Le coût du stationnement automobile pour les finances publiques, ADETEC, mars 2023 – Conclusion
L’automobile nous coûte plus que n’importe quel ministère, services déconcentrés compris, ce qui illustre le choix de société que nous avons fait. Voici le résumé conclusif des trois publications antérieures sur le coût du stationnement automobile sur l’espace public.
(1) Le stationnement des voitures, une dépense très importante pour la puissance publique
(2) Le stationnement est très loin d’être rentable, il ne remplit les poches de personne
(3) Les conséquences sociétales et environnementales du parking facile
(4) Conclusion : un choix de société
.
Le stationnement automobile coûte en France davantage que les budgets des ministères de la Transition énergétique (13,7 Md€), de la Justice (12,5 Md€), de l’Agriculture (6 Md€), de la Culture (4,4 Md€) ou de la Santé (3,4 Md€), par exemple.
Le coût du stationnement pour les finances publiques pourrait être réduit de 4 Md€ en taxant l’avantage en nature que représente le stationnement sur le lieu de travail, en améliorant le paiement des amendes et des forfaits post-stationnement (FPS) et en luttant contre certaines fraudes fiscales.
Avec environ 12,3 Md€, le stationnement gratuit sur voirie représente, de loin, le premier poste de dépenses. Le léger bénéfice fait sur le stationnement payant (0,45 Md€) n’en compense qu’une toute petite partie. Le stationnement sur voirie représente pourtant une appropriation de l’espace public à des fins privées, qui était interdite dans les premières versions du code de la route français et le reste au Japon. Aucun autre usage privé ne bénéficie d’une telle faveur. Or, la demande croît avec la hausse du parc automobile et il n’est pas possible de suivre cette croissance. Plutôt que de créer toujours davantage de places, l’espace public pourrait être redistribué de manière beaucoup plus utile pour la collectivité dans son ensemble et pour l’environnement : trottoirs élargis, aménagements cyclables, couloirs de bus, plantations, bancs, espaces de convivialité, jeux pour enfants, terrasses de cafés et de restaurants…
Connaissant par ailleurs le rôle essentiel de l’offre de stationnement automobile sur l’usage de la voiture au détriment des modes de déplacement écologiquement, socialement et économiquement plus vertueux (marche, vélo, transports collectifs), l’argent public qui lui est consacré apparaît particulièrement contreproductif.
Au-delà de la simple question financière, se pose un véritable choix de société. Nous espérons que la présente étude contribuera à sa prise de conscience.
Enfin, il apparaît indispensable d’améliorer la prise en compte du stationnement dans la construction des données publiques, qui permettrait de mener une étude plus précise. En effet, comme indiqué en introduction, une partie des chiffres figurant dans la présente étude reposent sur des hypothèses de calcul, faute de données précises, donc doivent être considérés comme des ordres de grandeur.
Le texte de cette conclusion est repris de l’étude sans changement autre que des mises en gras-couleur.
Etude réalisée par Bruno CORDIER (ADETEC) pour le compte de l’Association Qualité Mobilité (Créée en 2015 elle regroupe des professionnels des transports, élus, gestionnaires, opérateurs .… C’est un lieu de réflexion doté d’un comité scientifique. Son objet est de promouvoir les transports collectifs et les déplacements non-motorisés.). Toutes les études de ADETEC sont disponibles sur son site.
Avec cette conclusion se termine la série présentant les travaux récents
de Bruno Cordier sur le stationnement automobile.
*
Autres études de Bruno Cordier pour Qualité Mobilité :
Dépenses publiques liées au covoiturage et aux services librement organisés d’autocars (cars Macron), 2017 et 2018.
A lire aussi : Plus on donne de la place à l’auto plus elle en prend, en dépit de toute logique. Présentation d’une autre étude de Bruno Cordier.
La qualité de ce dossier de Bruno Cordier mérite d’être saluée. Voici des arguments étayés pour combattre ce qui semble fatalité. Le caractère incivique du parcage anarchique saute aux yeux.
Cependant on ne saurait supposer que la majorité de la population est dépourvue de sens civique. Elle est confronté au dilemme de l’efficacité face à l’incivilité.
Est-il opportun d’éviter de se garer sur le trottoir quand on sait la punition assez peu souvent infligée? L’acceptation tacite et résignée des abus de parcage vient aussi d’un constat implicite qui nourrit l’indulgence.
Ce sont assez souvent les moins fortunés qui entreposent leurs carrioles sur la chaussée, ne disposant pas des espaces privés dévolus à cet effet.
Ces éruptions cutanées d’automobiles mal parquées ne sont qu’un symptôme du taux de voitures dans la société. Réfrénons donc la surabondance de déplacements individuels motorisés par tous les moyens qui sauront concilier intérêt général et libertés individuelles et nous verrons le prurit diminuer!