproche de griller les feux. Au départ, j’attendais. Mais à force d’en avoir marre qu’on me reproche un comportement qui n’était pas le mien, j’ai choisi de ne plus attendre et je grille beaucoup de feux, sans danger. Les supprimer supprimerait le problème.
  • En voiture, il m’arrive de faire signe à des piétons de traverser (alors que j’ai le vert et eux le rouge) en espérant qu’ils n’appuient pas sur le bouton, m’évitant ainsi d’attendre inutilement à un feu rouge prévu pour laisser passer une personne lente alors que le piéton devant moi est rapide et vigoureux.

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