Le vélo n’est pas démodé mais si tout va bien il ne sera que le meilleur maillon de la chaîne des véhicules légers de l’avenir. Le point avec les travaux de la Fabrique écologique et du Forum Vies mobiles. Pour une mobilité sobre, la révolution des véhicules légers.
Les véhicules vendus sont de plus en plus lourds et consommateurs. Pourquoi, au-delà des arguments publicitaires ? Parce que la marge est meilleure, et parce que les batteries pour les véhicules électriques pèsent très lourd.
Alors on court après des solutions, par exemple justement la voiture électrique, sans se soucier du problème de la production de l’électricité ou des métaux pour les batteries (pour passer à l’électrique on multiplie par exemple le besoin en lithium par 40), et en laissant croire qu’on en aurait fini avec les particules fines, alors qu’elles proviennent désormais de l’abrasion des pneus, laquelle s’accroît avec le poids du véhicule…
Le Forum Vies Mobiles et la Fabrique des Mobilités se sont entendues, l’une pour brosser le cadre, l’autre pour faire émerger de nouvelles propositions techniques.
Le premier paradigme c’est que les nouveaux véhicules doivent être légers et que leur mécanisme doit être le plus simple possible, afin qu’autonomie et recyclage puissent s’enclencher.
Il est souligné à quel point nous sommes coincés par l’impératif de rapidité, qui dégrade notre « qualité de vie » notamment par le stress créée et les maladies induites. 8 citoyens sur 10 souhaitent ralentir, selon une enquête du Forum Vies Mobiles menée en 2015. Mais 85% des ménages français ont au moins une auto, qui coûte 20% du budget des ménages les plus pauvres et seulement 10% de celui des plus riches (avec des véhicules pourtant pas du tout aux mêmes prix). Il faut absolument s’attaquer aux mobilités contraintes et développer délibérément les systèmes multimodaux.
Ensuite il faut que ces nouveaux véhicules soient utiles aussi aux actuels exclus de l’automobile, c’est-à-dire qu’ils répondent ensemble à tous les besoins. Ils complèteront le vélo de façon à ce que l’automobile n’ait plus lieu d’être que pour des usages spécifiques. Au-delà de 9 km, taille maximum de la plupart des déplacements usuels, il y a un espace vide.
Enfin il faut que leur coût soit raisonnable, pas plus de 10 000 € pour les plus sophistiqués, c’est-à-dire moins qu’une auto d’occasion (évaluée à 15 000 €), en sachant qu’avec une production plus importante les prix auront tendance à baisser.
Alors que va-t-on inventer, présenter, mettre sur la marché ?
Des véhicules plus « inclusifs » que le vélo, à 3 ou 4 roues pour l’équilibre et la sécurité, à assistance pour les déficients, avec une capote pour les mouillés, une béquille facile à pousser malgré le poids, un accès latéral pour ne pas avoir à soulever les enfants, et j’en passe. Ils pourront même avoir une assistance électrique, car la puissance à délivrer n’a rien à voir avec celle d’un véhicule pesant un tonne et demi.
La plupart de ces véhicules font partie du programme eXtrême défi, de l’ADEME , qui a pour vocation d’accompagner les inventeurs et petites entreprises sur la voie de la création de ces nouveaux véhicules, 10 X moins coûteux, 10 X plus durables et 10 X plus légers.
Ils étaient visibles au forum de l’Agence Innovation des Transport (AIT) à la Cité des sciences (Paris) ces jours derniers, dans l’exposition du CNAM les 21 et 22 janvier et seront présents à Lunéville au mois de juillet.
Parmi ceux qui ont annoncé leur présence à Lunéville je peux notamment citer Acticycle, EV4, Karbikes et Vhélio. Les vélomobiles et les vélos couchés ou semi-couchés seront également présents, tout comme les entreprises spécialisées sur le handicap.
Par ailleurs il faut citer l’association IN’VD en Aveyron, qui travaille sur des véhicules légers et puissants adaptés à la moyenne montagne, avec distances et côtes particulières pour les quelles le vae ne suffit pas.
Il reste encore à ce qu’advienne un « système », c’est-à-dire un ensemble de services et une intégration industrielle.
Le groupe de travail a également mis le doigt sur la fiscalité, qui pour l’heure est uniquement dédiée à faciliter l’accès à l’automobile, thermique ou électrique mais toujours lourde, chère et polluante. Il il y a deux pistes. Soit augmenter le malus sur le poids, afin de pousser à la substitution de véhicules plutôt qu’à leur addition. Mais les malus ne gênent pas vraiment les plus riches. Soit plutôt renforcer les normes et faire de la communication, par exemple directement sur les véhicules, sur leur impact réel en termes de kilos de métaux rares.
Le Groupe alerte aussi le Gouvernement sur la diffusion des véhicules légers dans tous les milieux et lieux afin que personne n’ait le sentiment d’être victime d’une injustice, forcé à passer au véhicule léger comme un pauvre, exclu de la modernité, ou l’inverse. Le véhicule électrique, de toutes façons, n’est pas accessible à tous, il est bien trop cher.
Comme pour le vélo de l’ère post covid il faut amorcer la pompe, et tout est bon pour ça, par exemple des maisons de la mobilité avec prêts, locations, apprentissage de la réparation simple, conseils, apprentissage etc.
Dans ce système le vélo resterait souvent le moyen habituel et serait complété par divers véhicules spéciaux adaptés à des cas particuliers, en propriété ou en location suivant le besoin. Le plaidoyer pour les nouveaux véhicules passe par un appel à l’impulsion publique, consciente qu’elle devrait être de son intérêt pour l’emploi, la relocalisation des activités productrices et l’économie de ressources.
▶️ L’avenir n’est pas la voiture connectée, hybride, sophistiquée, électrique, lourde, polluante et se croyant universelle. L’avenir c’est le vélo et les vélos améliorés ou prolongés juste selon les besoins, réparables et accessibles à tout le monde.
Sources pour aller plus loin
- Forum Vies Mobiles
- Enregistrement de la conférence de présentation du 8 février 2023. 4 639 personnes ont suivi la soirée sur Facebook, et une petite centaine à l’académie du climat à Paris.
- Pour une mobilité sobre : la révolution des véhicules légers. Résumé de la partie réalisée par le Forum Vies mobiles.
- La Fabrique écologique
- Revue Transports urbains, n° 141 : L’avenir des véhicules intermédiaires.
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Evidemment mon article n’apprendra pas grand’chose à ceux qui savent déjà. C’est le cas du docteur Jean-Luc Saladin, qui a organisé des rencontres et a souvent publié sur ces sujets dans son blog Vélo, cerveau et potager. En 2011 il faisait d’ailleurs une conférence sur le sujet lors du 1er Forum européen Intelligence et Déplacement. En voici la présentation, un document complet et pédagogique en pdf.
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il ne sera que le meilleur maillon de la chaîne … Pourquoi cette formulation négative dévalorisante ?
Je préférerais : Le vélo n’est pas démodé mais si tout va bien il sera le meilleur maillon de la chaîne des véhicules légers de l’avenir.
Excellent article, éclairage complet, concis, en quelques lignes sur le sujet, tout est dit.
Félicitations, Isabelle.
Oui excellent. Je l’ai partagé sur Mastondon.
Très bon article, mais une formulation plus inclusive et respectueuse serait la bienvenue.
– « assistance pour les déficients » -> « assistance pour les dénivelé, pour ceux qui ne veulent/peuvent prendre une douche après le trajet ».
– « une capote pour les mouillés » -> « une capote pour nos amis qui sont en sucre/pas équipés » 😉
Bonjour, je découvre votre blog… chapeau bas, c’est vraiment bien, aussi bien pour la présentation que pour le contenu. 🙂
Désolée… la présentation a changé… et était déjà en cours lors du dépôt de votre message.
Parfait. Nous allons enfin retourner au réel, après un petit détour de 90 ans dans le tout automobile depuis le Velocar de Mochet. Voir Les « Hybrides Electro-musculaires à Haut Niveau de Service », vélos mobiles ou Vae rapides, ont un énorme potentiel pour résoudre nos crises.