Croquignolettes aventures en train + vélo en France, été 2023

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Suivi de : Scandale en Allemagne

  • Un système qui déraille (dans l’Est)
  • Ces régions qui refusent les voyageurs
  • Espérons en la concurrence ?
  • C’est pourtant simple ! (choses vues pas du tout scandaleuses en Allemagne)

A vélo tu prends les TER, les cyclistes chargés commencent à connaître la chanson.

A vélo on voyage en TER, au moins on est sûr de pouvoir y monter avec son vélo et en plus c’est gratuit et sans réservation. Une situation commode, surtout qu’on aime le train qui permet de voir le paysage, et une solution sûre depuis la « régionalisation » des TER, en 1995, rappelée par le décret n° 2021-41 du 19 janvier 2021 mais limitant cette obligation à 8 vélos par train.

Train + vélo c’est 8 minimum

Isabelle et le vélo, janvier 2021

Seulement, voilà, cet été 23 le système a vrillé

Début juillet je me suis rendue de Nogent sur Seine à Troyes en train avec mon vélo chargé, puis de Troyes à Nancy, via Culmont-Chalindrey,  puis je suis allée de Lunéville à Metz via Nancy en métrolor. J’ai terminé par un Metz à Paris via Bar-le-Duc. Tout s’est très bien passé, … madame la marquise.

De Nogent à Troyes je découvre le système. 2 employés d’une entreprise sous-traitante attrapent ton vélo, tu dois lui enlever tous les bagages, et ils mettent ton vélo dans deux fauteuils protégés de bâches. Ils l’arriment de ce qu’ils peuvent, ficelles, tendeurs, etc, bien vertical histoire de bousiller ton garde-boue, et tu dois montrer ton ticket spécial vélo réservé à 3 euros.

Je n’étais pas au courant, c’est normal puisque les machines ne te le proposent pas et que l’expérimentation n’avait que quelques jours (et des jours limités jusqu’à fin août). Rien ne permettait de le savoir puisque cette réservation n’apparaît pas lors de l’achat du billet et ne se fait que via une application spéciale, Grand Est ma résa vélo.
En plus elle ne concerne que les lignes qui ont une extrémité à Paris … C’était le cas de Nogent à Troyes, mais savoir que c’est le train de Paris c’est quand même autre chose que de connaître la règle simple qui est que tous les TER acceptent les vélos. D’ailleurs je n’ai appris cette limite que plus tard et ça n’aurait rien changé, car jamais je n’accepterais que l’on traite ainsi mon vélo.

Dans ce train à réservation pour 8 vélos il y en avait 16 : 8 de plus en clandestins.

De Nogent sur Seine à Troyes

A Troyes je suis donc plus ou moins au courant mais cette fois il n’y a que 3 places réservables, déjà prises, et comme il n’y a pas vraiment d’autre train je décide de passer outre. Je découvre dans le train qu’il n’y a pas de service spécial, et déjà trois vélos à 3 euros chaque, plus trois vélos n’ayant rien payé dont un couché sur les autres (les roues dans le porte-valise), et un, plus le mien, dans l’entrée. De 3 on est donc passé 8, dont peut-être des abonnés, puisqu’ils n’ont pas à réserver (et ce qui ne simplifie peut-être pas le contrôle du remplissage). Les contrôleurs passent et continuent leur chemin

De Troyes à Nancy

A Culmont-Chalindrey je reviens aux bonnes vieilles habitudes, je me met en queue et n’y suis pas seule.

A Lunéville rebelote, je passe outre, sans même me demander si le train est concerné, (j’ignorais alors qu’il n’y avait que deux lignes dans ce cas) mais je crois qu’il ne l’était pas, et à Metz je ferais de même. A Bar-le-Duc, dernière étape, il y avait un assez vaste espace dégagé pour les handicapés, qui complétait les 6 crocs de l’entrée. Pourtant ces deux derniers trains sont un TER allant jusqu’à Paris dans lequel j’aurais donc dû réserver. 

De Metz à Paris, changement à Bar le Duc quai à quai

Ceci c’est pour la région Grand-Est, et quand depuis Troyes je publie sur twitter que c’est le pire de ce que j’ai vu cela affole un peu la Direction, laquelle prend contact et cherche à en savoir plus, tout en espérant visiblement me faire avouer. Voilà c’est fait. 

Cette année de nombreuses régions tentent de limiter le nombre de leurs clients accompagnés de leur vélo

En Occitanie c’est réservation gratuite mais obligatoire, et ça hurle.

La Loire à vélo fait bonne figure avec ses 50 à 83 places (dont 33 en libre-accès, les 17 places aidées acceptant les tandems et remorques). Les horaires ne sont pourtant pas tous folichons, les dimanche 6h38 ou 17h38 au départ d’Orléans, ou, depuis Nantes, 7 h 15, 11h 13 certains jours, et 18 h 15 sauf 14 juillet et 15 août. Le tout sans garantie, tout en français, sans tableau clair

Pour le reste de la région Centre-Val de Loire cela est la foire d’empoigne. Les récits de foules à vélo sont légion. Sur la Via Rhona, en Franche-Comté ou dans les Ardennes, à Nantes, et ailleurs sans doute.

De gauche à droite : Via Rhôna, Franche-Comté, Ardennes (?), région nantaise. Photos trouvées sur X.

Le site France vélo tourisme, comme d’habitude, renseigne avec précision : 

Capacité d’emport de vélo augmenté et réservation obligatoire : en Bretagne sur tous les TER (1€ / vélo), en Nouvelle-Aquitaine sur 4 lignes (5€ / vélo), en Bourgogne-Franche-Comté sur certaines lignes (service gratuit), en Centre-Val-de-Loire sur 4 lignes (1€ / vélo), et sur certaines lignes aux abords de ViaRhôna (gratuit).
Source : France vélo tourisme.

Bonne chance à vous si vous ne connaissez ni la langue locale ni le réseau … ou faites simple, allez sur le site officiel de la SNCF. … Tout s’arrange !

Si au moins toutes les régions faisaient pareil, peut-on penser, mais alors tout serait bloqué. La réalité c’est que les agents vont renoncer à s’occuper des vélos et que les « expérimentations » seront abandonnées.

L’avenir radieux réside-t-il dans la concurrence ?

Peut-être peut-on espérer plus de simplicité avec les nouvelles compagnies qui opéreront à partir de l’année prochaine, Le Train, Railcoop, Kevin Speed … ou avec le renouveau des trains « lents «, capsules légères en milieu rural, ou train envisagé par SNCF et SNCB entre Bruxelles et Paris pour décembre 24, qui serait un train en ligne classique cinq fois par jour via Creil, Aulnoye-Aimeries et Mons. Ce serait parfait, sauf que les arrêts en gare seront ultra courts !!! Pour les autres citées ici … on peut craindre qu’il faille les y obliger.

Le 2 août 2023 la compagnie italienne FS Treni Turistici Italiani, filliale tout juste créée de la compagnie nationale Tren Italia, annonçait qu’elle allait se spécialiser dans les trains destinés au tourisme en Italie. Il y aura dès l’an prochain des trains de luxe et des omnibus régionaux, et des Trains Express et Historiques, y compris de nuit, desservant les villes et sites touristiques les plus significatifs. Dans ces derniers trains il y aura wagons-restaurant, wagons-salle de réunion, et transport des bagages tels que skis, vélos et véhicules intermédiaires, si j’ai bien compris le communiqué en anglais. (image tirée de la présentation.) Quelque chose me dit que ces trains-ci seront bien adaptés aux agences de voyage. Pour les particuliers, affaire à suivre, et augmentation à prévoir : Tren Italia a oublié que la règle européenne des 4 vélos minimum s’applique à tous les trains neufs ou rénovés1Source : Vélo&Territoires, 20 janvier 2021.

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Pourtant il existe depuis longtemps une ligne « privée » en France, c’est celle de Paimpol à Guingamp et Carhaix en Bretagne. Elle dessert Notre-Dame Sainte-Anne d’Auray et est exploitée par la CFTA, Société générale des chemins de fer et de transports automobiles. C’est frappant, le chauffeur fait receveur et chef de gare, les agents sont tous polyvalents et les vélos sont acceptés sans façon… et cela dure depuis 1938 ! Cette ligne coûte 3 fois moins cher que si elle était gérée par la société nationale, nous indique FR3.

La SNCF s’abrite souvent derrière des solutions compliquées, alors que les cyclistes lui demandent une solution simple,  des espaces dégagés et banalisés. C’est aussi cela que nous avons eu au Luxembourg lors de notre escapade vers la passerelle la plus ridicule d’Europe. C’est également ce que CyclotransEurope publie à longueur d’année sur twitter sous #monvelodansletrain. Des espaces multi-usages pour les relations de proximité, et des espaces avec arceaux à vélos pour la longue distance. Tout cela on le trouve dans de nombreux pays européens, et même tout près de chez nous.

Grand-Duché du Luxembourg

Alors avec les trains de nuit, le retour des trains comme on les aime ? Le train c’est écologique, clame le ministre, la SNCF va devenir l’un des premiers producteurs d’énergie renouvelable !!! Souhaitons d’abord que le train commence par se souvenir qu’il est écologique de servir ses clients au lieu de les refouler, et que les autorités se souviennent qu’il est écologique de ne pas dépendre de l’automobile.

Voici ce que j’ai vu en Allemagne quelques jours plus tard (juillet 2023) et ce n’est pas un scandale :

Et pour conclure, petit souvenir de Frieburg-en-Brisgau, août 2019

Comme nous le disions, Vélos dans les trains, les progrès se font attendre. Le transport des vélos dans les trains est une vieille histoire depuis l’époque où la SNCF s’est rendu compte qu’il y avait affluence. Depuis, au lieu de répondre à la demande de ces voyageurs solvables, elle s’échine à leur empoisonner la vie. Une histoire sans fin … malgré les sages décisions européennes.

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Duthoit, Louis
8 mois

Petit retour d’expérience complémentaire sur l’intermodalité vélo + train en Allemagne lors d’un récent voyage au Danemark.
Aller Strasbourg – Niebull: Nous avons pris un train ICE (équivalent du TGV mais moins rapide). Nous avions réservé 2 emplacements vélo. Même scène qu’en France, le contrôleur nous attend à l’entrée, nous demande d’enlever nos sacoches (ce qui met le train en retard). Les systèmes d’accroche en hauteur sont plutôt efficaces. Arrivent à une gare suivante 2 cyclotouristes suisses qui, ayant raté leur correspondance, montent dans notre train sans réservation vélo. Ils parviennent à trouver une place pour leurs vélos entre les vélos accrochés en hauteur. Leurs vélos ne gênent pas le passage. Arrive le controleur qui passe un appel pour demander à qui appartiennent ces vélos. Les Suisses s’avancent et se font sermonner. Le contrôleur les menace de les faire descendre en raison de l’insécurité générée par ces vélos surnuméraires. Pour une raison qui m’échappe (je comprends mal l’allemand), ils parviennent à atteindre Hambourg. Le reste du voyage se passe sans problème, en tout cas pour nous.
Retour Frederikhavn – Strasbourg : Premier train régional sans problème jusqu’à l’annonce du chef de bord que le train ne desservira pas la gare où nous avions notre correspondance, que nous manquons donc. Nous voyagions au cours d’un WE de départ en vacance. Pour rejoindre Strasbourg nous étions obligés de prendre des ICE avec réservation obligatoire. Encore faut-il que des places soient disponibles. Ce qui ne fut pas le cas avant de nombreuses heures d’attente. Nous atteindrons Strasbourg non pas à 20h30 comme prévu mais le lendemain vers 12h me faisant manquer mon retour au bureau.
Moralité, je n’encenserais pas l’intermodalité allemande qui pâtit énormément de ses retards très fréquents, pénalisant d’autant plus les cyclistes qu’ils doivent sur certains trajets réserver obligatoirement un emplacement.

marmotte27
8 mois
En réponse à  Duthoit, Louis

Mêmes experiences en Allemagne lorsque je voyageais avec un vélo entier.
A force de faire des fausses économies la DB s’est dégradée de façon inimaginable ces dernières années, les gros retards et les correspondances ratées sont systématiques, emmener un vélo non démonté quasi impossible désormais.
La SNCF, politique néolibérale oblige, prend le même chemin.

Chanfreau
7 mois
En réponse à  Duthoit, Louis

En Autriche c’est pas triste non plus lorsqu’on manque une connexion suite à un retard de train! Il aura fallu 5 trains et 36h sans hôtel payé pour rentrer de Slovenie en France 😩: voici ce qui s’est passé à Salzburg :
Le train est trop bondé de passagers et est déclaré interdit aux vélos par le contrôleur qui gesticule sur le quai! 😳
Après 2 appels, aucun cyclo 🚲 ne descend. Après le 3e appel du contrôleur et un appel à la police 🚨, les cyclos sont débarqués du train après 45 minutes de refus corrects mais fermes de notre part (FFFF : Fer French Fronde Fédération) et la compagnie autrichienne propose un transfert en bus +25€/vélo. 
Nous avons cordialement refusé et pris l’option « on emballe les vélos » : le vélo n’existe plus et s’appelle alors bagage. Le contrôleur n’a plus le choix, il accepte notre présence : le train va partir dans 5mn avec des passagers calmes et … impassibles!
Mais surprise, une annonce en allemand fait rire le public germanophone (la blague du contrôleur doit être dingue).
Ma voisine m’explique que le départ est encore décalé de 20mn car un wagon va être rajouté pour les cyclistes … qui sont partis en bus 🤬😩😃 ⁉️
Bon finalement on va arrêter de se plaindre de la SNCF, c’est promis 😉🥳
J’ai quand même pris le temps de féliciter le contrôleur au nom de la FFFF pour sa brillante et efficace action (je crois qu’il a apprécié 😂).
Avec une heure de retard on part enfin avec un wagon de vélo vide 👍 et heureux de voir que nous allons louper notre prochaine correspondance à Salzburg Autriche … à suivre 🚂

En réponse à  Isabelle Lesens

Je pense qu’il convient de parler d’Auray ou de Sainte-Anne-d’Auray, parole de Morbihannais…

christelle
8 mois
En réponse à  Isabelle Lesens

Bonjour Isabelle, il ne me semble pas que la CFTA dessert la gare Auray-Quiberon.
Le petit train de la ligne Carhaix-Guingamp-Paimpol traverse la campagne du Centre-Bretagne mais ne va pas dans le sud du Morbihan. Nous n’avons pas d’autres trains en Centre-Bretagne depuis la disparition du réseau Breton en 1967 !

Sadot V.
8 mois

C’est chaque année pareil. D’ici à ce que le problème soit résolu ça donne envie de voyager en sérénité avec des vélos pliants confortables (exemple : le Tern D8). D’autant qu’on ne voit guère de volonté politique d’améliorer les choses, et qu’en revanche l’objectif de décarbonation implique de massifier encore plus les déplacements en train, vraisemblablement par le matériel le moins cher possible et le plus capacitaire. Or on peut penser que de plus en plus de personnes aimeront voyager avec leur propre vélo.

8 mois

merci pour ce beau reportage.
Voici mon expérience cet été de Sète à Genève : ce fut la foire d’empoigne, mais ça c’est finalement bien passé.
Retour Viarhôna en train, juillet 2023 : Un peu rock and roll, mais bon enfant ça c’est bien passé de Sète à Avignon, puis Avignon – Valence et Valence – Genève. Et pourtant mous étions un jeudi, preuve de l’engouement pour le cyclotourisme. Risque de gros soucis et de ne pas pouvoir monter dans le train … que faire ? des wagons exclusivement accessibles aux voyageurs accompagnés de leur chère bicyclette ? 30 places par wagon ? Possible, mais cher, faire alors payer l’accès ?? autant de questions auxquelles les ayatollah de la bicyclette ont peut-être réponse.
Morale de cette histoire, je vais éviter de partir en juillet et août, ou partir de chez moi en train et revenir à vélo ou bien faire une boucle depuis la maison. Pour excuser la SNCF je dirais que ce n’est pas facile de gérer les pics d’affluence. Nous étions 19 vélos entre Valence et Genève au lieu de 6 places prévues, mais ca c’est bien passé, ambiance bon enfant et les contrôleurs pas ch.. alors qu’ils auraient pu nous éjecter.
Dans le train de la viarona

Hervé
8 mois

À toutes fins utiles je signale cette pétition pour le retour d’un vrai réseau de trains de nuit Elle est en cours.

marmotte27
8 mois

Les vélo-randonneurs qui utilisent très régulièrement le train, y compris grandes lignes et tgv, pourraient s’intéresser au Rinko japonais. C’est un peu technique.

marmotte27
8 mois
En réponse à  Isabelle Lesens

Ce n’est pas un vélo pliable, ce qui altérerait les qualités du cadre. Le principe du rinko, c’est de fonctionner avec un vélo sans grandes (et chères) adaptations (si c’est fait à la fabrication du vélo, il n’y a pour ainsi dire aucun surcoût). Le cadre reste entier et grâce seulement à quelques fentes bien placées, ce sont la roue arrière, la partie du GB arrière qui dépasse du cadre, l’ensemble fourche avant+roue et le guidon qui sont démontés (ainsi que les pédales). Le tout se démonte en 15 minutes, puis les parties sont sanglés et empaquetées savamment dans une housse.
Ce n’est pas quelque chose qu’on va faire tous les jours (pour le vélotaf par exemple, là mieux vaut avoir un Brompton), mais une fois au début et à la fin d’un voyage, c’est tout à fait faisable sur un quai de gare. Et cela permet de voyager sur un vélo qui ne fait aucun compromis en termes de géométrie, de maniabilité, d’efficacité et stabilité du cadre.
Et plus de problème avec les retards, le manque de place etc. des trains.

Je me demande si les aventures train + vélo d’Isabelle ne seraient pas plus croquignolesques que croquignolettes ???

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