Les véhicules intermédiaires doivent jouer un rôle important dans les zones à faibles émissions (ZFE)

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Trois associations nationales, Respire, CleanCities et la Fabrique des Mobilités publiaient début juillet un livre blanc sur les zones à faibles émissions, ZFE : Pour des ZFE-m saines et justes : anticiper la transition des mobilités.

Elles commencent par rappeler que la France a été condamnée deux fois (en 2021 et 2022) par le Conseil d’État pour son action insuffisante contre la pollution de l’air.
Déjà mises en place dans 325 territoires européens, les zones à faibles émissions ont fait leurs preuves pour améliorer le niveau de pollution en particule fines (PM2.5 et PM10) et dioxyde d’azote (NO2), avec de très bons résultats par exemple à Lisbonne (-29 % d PM10), Madrid (-32 % de NO2 en 2019) ou encore Londres (-44 % de NO en 2019). 

Un appel à tout remettre à plat

Le constat principal du Livre blanc est qu’il faut tout remettre à plat, comme cela se dégage des remontées de partout. 

Personne n’y comprend rien et beaucoup se sentent injustement mis à contribution. Les professionnels de la logistique (comme ceux des autocars par exemple) s’inquiètent, les règles ne sont même pas uniformes par territoire. Lyon, Grenoble, Saint-Etienne n’ont pas les mêmes horaires !


Le comité de concertation nationale sur les ZFE, mis en place en janvier, n’a pas dit autre chose, la revue Transports urbains allant même jusqu’à les qualifier de solution pro-voiture (Transports-urbains n° 142, décembre 22).


ZFE et vignette Crit’air : interdire les véhicules polluants, pourquoi ça coince ? Actu, 26 octobre 2022. C’est ubuesque, dit le journal.

Uniformiser les règles

Les rédacteurs du Livre blanc présenté le 4 juillet proposent d’abord d’uniformiser les règles au moins par bassin de vie ou d’activité, et de décider d’une date unique de début pour toute la France. Rouen a commencé en septembre 22 (revue de presse de décembre 22, où l’on a aussi une liste de critères par villes), Strasbourg et Paris l’ont fait au 1er janvier 23 et Paris devait la durcir au 1er juillet. A Lyon le maire a repoussé la date d’extension, accusant le Gouvernement de ne pas soutenir les mesures d’accompagnement. Rennes commence par son seul centre-ville. (Cités dans la revue de presse de février 23).

« À Toulouse, depuis le 1er janvier 2023, les véhicules Crit’Air 4, 5 et non-classés sont interdits de circulation dans une partie de la métropole. Mais Jean-Luc Moudenc, maire de centre-droit de la ville rose, « ne donne aucune instruction à la police municipale » pour verbaliser les automobilistes qui ne sont pas en règle, estimant que l’État doit revoir sa copie, notamment en augmentant les aides financières au changement de véhicule. »

Localtis, 17 janvier 2023 

Veiller à emmener tout le monde

Ensuite ils insistent pour qu’on tienne mieux compte des précaires, et des très précaires, ouvriers de chantier intervenant dans toute la France, et autres, pour lesquels il importe de faire durer les véhicules. Ils proposent notamment de ne pas s’occuper seulement des Crit’air (et d’en modifier certaines conséquences), mais d’y ajouter le poids et d’introduire des critères d’usage, notamment des horaires.
Ils n’évoquent pas le vélo, alors que le Fonds vert peut aider à créer les ZFE, et à développer les autres mobilités. En revanche ils insistent sur la multimodalité, l’intermodalité, le covoiturage etc. 

Il existe bien sûr d’autres formules pour limiter la pollution de l’air, comme les  ZTL, zones à trafic limité, tentée à Lille avec son péage positif visant à limiter l’usage des autos aux heures de pointe (qui fut immédiatement détourné). En octobre 2018 je titrai déjà Zones à trafic limité et politiques de mobilité, ça ne passe pas. Il n’y avait pourtant alors que 15 collectivités volontaires pour mettre en place ce péage urbain. 
La proposition des trois associations en est une autre, elle consiste à enrichir le concept des ZTL par des notions d’usage, et donc de généraliser les ZTL.m (m pour mobilité). 



Vous lirez tout ça sous la plume de collègues plus spécialisés, et cela devrait partiellement se retrouver, selon les fuites, dans les conclusions du Conseil national de l’Air que devait rendre publiques le Gouvernement le 8 juillet.

Jouer la carte des véhicules intermédiaires

Le point 3 du livre blanc nous intéresse plus directement car il concerne les véhicules intermédiaires, entre le vélo et la voiture individuelle. Les rapporteurs souhaitent pour eux la création d’une filière économique et industrielle comme il y en a par exemple pour les cycles. Celle-ci a déjà commencé, selon les Echos du 24 avril : Mobilité : la filière des véhicules intermédiaires se structure. J’espère qu’il n’y a pas erreur.

Les véhicules écologiques suivant les organisateurs des Rive, rencontres internationales des véhicules écologiques
Les véhicules intermédiaires (extrait) présentés par Frédéric Héran dans Bonpote : Les véhicules intermédiaires : l’avenir de la mobilité ? un super article.

Les Livre blanc invite le gouvernement à amplifier  le travail déjà fait par l’ADEME sur les véhicules intermédiaires. La Chine en vend déjà 2 à 3 millions par an sur son territoire, soulignent-ils. Cette question doit aussi figurer dans la Loi Bas carbone en cours de rédaction. 

Le Monde, 13/06/2023
Transition écologique : « Il nous faut produire des véhicules plus efficaces, plus sobres et accessibles à tous ceux qui dépendent de l’automobile au quotidien » 

Forum Vies Mobiles

Plusieurs territoires d’expérimentation sont déjà à l’oeuvre, suite à un concours de l’ADEME intitulé Protocole d’Expérimentation sur l’usage de Véhicules intERmédiaires. La liste des lauréats n’est pas encore publique, mais la Fabrique des Mobilités a bien voulu me faire savoir que les choses ont déjà bien avancé avec la Communauté de Communes Pic Saint Loup (et en particulier la commune de St Bauzille de Montmel), la ville des Mureaux (Yvelines), une commune ouvrière courageuse et audacieuse dont j’avais dressé le portrait en 2010, et que des échanges sont en cours notamment avec le PNR Grands Causses, la ville du Teil, ainsi que la Communauté de Communes du Clunisois. Reste à finaliser, bien sûr.


L’avenir de la mobilité, ce n’est pas l’auto, même électrique, comme le montre très bien le chouette livre de Aurélien Bigot sur l’avenir de la voiture, ce n’est pas non plus le vélo tout seul. C’est le vélo, et le vélo aidé par les transports en commun, ou par d’autres véhicules parfois. C’est aussi les véhicules intermédiaires, bien utiles dans certains cas (distances, relief, cas exceptionnels …). Et je témoigne, leurs performances peuvent être impressionnantes, et au quotidien largement suffisantes. Il est temps pour les vélos couchés et les vélomobiles de sortir de leur petit monde. Spezi ne suffit plus.

Rendez-vous au salon des mobilités intermédiaires
du 7 au 9 Novembre 2023 à Millau

Toujours dans Bonpote, les véhicules intermédiaires présentés par Frédéric Héran. Ils sont une part importante de l’avenir de la mobilité.

La ZFE est un dispositif utile et nécessaire dès lors que les alternatives à l’autosolisme existent et sont accessibles à la majorité. 

Sylvain Delavergne, responsable France de Clean Cities Campaign.

Le livre blanc sur les ZFE est sur le site de la Fabrique des mobilités.

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