Tout voiture, on arrête de la pourchasser et on réfléchit aurait pu être le titre (trop long) du dernier livre de Ludovic Bu, à qui on doit notamment Les Transports, la planète et le citoyen (2010, avec Marc Fontanès et Olivier Razemon), un livre à mon avis beaucoup moins inspiré. Avec le livre présenté ici Ludovic Bu pensait dresser un bilan de son engagement dans la mobilité (notamment la direction de l’association Voiture&Co, devenue Wimoov), pour mieux passer à autre chose. Les écolos inoxydables pourront y voir une usurpation (Assez roulé comme ça, on réfléchit, 1977). Manque de chance ce livre pousse les bonnes portes et voilà son auteur embarqué à faire des conférences. Il fallait bien s’y attendre.
Pour lui, et donc pour nous, l’ennemi n’est pas la voiture, mais le tout-voiture. Ce n’est pas elle qu’il faut combattre mais l’hypnose de la vitesse et l’addiction à l’automobile.
Limiter les besoins de se déplacer
Comme cette addiction s’auto-entretient, il faut chercher à agir sur ce qui rend l’auto indispensable, et cela peut se résumer à une maxime, Limiter les besoins de se déplacer. L’auteur propose pour cela des moyens en-dehors des recettes trop faciles et inefficaces. Le bus gratuit n’a jamais fait baisser le nombre d’autos. Le maître-mot sera Proximité, et il sera accompagné de maître Lenteur. Technologie ou innovation, qui font croire que nous sommes les maîtres du monde (il cite le pasteur Stéphane Lavignotte) seront bannies.
Il propose d’abord la lucidité. Il y autant de pauvres en ville qu’en banlieue, ils ont moins d’autos que les riches, et les utilisent moins. 40% des Français ont des difficultés liées à la mobilité. Par ailleurs on peut très bien vivre en banlieue ou dans une petite ville, à condition que travail, commerces et activités s’y trouvent. Ludovic Bu invite les autorités à faire payer les transports plus chers s’ils mènent loin, pour ne pas encourager l’étalement. On peut en revanche aider à payer le loyer en ville. Pour lui il faut renforcer les offres locales, et diminuer l’attrait des autres notamment en les rendant plus chères. C’est à peu près le contraire de ce que compte faire le ministre des Transports, qui pense à contexte constant. Ludovic invite à renverser les points de vue, et cite Pontevedra (Espagne) où dans certaines voies les feux sont rouges par nature. Pour qu’ils passent au vert l’automobiliste doit le demander en appuyant sur un bouton. C’est lui qui va traverser. Une ville piétonne est une vraie ville pour tous. Il lui faut des bancs, des places, des fleurs…
▶️ Le vélo est le seul mode de déplacement qui réponde au cahier des charges des exclus des transports
Le congrès organisé par Wimoov l’a montré malgré lui. Lire ici.
Retrouver la proximité, arrêter de toujours courir dans tous les sens, ne plus se sentir obligé de partir à la moindre occasion … nous amènera naturellement à changer de moyen de se déplacer. Une voiture en co-copropriété suffira aux trajets exceptionnels. Pour la proximité, marche, vélo, VAE sont parfaits et on peut y prendre goût. Et en plus ils n’aggravent pas notre situation financière, personnelle comme nationale, ni la situation écologique.
Loin des ya qu’à vaguement larmoyants de certains écologistes professionnels qui ne s’interrogent pas sur leurs échecs, ce livre met les idées en place. Il cite pas mal de villes dont le maire a eu le courage de changer de paradigme, en France, en Europe ou ailleurs. Elues ric-rac, elles et ils ont été réélues triomphalement !
Un livre à lire d’une traite, mais pas trop vite !
Ludovic Bu
Tout-Voiture
On arrête tout et on réfléchit !
Editions Rue de l’Echiquier, avec Agir pour l’Environnement.
Mai 2024, 14 €
A noter que les idées exposées dans ce livre sont proches de celles que défendent chacun de leur côté le forum Vies Mobiles et le Shift projet. De nombreux articles dans ce blog le montrent.
Le 4 novembre dernier pour le lancement des concertations, le ministre des Transports a aussi émis des idées proches, comme s’il avait lu ce livre avant vous.
A venir :
Deux conférences à Toulouse le 28 novembre (Université à midi et Macif / Sans transition le soir) et une en cours de calage à Bordeaux le 27 novembre.
Puis d’autres plus tard, dont Aulnay sous Bois (93) et Maisons-Laffitte (78) en janvier.
Bonjour,
Un truc qui serait pas mal et que vous ne faites jamais, c’est d’ajouter le numéro ISBN des livres que vous commentez et proposez.
Bonne journée à vous
C’est exact et c’est fait exprès. En librairie comme en bibliothèque cet identifiant n’est utile qu’aux professionnels.
en ce qui me concerne, je commande énormément dans notre librairie locale, et sur le site il est clairement indiqué:
« Pour la partie livre, indiquez le plus d’éléments possibles (Auteur, Titre, Éditeur, ISBN, Collection) »
Merci pour l’annonce de ce livre en tout cas.
C’est un peu laborieux à copier, mais je vais demander l’avis de ma libraire.