A la demande de Mathieu, j’ai participé 3 jours à l’AlterTour de 2018. Point d’ambiance gauchiste, plutôt des gens discrets sur leurs engagements. Ce tour à vélo des alternatives est une expérience enrichissante.
A l’AlterTour mieux vaut être plutôt de gauche et plutôt impliqué dans les mouvements sociaux, mais personne ne vous demandera rien et personne ne viendra vous faire de prêche. Certains sont engagés dans le social, les migrants, le nucléaire ou que sais-je, d’autres sont jardiniers ou grand-parents de quartier… L’Altertour est constitué de quelques cyclistes et de beaucoup de cyclistes potentiels, et l’atmosphère est tranquille et plaisante.
On s’y défait doucement des postures du travail ou de la ville. On campe où on est accueilli, on roule un peu, on participe à des chantiers, et on apprend beaucoup de choses. Pour la onzième fois et pendant un mois et demi, chacun pour le temps qu’il veut, les participants vivent au rytme des « alternatives », des modes de vie « vertueux ».
Le premier soir nous étions reçus à Moutrot, au sud de Toul, dans une exploitation qui a pu être pérennisée grâce à Terre de liens, un organisme foncier à vocation bio. Quand un éleveur arrête, c’est un céréalier qui vient, explique Didier, le patron de l’exploitation. Et un céréalier on le voit au village 15 jours par an. Nous avons aussi ramassé les déchets le long de la route, puisque le Département ne met plus de poubelles….
Les deux jours suivants nous étions au jardin partagé et à la MJC des Trois-Maisons à Nancy. Concerts, théâtre de Jean-François Gérardin, (spectacle Jeff street show, adaptable au vélo!) à mourir de rire, petit débat avec moi sur les politiques pro-vélo, démontage de vélos à l’atelier Dynamo de Malzéville, aide au jardin partagé, gros concert le soir… Chaque jour a lieu la répartition des tâches, du réveil en chansons (ou autre) à la vaisselle du soir ou à la cuisine, aux fonctions de serre-file sur la route ou de alter-journaliste pour le blog…
En fait l’AlterTour est assez bien organisé. Un camion transporte vaisselle, popotes, gaz, réserves de nourriture, toilettes sèches, tentes de « douche » et tentes à prêter, et le second ramasse les fatigués, emporte les bagages de beaucoup, et tire la remorque de vélos d’occasion qui seront prêtés au gré des besoins. En cas d’avarie le camion arrive (en principe).
Peu de cyclistes aguerris parmi la soixantaine de participants (soit environ 300 personnes par circuit), mais des vieux et des jeunes, des familles et même des compagnons scouts. La moitié environ porte un casque, bien que cela soit « obligatoire ». La raison de cette vieillerie qui empoisonne les relations avec les associations de cyclistes est qu’ils ont beaucoup d’accidents, un par semaine m’explique Mathieu, le permanent de l’association AlterCampagne ! Il est vrai que peu sont sportifs et qu’encore moins savent rouler. Ce que j’ai vu sur la RD 674 (une route rouge suivie sur 10 km ) m’a fait frémir, je vous avoue…
L’AlterTour est très varié et pour peu que vous ne soyez pas bardé de certitudes vous apprendrez beaucoup. A mon avis c’est une bien belle expérience, qui, à défaut de changer le monde, peut au moins changer votre regard et peut-être convertir certains au vélo. Le périodique Silence présente chaque année en juin les rencontres de l’été, et le tour suivant est préparé par des participants du précédent. Si vous n’avez pas envie de participer aux corvées communes, en revanche allez voir ailleurs.
AlterTour.
Organisé par AlterCampagne, créée en 2008 par plusieurs organisations telles que Les faucheurs d’OGM, ATTAC, confédération paysanne, Nature et Progrès, accueil paysan, Relier les alternatives… L’association AlterCampagne est dirigée par un « collège solidaire » (un aménagement autorisé de la Loi de 1901) renouvelé chaque année. Mathieu Fromont en est le seul salarié, à temps partiel annualisé.
Le Tour de cette année se termine le 26 août à Strasbourg. Sans mort sur la route, espérons.
Pour leurs accidents, « un par semaine » : ils comptabilisent les simples chutes j’espère.
Il s’agit bien d’une chute par semaine en moyenne. Sans gravité la majorité des cas.
Ceci ne justifie pas d’inciter au port du casque !