Cet opuscule de l’urbaniste Jean-Pierre Charbonneau a été écrit pendant le confinement. L’auteur suggère que cette période serve à quelque chose : ne pas recommencer comme avant. Ne pas « redémarrer » comme si rien ne s’était passé et comme si nous n’avions rien appris. Il propose de faire un bras d’honneur au virus en appliquant ce qu’il nous a appris. Mais l’avons-nous vraiment appris ?
L’alignement des planètes dont il fait son titre a-t-il vraiment eu lieu ? Un petit livre pour enfoncer le clou, qui s’adresse d’abord à ses clients, les collectivités territoriales. L’urbaniste Jean-Pierre Charbonneau les exhorte à ne plus penser luxe, perfection et projets à 10 ans, mais rapidité, en tenant compte du contexte, comme toujours chez lui. Il nous invite à avoir en ligne de mire la ville désirée et les arbitrages budgétaires à faire. « On parlait voyages, hubs, vitesse (…), on finançait des infrastructures routières, des contournements, des rondpoints » (p. 21). On se gargarisait de « coeur de l’Europe » et de « bâtiment d’exception », et pire encore, de « smart cities ». Aujourd’hui il faut trouver des masques et s’assurer de la santé de chacun. « On parlait rentabilité (…), on parle de solidarité, de survie » (p. 23), de simplicité et d’économie de moyens. Le monde à venir ne sera pas celui d’hier, à nous de le voir.
L’auteur nous invite à vraiment poser les sujets: numérique, compression des coûts, Philarmonie et autres gouffres financiers séducteurs … (p. 24) . Méfions-nous des « plans de relance » et n’oublions pas ce que nous avons vu en matière d’espaces publics pendant le confinement.
Il y a beaucoup de bonnes recommandations dans ce petit livre de 70 pages à lire sous canicule … recommandations qui sont en phase avec l’époque. Par exemple, le palmarès des jeunes urbanistes du Moniteur vient de récompenser 6 jeunes professionnels qui « confirment que les approches paysagères, écologiques, culturelles et sociales sont aujourd’hui au cœur de leur pratique et qu’elles constituent le champ large de l’urbanisme». De même dans Le Monde du 8 août 2020 cette remarque de l’anthropologue Fr. Keck : « (Les élections municipales) ont fait percevoir un besoin de relocalisation de la politique et de l’économie ». Peut-être allons-nous changer d’une façon inattendue ? Peut-être allons-nous être enfin modestes et concrets ?
Jean-Pierre Charbonneau
L’alignement des planètes.
70 pages, juin 2020, 8 €.
Pour se le procurer c’est par ici.
- Autre livre du même auteur présenté sur ce blog : Les aventures de Monsieur Urbain. Avril 2020.
Choix d’autres livres traitant d’urbanisme présentés sur ce blog :
– Michel Duchène, La grande métamorphose de Bordeaux. (note publiée en décembre 2018 et complétée en août 2020)
– Voyage à Charleroi, la révélation d’une ville mai 2018. Le maire visite sa ville sur son vélo
– Où étaient les racines de leur colère ??? mars 2020. Une bande dessinée qui nous fait vivre de l’intérieur les galères des habitants paumés.
– Mobilités partagées : Comment le capitalisme transforme villes et écologie Maxime Huré, décembre 2019. Comment les Villes se sont volontairement dépossédées d’elle-mêmes.
– Paris, une ville piégée par ses illusions technicistes (Julien Demade), 2015. C’était sûr que le vélo allait l’emporter, c’était inévitable; même sans grève et sans virus.
– Razemon se résume : les plus gênants ne sont pas ceux qu’on croit. février 2019
– On a tué nos villes (O. Razemon) octobre 2016