Parmi les inventions anciennes, certaines sont très utiles, comme les tunnels pour cyclistes. Pour d’autres, on continue à se poser des questions.
Avec ce dernier article inaugural de Hans Kremers, nous abordons les tunnels, les parcs de stationnement, l’information sur leur remplissage, le seul remonte-pente pour vélo du monde, et la distinction des bonnes et mauvaises pistes sur les cartes routières.
Les « Premières » pour les cyclistes, 6/6 : parcs de stationnement, tunnels… et autres grandes et petites premières.
Les plus anciens tunnels cyclo-pédestres
Aujourd’hui on connaît beaucoup de pistes cyclables qui passent dans d’anciens tunnels de voies ferrées abandonnées. Les tunnels créés spécialement pour réduire de grandes coupures dans les itinéraires des cyclistes et des piétons sont moins nombreux.
Le premier grand tunnel moderne pour cyclistes et piétons est probablement belge: Le Sint-Annatunnel sous l’Escaut à Anvers, d’une longueur de 572 m, a été inauguré en 1933 (Wikipedia) (1)
Les Néérlandais ont suivi cet exemple sous la Meuse à Rotterdam où un tunnel réservé aux cyclistes (longueur 1070 m) a été ouvert en 1942 en même temps que deux tunnels en parallèle, l’un pour les voitures et l’autre pour les piétons. Cette séparation existe également depuis 1951 sous le Tyne en Angleterre où piétons et cyclistes disposent chacun de leur tunnel (longueur 275 m)[1. Tunnel de la Tyne]. En France, le tunnel Jenner, au Havre, a été inauguré en 1955, mais ses travaux avaient débuté en 1947 1939[1. voir commentaire du 6 mars…], avant que la guerre ne les perturbe. Il mesure 680 mètres, et est constitué de deux tuyaux, avec chacun une chaussée pour les véhicules motorisés, une piste cyclable et un trottoir.
Le plus ancien tunnel pédestre que nous connaissions, au moins en Europe, est sans doute celui de Londres, sous la Tamise. Il a été construit entre 1825 et 1843 et est toujours en service, mais pour le métro ! Voir Wikipedia.
Le tunnel sous la Tamise, avant même l’invention de la bicyclette, ou du métro ! Image Wikipedia.
Le célèbre tunnel de Greenwich, ne date que de 1902. Nous n’en avons pas de photo utilisable dans nos archives, la dernière visite d’Isabelle datant de l’époque des diapositives. Wikipedia peut y remédier. Il a bien été cyclo-pédestre, Isabelle s’en souvient très bien, et cela se voit bien sur le site Greenwich foot tunnel, mais il semble qu’il soit maintenant farouchement réservé aux marcheurs.
Le seul remonte-pente urbain du monde
Trampe, à Trondheim. Gare aux feuilles mortes et aux autos mal garées !
C’est la ville de Trondheim en Norvège qui se distingue depuis 1993 au niveau mondial avec son « Trampe », repabtisé en 2013 CycloCable (2) lorsque la société Poma l’a racheté. Le système est constitué d’une cale tirée par un cable installé dans une rainure du sol, lui même mis en mouvement par un petit moteur. Cela permet aux cyclistes de Trondheim de monter sans effort une pente dotée d’une dénivellation de 24 m sur une longueur de 130 m. L’invention ne rencontre toujours aucun succès commercial. Les escaliers mécaniques et les ascenseurs (ou funiculaires) sont bien plus polyvalents !
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La première vélocipède station
C’est le propriétaire d’un café à Schijndel, Pays-Bas, qui a ouvert en 1887 pour ses clients le premier parking pour vélos des Pays-Bas, appelé «vélocipède station» (3). Le dernier de Sartrouville (Yvelines), dans le garage d’un café proche de la gare, était encore dans les souvenirs en 1998. Il semble qu’il ait fermé bien après la guerre (4).
L’information sur le remplissage des garages à vélos
C’est la ville d’Utrecht qui a mis en place en 2015 la première signalisation en bordure des pistes cyclables qui indique en temps réel aux cyclistes le nombre de places disponibles dans les vélo-parkings du centre ville (5). Cela créé des itinéraires d’accès ou P-route. Nous vous en avons déjà parlé, le 22 juillet 2015.
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Les premières et jamais égalées cartes cyclistes
S’il y a bien une question que les cyclistes se sont toujours posée, c’est celle du choix de leur itinéraire. La localisation des itinéraires sur une carte est devenue classique, par contre l’identification de la qualité des itinéraires est aujourd’hui plutôt rare.
La carte des environs de Paris de 1899 distinguait déjà pour les cyclistes : routes pavées impraticables, routes pavées avec bas-côtés praticables et routes recommandées (6).
La carte cycliste des environs de Paris, de Michelin en 1956, est exceptionnelle pour sa distinction très utile des bonnes et mauvaises pistes cyclables. La géolocalisation mise en oeuvre aujourd’hui se soucie peu de ces distinctions qualitatives en donnant la priorité au repérage des aménagements linéaires sans qualification. Et d’ailleurs, autant le dire, en France nous n’avons plus de cartes cyclistes. Seuls certains éditeurs de guides s’efforcent de distinguer ce qui est de qualité et ce qui ne l’est pas, renouant avec une suprématie européenne que seule la Grance-Bretagne, sans doute, nous dispute (les cartes éditées par Sustrans indiquent les routes dangereuses).
Carte Michelin, 1956 : Il n’a jamais été possible de se rendre au Bourget !
Mais avant les années 70 la circulation automobile était moins folle.
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Quant au premier voyage à vélocipède du monde, il a été réalisé en 1865, et c’est pourquoi il a été reproduit en 2015, comme le blog Isabelle et le vélo vous en a largement parlé le 29 août 2015 et plusieurs fois avant. C’était la première fois que Isabelle et le vélo en parlait, et c’était en France !
Hans Kremers
avec Isabelle Lesens (qui a ajouté quelques éléments factuels à cet article).
Sources et compléments
(1) Tunnel d’Anvers : Una maravilla. Se conserva perfectamente, con el ascensor original de madera. Une merveille, avec son ascenseur d’origine, en bois, selon Sergio sur twitter @Ciclismo2005.
(2) Le trampe dans My little Norway.
(3) The Dutch Bicycle Masterplan. Ministry of Transport, Public Works and Water management. 1999.
(4) Je n’ai pas trouvé trace de ce café accueillant sur le site de la Ville de Sartrouville. (IsL)
(5) Voies de garage à Utrecht. 10 juillet 2015.
(6) Frédéric Héran : Le retour de la Bicyclette.
(Lectures : env. 3000 au 23 juillet 2024)
…et le premier tour du monde en… à deux roues (Grand Bi pour être précis, une évolution du vélocipède en passant par le bicycle (dixit Isabelle) fut celui de Thomas Stevens entre 1884 et 1887, une véritable épopée que tout amoureux de la petite reine se doit d’avoir non pas lu mais dévoré !
Peut-être… encore auriez-vous dû préciser auteur, titre, date de parution, éditeur et prix de l’ouvrage !
Oui, je suis impardonnable. Je rentre chez moi, je fouille, j’exhume, je déchiffre et je recopie ici. Trois secondes…
Alors, bon, je sais qu’on m’en fera grief, mais enfin, je ne trouve que de l’anglais : « Around the World on a Bicycle » (oui, on pourrait faire plus original comme titre), The Chaucer Press, Bungay, Suffolk (Royaume Uni) -ISBN 0-7126-1917-8, avec une préface de Nick Crane (comme pour Travels with Rosinante, si vous permettez) et qui paraît être une simple énième réimpression de la toute première édition de 1888.
Cependant, je trouve le récit d’une anecdote particulièrement frappante (j’en ai encore mal à la tête puisque Françoise et moi avons failli vivre la même au Labrador), celle qui décrit Stevens accroché à une traverse de chemin de fer, pendant dans le vide, son grand-bi dans sa main libre, pendant qu’un train arrache des étincelles et tonne à quelques centimètres au-dessus de lui ; je la trouve, cette anecdote dans un autre ouvrage, inconnu du grand public et qui s’intitule « My Life on Two Wheels, by Clifford L. Graves, The Manivelle Press, La Jolla, Ca ISBN 0-9615106-0-3, un cardiologue francophile qui pédalait toujours en costume en cravate.
Il semblerait enfin que l’ouvrage fût en cours de traduction et lisible en ligne (voir dans ma signature).
J’ai commencé en 2014 la traduction en français du livre de Thomas Stevens. La traduction complète des deux tomes (1200 pages) prendra un certain temps ; je ne suis pas un traducteur professionnel, mais je crois que le résultat est correct.
Je consacre un site à cette traduction, avec des pages sur la biographie, le voyage (parcours), les grands-bi etc… , et bien sûr la traduction du récit, en ligne et en pdf. Ce site a changé d’hébergeur : la nouvelle adresse est dans ma signature.
Les chapitres peuvent être téléchargés au format pdf : c’est gratuit et légal, il n’y a plus de copyright sur le texte original anglais. Je ne publie pas ce commentaire pour me faire de la publicité, mais pour faire partager ma passion pour le récit de Thomas Stevens, magnifique aventurier, superbe aventure : il écrivait très bien, et comme le dit M. Magnouloux, on dévore son texte.
Chère Isabelle, concernant ce tunnel havrais dont les travaux ont commencé en 1947, quelle est la guerre qui les a perturbés : celle d’Indochine ou celle d’Algérie ?
Wikipedia nous dit « Les travaux débutés en 1939 sont interrompus par la Seconde Guerre mondiale. (…) Les travaux recommencent en 1947 et l’ouvrage est inauguré en 1955. » Ils avaient donc débuté en 39, avant que la guerre ne les perturbe… https://fr.wikipedia.org/wiki/Tunnel_Jenner
Je suis passé dans le tunnel de Greenwich en 2013. Je ne connaissais pas son nom avant de lire cet article très intéressant. Il y a quelques photos sur mon site (mais elles n’ont rien d’exceptionnel).
Je confirme qu’on n’a pas le droit d’y circuler à vélo. C’est écrit « no cycling » tous les 30 mètres sur le sol. Mais on peut y passer avec un vélo à la main (et en réalité, on peut y pédaler tant qu’on ne croise pas trop de monde…).